Recep Tayyip Erdoğan, le président turc, a affirmé que son pays devait rentrer en possession de l’arme atomique. C’est une contribution de plus au bal dramatique des fous furieux allant à la guerre, de Donald Trump à Vladimir Poutine, de Rodrigo Duterte à Boris Johnson, de Jair Bolsonaro à Xi Jinping.
« On ne veut pas être prisonnier de 780 000m². »
Tels avaient été les propos du président turc Recep Tayyip Erdoğan il y a trois ans. Cela a le mérite d’être clair quant aux ambitions expansionnistes de ce dirigeant visant ni plus ni moins qu’à rétablir l’Empire ottoman. Il remet d’ailleurs ouvertement en cause les traités de paix issus de la Première Guerre mondiale.
Lors d’un forum économique à Sivas, il vient d’en rajouter dans la logique militariste, en expliquant la chose suivante :
« Il y a plusieurs pays qui ont des missiles avec des têtes nucléaires, pas seulement un ou deux. Mais ils nous disent, qu’on ne peut pas en avoir. Cela, je ne l’accepte pas. »
Comme en plus l’entreprise russe Rosatom construit, au sud-ouest de la ville de Mersin, la première centrale atomique turque, on comprend rapidement que ce ne sont pas des menaces en l’air, mais une véritable perspective, très concrète.
La Turquie s’est en effet rapprochée de la Russie ces derniers temps, au point que les États-Unis ont retiré la Turquie du programme d’emploi des avions de chasse F-35. La Turquie a en effet acheté à la Russie un système de défense anti-aérienne dénommé S-400, qui fournira aussi des informations techniques à la Russie.
À l’arrière-plan, il y a le dépeçage de la Syrie, que la Turquie et la Russie gèrent de manière pratiquement principale, de manière concurrente mais parallèle.
Il faut bien saisir également qu’une telle affirmation est parfaite pour satisfaire le nationalisme turc, qui est aisément panturc et dont l’esprit expansionniste est particulièrement ambitieux, voire totalement démesuré.
Rien de tel qu’une bonne guerre ! La Turquie le sait, elle qui dispose d’une forte puissance avec ses plus de 600 000 soldats, ses 358 généraux et amiraux ( il y a 200 000 soldats en France, avec 376 généraux), mais aussi ses 200 000 gendarmes et une capacité d’intégration de plusieurs de centaines de milliers de soldats dans ses troupes par la mobilisation générale.
Il faut bien ça pour effacer la question kurde, tout comme celle des multiples minorités nationales dans le pays, sans parler de la question arménienne, celle du rapport à l’Irak dont une partie est déjà vassalisée, etc.
La tendance de fond est irrépressible et pour la Turquie, c’est une fuite en avant du même type que pour la Russie. En plus de l’instabilité culturelle et politique, l’économie, dont la base est relativement faible et instable, ne peut s’appuyer que sur une dynamique extrêmement agressive à l’extérieur et brutale à l’intérieur. Il en va de même pour le Brésil évidemment, mais aussi pour la Chine, dont le développement si rapide a provoqué des inégalités de développement dans tous les domaines.
D’où le fanatisme nationalise et le militarisme intérieur forcené, tout comme le renforcement des projets d’expansion.
Des pays comme la France et les États-Unis auront beau jeu ainsi d’accuser de tels pays, alors qu’eux-mêmes sont intéressés par la guerre, pour renforcer leur situation hégémonique. En fait, tout le monde a intérêt à un repartage du monde, soit pour s’affirmer, soit pour renforcer son affirmation.
La guerre se nourrit elle-même, comme expression du besoin d’hégémonie, de conquête, de renforcement des capitalismes !