Ces derniers mois, on a beaucoup parlé du dérèglement climatique et de grands espoirs étaient placés dans la « Marche pour le climat » du 21 septembre 2019. La désillusion n’en est que plus grande : toute la France était au courant, mais les manifestants n’étaient finalement que peu nombreux, avec qui plus est une ambiance délétère provoquée par l’ultra-gauche et les gilets jaunes . Cependant, il reste l’essentiel, le tout début d’une prise de conscience planétaire.
Une manifestation, c’est toujours avant tout des chiffres et plus on est dans une cause que tout un chacun peut rejoindre, plus on est en droit d’espérer que ceux-ci soient hauts. C’est d’autant plus vrai que la question climatique a été marquée par une grande prise de conscience dans la jeunesse ces derniers mois.
Cependant, même avec les chiffres des organisateurs, on est dans une initiative classique. 50 000 personnes à Paris, 15 000 à Lyon, quelques milliers à Strasbourg et Grenoble, un peu moins à Rouen, et des cortèges clairsemés à Marseille, Lille, Bordeaux, Metz, Caen, Nancy, Tours, Angers, Bayonne et Caen… Cela ne fait pas lourd.
Cela a, qui plus est, parfois tourné au vinaigre, en raison des « 1 000 individus à risques » comme les appelle la Préfecture de police, c’est-à-dire l’ultra-gauche et les restes des gilets jaunes, en quête éperdue d’un rôle à jouer. Cela a donné des accrochages sur les Champs-Élysées – une vraie obsession, ces Champs-Élysées -, ainsi qu’autour du palais omnisports de Bercy, avec 163 interpellations et une réaction de rejet par les ONG de la marche pour le climat comme Greenpeace.
Tout cela n’est utile à rien, à part aux racoleurs de service, qu’ils soient populistes ou médiatiques.
C’est donc objectivement un échec, mais aussi, de fait, une réussite. En effet, rien que 150 jeunes dans les rues de Metz appelant à s’engager, c’est quelque chose qui bouge, qui commence à bouger.
Dire qu’il y a quelque chose qui se passe serait faux. Il n’est pas bien difficile de voir qu’on est ici dans l’amusement général, dans la posture se voulant engager, dans le bruit et non dans le contenu. L’écologie mise en avant est très virtuelle, très hypothétique, d’autant plus que le dérèglement climatique impose un grand chambardement que personne ne peut faire à son échelle.
Mais il y a un remue-ménage, un changement de culture qui s’opère. Il y a une considération planétaire qui en fait son charme et son intérêt, car n’oublions pas que la marche pour le climat a eu lieu dans de très nombreux pays. Être de Gauche, c’est avant tout, au-delà de la faiblesse ou de la vanité, se réjouir d’une dimension de plus en plus planétaire.
Certains s’imaginent que là n’est pas l’important, qu’il faut transformer les manifestants de la marche pour le climat en « anticapitalistes ». C’est là un vain racolage qui passe à côté de la véritable dynamique en cours : la prise de conscience des destructions de la vie naturelle sur la planète. C’est cela qui émeut les gens.
Bien sûr, toutes ces destructions n’auraient pas lieu sans le capitalisme. Mais les destructions ont un contenu et c’est ce contenu qui est le vecteur de la mobilisation.
Une mobilisation, bien entendu, qui a littéralement 30 ans de retard. Tout ce qui est dit a déjà été dit et même en mieux, il y a 30 ou même 50 ans. Le décalage est encore immense et seule une minorité se met en branle qui plus est. Le processus est toutefois enclenché et il ne s’arrêtera plus.