Un projet de port de plaisance sur la commune de Bretignolles-sur-Mer en Vendée fait face à une mobilisation écologiste depuis de nombreuses années. Une manifestation est prévue dimanche 6 octobre 2019 pour s’opposer au début des travaux.
Dans les grands projets d’urbanisation, les dossiers traînent souvent dans les tiroirs des tribunaux jusqu’à leur dénouement final. À Bretignolles-sur-Mer, une petite ville d’un peu plus 4 000 habitants, le projet de construction d’un port de plaisance existe depuis 1990. Il doit bientôt être lancée, malgré une opposition populaire locale qui dénonce l’atteinte écologique à un site remarquable.
À la tête de la mairie depuis 2001, Christophe Chabot, ancien chef d’entreprise « divers droite », est le principal défenseur et artisan de ce port de plaisance. Il est censé voir le jour sur une zone de plus de 80 hectares autour de la place de la Normandelière.
Pour une somme de 43 millions d’euros avec 915 places de port prévues, ce projet d’aménagement portuaire s’attaque frontalement aux politiques nationales et européennes de protection littorale qui sont de préserver de manière absolue le caractère naturel des côtes dunaires.
En effet, le port doit déchirer le cordon dunaire en deux pour enfoncer un chenal à plus de 600 mètres dans les terres. Les dunes de sables sont pourtant des écosystèmes extrêmement fragiles qui sont déjà, bien malheureusement, dégradées par la fréquentation touristique et des tempêtes d’hivers toujours plus intenses (notamment avec la hausse du niveau des océans). À ce titre, remarquons également que l’entrée du port serait prisonnière de deux barres rocheuses avec de puissantes déferlantes, rendant périlleuse l’arrivée jusqu’au chenal.
Ce n’est pas tout puisque ces mêmes terres abritent le « marais girard », reconnu comme abritant une vaste zone humide de plus de 14 hectares , de la même manière qu’une ancienne carrière s’est reconverti avec le temps en un bassin de 340 000 m³ d’eau douce, lui-aussi menacé de destruction.
Classée Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type II, la plage de la Normandelière est, comme le souligne l’association de « veille citoyenne et écologique » La Vigie, un site des plus remarquables. On comprend qu’il y a là tout un écosystème en inter-action entre terre, mer et espaces humides, dont la fragilité et la nécessité de le protéger n’est plus à prouver.
Alors, que rétorque le maire Christophe Chabot pour défendre son projet ? Avec cynisme et pragmatisme, il affirme :
« cette dune n’a aucun statuts, pas de valeurs, alors, oui, on va la couper » (Le Canard enchaîné).
Parlant du bassin d’eau douce, des plus précieux dans le contexte de sécheresse durable qui touche les Pays-de-la-Loire, il affirme :
« elle en sert à rien. On va la vidanger, la boucher, avec des terres de déblaiement et en faire un endroit extraordinaire » (Le Canard enchaîné).
Malgré le soutien populaire de l’association de défense de la Normandelière, le projet a été signé par le préfet au mois de juillet après qu’une enquête publique 2 608 avis favorables contre 2 589 défavorables. Le relevé de l’enquête publique laisse apparaître que 88 % des avis favorable sont « peu argumentés » alors que 70 % des avis défavorables sont relevés comme argumentés, voir très argumentés.
La Vigie dénonce ainsi, à juste titre, un tour de force anti-démocratique, anti-populaire, alors que plusieurs mobilisations se sont succédé depuis plusieurs années, avec plus d’une centaine de personnes début mai et encore 300 personnes début août.
Ainsi, l’association appelle, en lien avec d’autres associations écologistes, à un grand rassemblement le dimanche 6 octobre 2019. Cette mobilisation s’annonce comme un moment clef d’une lutte, alors que « le passage en force des prédateurs sera un défi qui engage le combat politique sur le terrain ».
> Retrouvez plus d’infos et un dossier complet sur : la-vigie.org