Catégories
Politique

Le discours ouvertement post-moderne de Raphaël Enthoven à la convention de la Droite

Le « philosophe » Raphaël Enthoven a été invité à la convention de la Droite pour faire le spectacle. Cela n’a pas raté. Son discours a été un manifeste post-moderne où il a expliqué que la conquête des « droits individuels » tel la GPA sont inéluctables et qu’aucun retour en arrière ne sera jamais possible. Évidemment, il a appuyé son raisonnement en expliquant que l’opposition Gauche/Droite était également caduque.

Voici les principaux extraits du discours de Raphaël Enthoven à la convention de la Droite. Il est frappant qu’il ne s’est pas dit de gauche, qu’il n’a pas levé le drapeau de l’antifascisme. Il s’est contenté de dire que le libéralisme triomphera sur tous les plans. On comprend qu’il ait été invité !

« Ce qu’il est essentiel de comprendre, c’est que le clivage libéral / souverainiste, apparu en 1992, s’est affermi en 2005, et s’est définitivement installé dans le pays en 2017, avec la victoire d’Emmanuel Macron – qui n’est pas une victoire de la gauche, mais une victoire du libéralisme.

Pour le dire simplement: la question aujourd’hui – l’alternative – n’est plus «suis-je de gauche ou suis-je de droite?» mais «ai-je intérêt à m’ouvrir au monde ou bien à me replier sur mon pré carré?» (et dans cette nouvelle répartition, on trouve des deux côtés de l’alternative autant de gens de gauche, que de gens de droite) (…).

En vous agrippant à la droite comme le PS s’agrippe à la gauche, vous vous condamnez au parasitisme politique (et à l’indécision sur la question européenne) (…).

Le retour en arrière ne fait pas un avenir.

La restauration n’est pas un plat de résistance.

Le sentiment que tout s’est perdu, l’exhumation idéale de valeurs égarées dans le tourbillon de nos mœurs décadentes… Tout cela ne rassemble que des craintifs. Qui sont nombreux. Mais qui le sont de moins en moins. Et qui vieillissent.

La «défense de la vie» ou de «l’ordre naturel» dans un univers d’IVG, de PMA pour toutes, de GPA possible, de mariage gay, de légalisation du cannabis voire de la prostitution (on peut toujours rêver) ne sert qu’à consoler les gens qui ont le sentiment de s’y noyer.

Il ne faut pas s’y tromper: ce que vous êtes en train de construire n’est pas un paquebot. Du tout. C’est le radeau de la méduse! Ou l’arche de Noé si vous voulez, peu importe. Ce que je veux dire, c’est que c’est un bateau sans moteur (…).

Mais je parle de l’efficacité de vos valeurs dans un pays qui, majoritairement, leur tourne le dos. Car (et c’est la troisième raison pour laquelle, à mon avis, ce que vous faites ne marchera pas) la société elle-même est incurablement libérale.

On ne revient pas sur une liberté supplémentaire.

Comme elle est majoritairement attachée au droit de disposer de son corps.

Je n’entre pas ici dans le débat sur ces questions. Si vous me réinvitez un jour, on parlera ensemble de la PMA, de la GPA, de la peine de mort, du mariage pour tous, de l’IVG, de l’euthanasie, du porno, du cannabis… De ce que vous voulez.

Mais ça n’est pas mon sujet aujourd’hui.

Ce que je veux vous dire, c’est que ces mouvements-là sont irréversibles (…).

C’est la raison pour laquelle on peut parfaitement appliquer la seconde loi de la thermodynamique au cas des libertés supplémentaires: aucun retour en arrière n’est possible!

Vous pouvez le souhaiter tant que vous voulez. Et même vous satisfaire de le souhaiter. Faites-vous plaisir! Mais revenir sur l’IVG? La PMA? La GPA (si elle entre dans la loi)? La peine de mort? C’est aussi improbable que de retrouver un œuf intact en détournant une mayonnaise.

Et pour cette raison, paradoxalement, votre conservatisme est, à mes yeux, une bénédiction… Ne commencez pas à devenir progressistes, s’il vous plaît!

Continuez de croire qu’on peut prendre le pouvoir en France au XXI siècle en estimant que les enfants sans père ne devraient pas exister ou (pour certains d’entre vous) que l’IVG est un assassinat (…).

En vérité, je vous le dis (et je ne vous le dis que parce que je ne crains pas de vous faire changer d’avis en vous le disant): vous êtes beaucoup trop réacs pour gagner quoi que ce soit! Vous préférez le Bien (c’est-à-dire l’idée que vous en avez) à la liberté collective (…).

La nature n’est pas une norme. Son fonctionnement n’est pas une intention.

J’en veux pour preuve qu’on trouve la même proportion de crapules, d’incestes et de toxicomanes chez les enfants issus de familles dites «traditionnelles» que chez les enfants de couples homosexuels…

Si la famille traditionnelle protégeait de quoi que ce soit, ce serait parfait. Mais vous n’en faites un rempart que parce que vous en faites une valeur absolue, et qu’à ce titre vous déniez aux autres un mode de vie qui, en lui-même, ne produit pas plus de vices que le vôtre (pas moins non plus) (…).

Parce que vos credo sont désuets, parce que votre projet n’est qu’un rejet, parce que votre patriotisme est un communautarisme, que vos principes sont des fictions et parce que vous auriez l’impression de vous perdre si vous changiez d’avis, ce que vous espérez ne marchera pas… Et je suis bien obligé de reconnaître que, contrairement à ce que j’ai dit d’abord pour justifier ma participation à cette convention, votre projet politique ne m’inquiète pas du tout, car il se prive lui-même, tout seul, de l’ensemble des moyens d’action nécessaires à la conquête du pouvoir. »