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Rentrée de Génération-s : pourquoi s’étonner du manque de médiatisation?

Le mouvement Génération-s organisait sa rentrée ce week-end qui finissait par un débat avec quelques personnalités. Un bref communiqué a été produit dénonçant le fait que la télévision ne se soit pas intéressée à l’initiative, alors qu’elle a diffusé des directs de la convention de la Droite. C’est très révélateur de toute une attitude fonctionnant par en haut, avec des gens s’imaginant que la presse devrait forcément s’intéresser à eux, alors qu’ils ne représentent plus grand-chose.

Que les dirigeants des groupes de presse soient plus intéressés par le rassemblement de la Droite et de l’extrême-Droite que par le rassemblement d’une partie de la Gauche, c’est dans l’ordre des choses. La Gauche, par définition, doit se confronter à la bourgeoisie et à ses réseaux, en mettant en place ses propres réseaux, en opposant à la bourgeoisie l’expression démocratique des classes populaires.

Le communiqué du mouvement Génération-s pour résumer son week-end ne va pas vraiment dans ce sens. Il est même exemplaire d’une démarche inverse :

« Comment ne pas être frappés par le contraste absolu entre l’absence de caméras pour couvrir ce grand moment d’unité de la gauche, qui pour la première fois depuis des mois se retrouve dans toutes ses composantes, et la diffusion en continu sur certaines chaînes d’info des discours xénopobes et sexistes tenus par Zemmour, Lepen et tous leurs amis indentitaires lors de la « Convention de la Droite » qui n’était autre que la rentrée de l’extrême droite française. »

Le contraste justement, c’est que de leur côté la Droite et l’extrême-Droite ont une démarche politico-culturelle très identifiable, permise par une dynamique idéologique puissante depuis plusieurs années. C’est, pour résumer, le travail de fond des mouvements identitaires qui porte maintenant ses fruits.

Rien de tout cela à Gauche, bien au contraire. Pourquoi la presse s’intéresserait à des gens qui parlent d’unité à longueurs de temps, mais qui n’ont pas été capable de faire une liste commune aux Européennes il y a quelques mois, alors qu’ils disaient quasiment tous la même chose ? Il faut en dire autant des municipales, où seules les initiatives locales permettront éventuellement des démarches unitaires, alors que les organisations espèrent chacune tirer leur épingle du jeu ici et là, en formant des alliances de circonstance.

Le fait est que chacune de ces forces ne représente plus grand-chose électoralement et que leur addition est pour l’instant très peu palpable. Cela n’intéresse donc pas les médias, qui sont des entreprises et doivent vendre leurs informations, aussi orientées idéologiquement soient-elles.

La Droite et l’extrême-Droite ont travaillé leurs fondamentaux, étudiés leurs classiques, façonné un discours précis et tranchant en assumant un héritage. La Gauche présente au débat organisé par Génération-s fait de son côté tout l’inverse, en édulcorant toujours plus son discours, en s’éparpillant dans de multiples thèmes toujours plus éloignés des classes populaires comme la PMA pour toutes ou le soutien forcené à l’immigration, en n’assumant plus le Socialisme et la classe ouvrière.

Une vidéo de ce débat a été diffusée par Génération-s. On y voit à la fin Clémentine Autain s’offusquant de ne pas avoir la télévision venue l’écouter parler :

« Si j’ai bien regardé, il n’y a pas une seule caméra, il y a Mediapart et Politis, et pourtant il y a un plateau. Franchement, il y a un plateau ici, il se passe quelque-chose et il y a zéro. »

Mais quelle prétention ! Il faut vraiment être imbue de sa propre personnes pour tenir de tels propos. Elle ne s’est pas dit que peut-être, entendre Olivier Besancenot haranguer la salle en disant qu’il faut faire du syndicalisme ultra avec des « bourses du travail remastérisées », cela ne fait rêver personne. Peut-être que les médias se disent tout simplement que cela n’intéressera pas leur audience, qui ne vote déjà pas pour ce genre de discours usé et forcé.

La Gauche a surtout besoin d’une démarche non pas par en-haut, avec un « plateau » de personnalités mises en avant pour bricoler un contenu, mais par en-bas, avec un contenu depuis la base issue des classes populaires et ensuite porté par des personnalités se l’appropriant. Tout l’inverse de ce débat, en somme.