C’est un simple constat fait par tous les observateurs un peu attentifs à ce qui remue la société française dans ses fondements : la France va craquer. La raison n’est pas politique, ni économique, ni social, car elle est tout cela à la fois, sa substance étant la lutte des classes.
Les gens ont beau accepter le capitalisme, ils sont déterminés socialement et les antagonismes doivent s’exprimer. Les mois prochains, les semaines mêmes, vont montrer comment l’histoire joue à certains moments les locomotives. Le souci étant bien sûr qu’avant la gare Socialisme on est bien parti malheureusement pour faire un grand détour et s’arrêter par la gare Fascisme.
La Gauche s’est totalement plantée sur les gilets jaunes. Dès le départ, il y a eu un haut le cœur et la dimension rétrograde, voire fasciste du mouvement a été ressentie. Malheureusement, l’ultra-gauche toujours à l’affût d’un opportunisme s’est précipité à leur soutien et cela a fait vaciller disons la moitié de la Gauche. D’autres encore ont suivi en se disant qu’il serait possible d’en profiter.
C’est stupide, totalement stupide. Les gilets jaunes ne sont qu’un symptôme. Il fallait les dénoncer immédiatement, afin qu’au prochain tour, lorsque les choses vont craquer, les choses soient claires et qu’il y ait une vraie ligne à la fois sociale, consciente, ancrée politiquement et culturellement à Gauche.
Le résultat est facile à voir. Les gilets jaunes n’ont jamais rassemblé grand monde. Leur nombre s’est même toujours plus réduit. Leur démarche s’est ritualisée et il n’en est strictement rien ressorti : ni idées, ni figures politiques, ni élévation du niveau de conscience. Cela a juste été une révolte de couches petites-bourgeoises prétendant se mettre au-dessus de la lutte des classes, évitant soigneusement de parler de la bourgeoisie et de l’exploitation.
La preuve en est, s’il en faut une, c’est que la classe ouvrière a totalement évité les gilets jaunes. Elle ne les a pas rejoint, elle a regardé cela de loin, elle ne leur a pas fait confiance.
Croire maintenant que la classe ouvrière va faire confiance à une Gauche qui a soutenu les gilets jaunes, c’est donc être plein d’illusions. Déjà qu’en raison de la « Gauche » postmoderne les ouvriers ont été expulsés du champ politique, alors si en plus il y a cela…
Une étape en prépare une autre et donc là tout a été raté. Il faut dire ici aussi que la faute en revient à ceux qui croient en le capitalisme et qui auraient bien aimé que les gilets jaunes soient le maximum de révolte possible. Quelle blague ! Et dire qu’il y en a pour croire que les gilets jaunes ont été violents et que la répression a été immense ! Mais quelle aberration !
La violence des gilets jaunes n’est strictement rien comparée à ce qui va se passer. Quant à la répression policière, elle n’a strictement rien été comparée à ce qui va arriver. Les gens qui ont connu les années 1970 le savent bien d’ailleurs : les gilets jaunes et les affrontements qui ont eu lieu, les interventions policières, tout cela n’a rien été du tout. Jouer au chat et à la souris c’est de l’amusement en comparaison à un conflit relevant de la lutte des classes.
La France va craquer et donc mettre un terme à toute une série de fictions. Certains auront peur et abandonneront. D’autres adopteront un discours de Gauche dure qu’ils rejetaient encore hier, afin d’être dans le sens du vent. Mais la Gauche historique se reconstituera, elle ancrera les idées du Socialisme dans les masses et elle fera en sorte qu’enfin, on transforme le monde dans tous ses aspects, car il est laid, il asphyxie la vie et en plus il court à sa perte.