Depuis quelques années, un nouveau discours apparait chez les partisans de la religiosité : le message implicite est qu’il faut être religieux, peu importe que Dieu existe ou pas.
Qui n’a jamais eu une discussion autour de l’existence de Dieu? Sans pour autant se laisser convaincre que Dieu existe, on a parfois un peu d’égard pour la personne religieuse qui n’en démord pas, on laisse tomber, on passe à un autre sujet, tellement poursuivre la conversation serait stérile. De toute façon, il est toujours plus efficace de montrer l’exemple par sa conduite, que d’essayer de convaincre à tout prix.
Au vu des progrès de la science, on n’a désormais aucune excuse quand on prétend que Dieu existe. Et cela, même les partisans de la religion en ont conscience, même sans le formuler.
Alors, pour ces partisans de la religion, l’argumentaire s’est désormais déplacé : plutôt que d’essayer de prouver l’existence de Dieu, ce qui est une cause perdue, on insiste sur l’importance de croire en Dieu, de « pratiquer sa foi », au motif que cela nous fait du bien, que cela nous apporte un équilibre, bref, que c’est bon pour nous.
Et la science, qui est commodément mise de côté quand il s’agit de prouver l’existence de Dieu, est par contre bien mise à contribution quand il s’agit de parler des endorphines que nous procure la prière, du sentiment d’appartenance à une communauté, du réconfort d’imaginer qu’il y a quelque chose après la mort, etc.
Tout cela parce qu’il y a des statistiques qui semblent prouver que les personnes croyantes sont en moyenne plus heureuses que les personnes athées. Il y a, pour certains, ce cliché de la personne croyante, « en paix avec elle même », toujours souriante dans l’adversité, qui s’oppose au cliché de l’athée tourmenté, dépressif et au bord du suicide.
Mais il y a une méprise fondamentale. Ce n’est ni Dieu, ni la religion qui apportent un certain bien-être aux personnes croyantes.
Ce qui nous rend joyeux, c’est que notre vie ait un sens, une direction, une utilité, qu’elle soit inscrite dans un projet de société plus vaste que nos petites individualités, qu’elle soit tournée vers l’avenir.
Ce qui nous rend joyeux, c’est aussi la richesse des échanges, l’entraide, le respect mutuel, le sentiment d’être un membre à part entière de la société qui a sa propre contribution à apporter.
On comprend ainsi pourquoi beaucoup de gens vont chercher du réconfort dans les lieux de culte et dans les communautés religieuses. Mais que des personnes intelligentes entretiennent volontairement la méprise entre la religion et certains de ses attributs, en foulant au pied la science, cela est véritablement criminel et irresponsable.
Dans un futur certain, l’humanité pourra rire de sa naïveté enfantine et enfin se débarrasser complètement de ses vieilles superstitions. Mais en attendant, il y a du pain sur la planche, car la conception utilitariste de la religion, pour ses bienfaits psychologiques (et qu’importe si Dieu n’existe pas!) fait son chemin dans le grand public, colportée par des pseudo-scientifiques et des pseudo-philosophes.
Plus que jamais, donc, soyons des athées joyeux, car on ne peut pas bâtir la société future si l’on n’est pas déjà inscrit dans son époque!