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Grève lancée le 5 décembre 2019: la Gauche politique est le seul repère

Le climat est délétère et il y a envie d’en découdre. Le souci est que tout le monde a envie d’en découdre, c’est vrai autant à Gauche qu’à Droite. Sauf que la Gauche est déstructurée, alors que la Droite est en reconstitution, avec une extrême-Droite formant un véritable pôle. Toute réduction à du syndicalisme, tout suivisme de la part de la Gauche politique serait un suicide. Cela va être malheureusement difficile de par les tendances à l’auto-intoxication promues par l’ultra-gauche, les syndicats et les populistes de La France Insoumise.

Le grand risque du mouvement de grève qui s’ouvre ce 5 décembre 2019, c’est l’auto-intoxication. On peut critiquer les cadres historiques du Parti socialiste, comme Jean-Christophe Cambadélis et Julien Dray, pour leur froid pragmatisme et leur sens, disons, de faire prendre aux choses une tournure relevant du calcul. Mais au moins avec eux les choses sont présentés comme elles sont.

Au contraire, prenons ce que dit le média Révolution Permanente, expression d’un courant du Nouveau Parti Anticapitaliste, dans l’article Vers une grève générale politique contre Macron ?. La première phrase est la suivante :

« Tout indique que la grève générale du 5 décembre sera d’une ampleur absolument inédite, sans doute la plus grosse mobilisation depuis celles de 1995, 2006 et 2010. »

Ce serait donc une ampleur « absolument inédite », mais on l’aurait déjà vu pas moins de trois fois ! Comment peut-on raconter une chose pareille ? Et c’est typique, c’est malheureusement un excellent exemple de ce qu’on voit régulièrement dans les expressions de soutien à la vague de grève qui se lance.

Pour les uns, on est à deux doigts de la démission d’Emmanuel Macron, de la fin du gouvernement, voire du capitalisme. Pour d’autres, il y a phénomène de convergence de tous les mouvements possibles qui est en train de se jouer.

Les gilets jaunes – un mouvement réactionnaire culturellement qui a toujours concerné une minorité du pays – aurait révolutionné les luttes et les syndicats se mettant en branle, tout va changer du tout au tout !

Ce n’est pas réaliste. Si le mouvement prend vraiment de l’ampleur, alors cela sera :

– une bataille ardue faisant une expérience formidable ;

– mais une bataille avec des larmes et du sang, au sens propre ;

– produisant inévitablement une puissante vague de Droite en réaction,

– provoquant un électrochoc à Gauche avec une compréhension que tout va se jouer à pas grand-chose, vu le peu de temps qu’il reste avant l’instauration d’un régime au minimum autoritaire et nationaliste.

Il faut arrêter de vendre du rêve, de prétendre qu’Emmanuel Macron c’est le fascisme, que la police frappe tout le monde et démantèle les manifestations. Parce que c’est ce qu’on lit, dans une surenchère folle.

Il faut les faits, politiquement. Et la Gauche est inexistante politiquement, alors que l’extrême-Droite a une véritable proposition stratégique. Que le programme de Marine Le Pen ne tienne pas debout n’est pas la question : pour l’instant, au moins la moitié des ouvriers sont attirés par cela. Il faut ajouter qui plus est à ce panorama la vague de type « conservatrice révolutionnaires » portée par Marion Maréchal, Éric Zemmour, Valeurs Actuelles, etc.

Soit le mouvement se lançant le 5 décembre devient politique et culturel, parce qu’il porte la lutte des classes. Soit il se réduit à une protestation économico-contestataire sans envergure et c’est l’échec assuré.