Le siège de la CFDT a été envahi de manière symbolique par des grévistes de la « coordination SNCF-RATP ». Plutôt que de se tourner vers la population de manière démocratique pour élargir la grève, ces gens préfèrent prétendre que tout est de la faute de Laurent Berger de la CFDT.
L’envahissement du siège de la CFDT ce vendredi 17 janvier 2020 est typique des fuites en avant militantes « radicales » qui cherchent des symboles faciles plutôt qu’un véritable ancrage de masse. Ils n’étaient qu’une poignée de grévistes RATP et SNCF à profiter de la sortie d’un salarié du siège pour déjeuner afin de s’infiltrer quelques instants en faisant du bruit, puis repartir avant l’arrivée de la police.
C’est un petit coup de force totalement inutile, mais censée symboliser la dénonciation d’une « petite bureaucratie syndicale ». Pour parfaire la mise en scène, il y a eu une prise de parole au mégaphone avec un gréviste expliquant de manière ridicule que, en grève depuis 43 jours, ils « affament » leurs enfants et ne savent plus comment remplir leur frigo.
Cette personne s’affiche pourtant comme membre du courant « Révolution Permanente » du NPA et est militante Sud Rail ; il sait très bien ce qu’il fait et n’a jamais eu besoin de Laurent Berger de la CFDT pour se mettre en grève.
On peut penser ce qu’on veut de la CFDT et même dénoncer sa ligne, mais c’est ridicule d’affirmer qu’un « mec là-haut » (sous entendu Laurent Berger), déciderait à la place des grévistes de « la suite du mouvement » et négocierait à leur place « la régression sociale. » Ce n’est pas la CFDT qui a initié la grève et qui trahirait tout le monde aujourd’hui ! Ce serait un mensonge de prétendre cela.
La CFDT ne représente quelques-chose que parce que le syndicalisme est très faible et minoritaire en France. Une critique politique de la CFDT est utile évidemment, mais ce n’est aucunement de cela qu’il s’agit ici. On a plutôt un coup de force symbolique et anti-démocratique, consistant à se laver les mains en disant « c’est la faute de la CFDT si la grève ne marche pas ».
C’est trop facile ! Surtout venant d’un militant de Sud Rail, syndicat groupusculaire à la SNCF qui n’a jamais été en mesure de peser sur quoi que cela soit et qui n’en a jamais rien eu à faire du regard de la population sur les grévistes, ni dans cette grève, ni dans les précédentes. Cet envahissement symbolique est typique de cette poignée de grévistes radicalisés s’imaginant l’avant-garde de quelque-chose et exigeant que la population les suive.
Sauf que ça ne marche pas comme cela, et ce n’est en tous cas pas la façon de faire de la Gauche. Quand la CGT, alors liée au PCF, avait un ancrage véritable dans les masses travailleuses, la question ne se posait pas de savoir ce que disaient ou faisaient les autres syndicats. D’ailleurs, la CGT actuelle n’a pas appréciée d’être associée à cette envahissement de la CFDT et l’a fait savoir :
« Quels que soient les désaccords possibles entre organisations syndicales, la CGT ne cautionne pas ce type d’action. Chaque organisation syndicale est libre de son mode de fonctionnement, de son orientation et de ses revendications. »
C’est donc cela l’actualité pour la Gauche : avoir un véritable ancrage dans les masses travailleuses de France, pour mener avec elles un changement de société. Tout le reste n’est que prétention vaniteuse et cela ne peut qu’amener de la rancœur et favoriser le populisme et l’extrême-Droite.