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L’UNSA-RATP quitte la grève contre la réforme des retraites

Ce samedi 18 janvier 2020, malgré l’absence d’un quelconque recul de la part du gouvernement, l’UNSA-RATP a annoncé sa sortie de la grève contre la réforme des retraites, tout en prétendant aller de l’avant et ne rien lâcher.

Quand on capitule, on ne dit jamais qu’on le fait. On prétend avoir trouvé une nouvelle forme, plus approfondie, radicalement différente, qui apporterait davantage, etc. L’UNSA-RATP, premier syndicat à la RATP, a ici une posture tout à fait classique, surtout chez les syndicats : d’un côté le radicalisme verbal, de l’autre la porte de sortie négociée.

Preuve en est de la prudence du syndicat, les multiples sites et réseaux sociaux liés à l’UNSA se sont bien gardés de diffuser le communiqué de sortie de grève, largement repris par contre par la presse. Il s’agit de neutraliser la position prise, à tout prix, pour sauver la face.

Comme lors de précédents communiqués d’ailleurs, il y a également une précaution précise utilisée, à savoir le fait de se positionner derrière la décision des assemblées générales. C’est évidemment n’importe quoi puisqu’on sait très bien que ces assemblées générales sont, de facto, des intersyndicales, et qu’à la RATP, l’UNSA y est majoritaire…

À cela s’ajoute quelques tournures savamment dosées : « reprendre des forces », « la conviction et la détermination », etc. Puis la patate chaude est remise aux autres syndicats et à l’attente d’un mouvement généralisé à toutes les entreprises du pays. Et on conclut avec un « on lâche rien » qui n’engage à rien.

Maintenant, si l’on va voir l’article du 14 janvier 2020 sur le site de l’UNSA info, intitulé justement pas moins que « Enfin le retrait de l’âge pivot ! Un compromis sur l’équilibre financier permettant d’avancer », on lit la chose suivante :

« L’UNSA avait fait du retrait de cette mesure une condition indispensable avant la tenue de la conférence de financement.
Le courrier du Premier ministre l’indique clairement.
Cette mesure injuste qui aurait dû frapper tous·tes les salarié·es dès 2022 n’est plus d’actualité. C’est une avancée majeure, à mettre à l’actif de la mobilisation et de l’action de l’UNSA.

Les échanges peuvent enfin démarrer. L’équilibre financier, dès 2027 et à long terme, de notre régime de retraites est indispensable. La future conférence de financement doit y concourir et permettre de trouver rapidement un accord engageant partenaires sociaux et gouvernement.

L’UNSA y apportera ses solutions, la pérennité du système de retraite par répartition l’exige.
Parallèlement, sur les autres sujets contenus dans le projet de loi, l’UNSA poursuivra son action notamment auprès des parlementaires et du gouvernement afin d’obtenir les avancées, garanties et compensations permettant plus de justice sociale.

L’UNSA, sur tous les fronts, continue de défendre les salari·é·es

Après le retrait de l’âge pivot par le Premier ministre, Laurent Escure, le 12 janvier, sur RTL, a exposé les préconisations de l’UNSA pour parvenir à l’équilibre financier, dès 2027 et sur le long terme. »

On lit bien : « Les échanges peuvent enfin démarrer », l’UNSA « apportera ses solutions ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire négocier. L’UNSA a d’ailleurs toujours affirmé être un syndicat constructif, de négociation, etc.
L’UNSA RATP pôle traction avait alors refusé de s’aligner sur cette position de l’UNSA nationale.
C’est désormais chose faite. Pourquoi ? Parce que l’abandon de tout conflit réel de la part des syndicats est inévitable. C’est une lutte de classe qu’il fallait, avec des assemblées générales, pas des intersyndicales réduisant le conflit à des points technocratiques perdant tout le monde et isolant le reste des travailleurs.
Que ce soit en 1936 ou en 1968, c’est la Gauche qui a amené le changement, les syndicats étant des courroies de transmission. La centralité syndicale ne peut amener qu’à de l’accompagnement.
L’UNSA-RATP opère désormais à un alignement qui ne dit pas son nom.