Le 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz par l’Armée rouge a été salué un peu partout, avec une grande pudeur, un sens réel de la justesse. Avec une arrière-pensée présente partout : on y arrive pas, cet antisémitisme, on ne s’en débarrasse pas, il reste outrageusement présent. Comment faire ?
Tout a été essayé ou presque contre l’antisémitisme, y compris le portrait guignolesque à travers Eric Cartman dans la série South Park. Mais on ne s’en sort pas, l’antisémitisme réapparaît toujours, vague après vague.
L’épisode de la quenelle avec Dieudonné a rappelé ici un point indiscutable. Plus on est éduqué, moins on est antisémite. L’antisémitisme est, en France, quelque chose de populaire. C’est une constante anecdotique mais ressurgissant par vague, de par son utilité : celui d’être un anticapitalisme romantique.
En ce sens, « l’antisémitisme est le socialisme des imbéciles », même si August Bebel, figure de la social-démocratie allemande à qui on attribue cette phrase à la fin du XIXe siècle, n’a jamais prononcé cette phrase. Car pour lui il n’y a pas de socialisme des imbéciles, il y a le socialisme et il y a le reste. L’antisémitisme est une révolte dévoyée et en ce sens il faut la remettre sur la bonne voie.
Beaucoup de Juifs l’ont vu historiquement et c’est pourquoi ils ont rejoint les rangs de la Gauche, comprenant que tant que le socialisme n’aura pas vaincu, l’antisémitisme servira de paratonnerre au capitalisme.
Il ne faut d’ailleurs ici pas avoir d’illusion sur les discours pro-palestiniens existant en France, qui sont d’une double hypocrisie. Première hypocrisie, car ces gens n’en ont rien à faire de la Palestine, dont la situation est toujours plus dramatique. Islamisme, corruption, influences étrangères massives, division entre factions… La Palestine est asphyxiée, mais cela n’est pas vu, pas su, car en France c’est simplement un lieu de projection. D’où par exemple la scène théâtrale d’Emmanuel Macron le 23 janvier 2020 devant l’église Sainte-Anne, territoire français de Jérusalem.
Seconde hypocrisie, car c’est un antisémitisme qui ne s’assume pas, à part en privé. La pression antisémite est énorme à Gauche, depuis l’opposition à la guerre du Golfe en 1990. À partir de cette date, il y a le commencement d’un exode des Juifs de Gauche. Un « anti-impérialisme » abstrait a pris le dessus sur les valeurs idéologiques de la Gauche et de l’extrême-Gauche existantes auparavant.
Là où il y a le populisme, la véhémence, la recherche d’un bouc-émissaire, le refus de l’organisation, la négations des valeurs du mouvement ouvrier… Il y a forcément l’antisémitisme, comme moyen de se donner une image « anticapitaliste ». C’est évidemment plus facile et plus rapide que de lire Le Capital de Karl Marx… L’irrationalisme est plus rapide, plus marquant, plus efficace à court terme que le rationalisme.
Voilà pourquoi on ne sort pas de l’antisémitisme. Seule la Gauche peut vaincre le capitalisme, qui a besoin du paratonnerre antisémite. Mais la Gauche historique est trop faible, et la gauche populiste vocifère, blâme, cherche un bouc-émissaire pour ne pas combattre le capitalisme : hier Nicolas Sarkozy, aujourd’hui Emmanuel Macron…