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Retraites: les syndicats en mode «repeat»

Une nouvelle « journée d’action » syndicale avait lieu ce jeudi 6 février 2020 contre la réforme des retraites. C’est toujours le même ronronnement, avec des défilés dans les grandes villes, une grève que personne ne voit depuis que les transports parisiens circulent et des syndicats qui bombent le torse en prétendant que la mobilisation est massive.

 

Il a fallu attendre 21h30 pour avoir le communiqué de l’intersyndicale CGT, FO, SOLIDAIRES et FSU (ainsi qu’UNEF, UNL, FIDL et MNL) : c’est que les débats ont dû être bien longs et compliqués à Montreuil hier soir après cette nouvelle journée de manifestation désormais routinière.

Les syndicats doivent en effet être bien ennuyés : d’un côté ils ont une base petite mais solide d’au moins 121 000 personnes, ainsi que le soutien tacite d’une grande partie de la population, de l’autre il ne se passe absolument rien et, au fond, tout cela n’intéresse personne. Mais hors de question de se remettre en cause pour autant. Le choix a donc été fait de garder le doigt appuyé sur le bouton « repeat », en espérant qu’à force de dire qu’il se passe quelque-chose la prophétie s’auto-réalisera.

On apprend donc comme d’habitude que « le rejet de la réforme et la détermination d’obtenir le retrait sont intacts et se propagent de manière inéluctable » et qu’ils sont « persuadés que cette mobilisation inédite, historique, vaincra ».

L’intersyndicale n’hésite pas à mentir éhontément pour appuyer son propos :

« Chaque semaine et ce depuis le 5 décembre, des A.G se multiplient sur les lieux de travail, dans les lycées et universités malgré les diverses pressions. »

De la même manière, la CGT explique dans son propre communiqué d’hier de manière surréaliste que :

« Ce sont plusieurs centaines de milliers de manifestants, dont une grande partie d’entre eux étaient en grève (portuaires et dockers, salariés de la Tour Eiffel nécessitant une fermeture du site, salariés des incinérateurs de déchets de l’Ile de France…) qui se sont rassemblés partout en France, dans les grandes villes comme les plus petits bourgs. »

Philippe Martinez avait d’ailleurs prétendu de manière délirante hier matin, face caméra :

« dans l’agroalimentaire par exemple, les jours de mobilisation interprofessionnelle, on dépasse les 100 000 salariés en grève ».

Peu importe si les chiffres de la participation aux manifestations n’ont rien d’extraordinaire (la CGT ne donne pas de chiffre national, le police parle de 121 000 personnes hier), que personne n’a remarqué que le pays est en grève : ce qui compte est de prétendre qu’il se passe quelque-chose.

Le leader de la CGT Philippe Martinez avait de toutes façons déjà dit la messe en début d’après-midi en tête du cortège parisien :

« La mobilisation est là. Ceux qui refusent de la voir doivent ouvrir les yeux ».

On a appris également que l’intersyndicale entendait s’organiser pour pourrir la journée internationale des femmes le 8 mars avec leur ronronnement syndical. Les femmes « seraient les plus grandes perdantes avec ce projet de loi », alors ils se sont dit qu’il y a peut-être là une opportunité et ils appellent donc à faire quelque-chose.

D’ici là, « une nouvelle journée de convergence, de grève et de manifestation » est appelée par l’intersyndicale pour le 20 février, dans 15 jours.

Une « contre-conférence » est également prévue pour le mois de mars, pour faire des propositions concrètes sur la question des retraites, en s’imaginant peut-être avoir l’appui du Conseil d’État, qu’ils n’arrêtent pas de mettre en avant depuis quelques jours. C’est que, toujours plus rejetées et ignorées par la bourgeoisie qui n’a plus besoin d’elles, les organisations syndicales remuent ciel et terre pour se rendre indispensable et avoir leur place dans la cogestion du capitalisme, comme avant.

Tout cela est vain ! Leur tour est passé, comme le prouve leur incapacité à mobiliser contre la réforme de retraites. C’est la lutte de classes qui va reprendre ses droits, sans eux, contre eux, comme en mai 1968, comme en 1936. C’est la politique, assumée par la Gauche historique affirmant le Socialisme, qui sera alors sur le devant de la scène, portée par la classe ouvrière et la jeunesse.