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Emmanuel Macron pose le concept de séparatisme

Emmanuel Macron a inauguré le concept de « séparatisme islamiste », mais en fait l’arrière-plan est bien plus vaste.

Car il est désormais le représentant d’un capitalisme libéral qui cédera le pas devant un séparatisme – celui de Gauche, ou celui de Droite.

Il y a une grande peur en France, de la part des classes dominantes. En effet, le triomphe général du libéralisme est pour elle une bonne chose. Même la bourgeoisie conservatrice et catholique, dont le bastion est Neuilly – Auteuil – Passy, a cédé et suit le mouvement. C’est là l’apothéose de l’atomisation, de l’individualisme forcené.

Cependant, cela implique également la perte de toute une force de crispation gelant la culture française. Le capitalisme oscille entre vouloir faire sauter toutes les normes pour se développer et tout geler pour se préserver.

Il est ici très intéressant de regarder la présentation de la « déchristianisation » par Jérôme Fourquet, directeur du département « opinion et stratégies d’entreprise » de l’institut de sondages IFOP depuis 2011. La « déchristianisation » est d’ailleurs un phénomène accompagné d’ailleurs de l’effondrement du Parti Communiste, qui est pareillement depuis 50 une force vigoureusement conservatrice et qui est depuis une dizaine d’années passée entièrement dans le camp du libéralisme culturel.

Il n’y a rien de Gauche dans son analyse, mais il exprime parfaitement la hantise des classes dominantes face à la formation de multiples séparatismes intérieurs faisant suite à l’effondrement de ces forces d’encadrements, qui ont tous deux formé une grande barrière contre mai 1968.

C’est le ses du déplacement d’Emmanuel Macron auprès de responsables locaux et d’habitants du « quartier sensible » de Bourtzwiller, à Mulhouse. Il a résumé ce besoin des classes dominantes en disant :

« Le « séparatisme » c’est ne plus respecter les lois et règles de la République au nom d’une religion ou d’une influence extérieure. C’est précisément contre cela que nous nous battons. »

Il a visé le séparatisme islamiste, mais en réalité il s’agit de tout « séparatisme » en général, d’où le grand intérêt de cette citation. Car qui connaît l’histoire de la Gauche (historique) sait qu’elle n’a joué un rôle en France que justement lorsqu’elle a décroché de la République, qu’elle a formé son propre bloc, avec ses propres valeurs.

Si le Parti socialiste SFIO s’est formé au tout début du XXe siècle, c’est en mettant à l’écart les thèses républicaines de Jean Jaurès. Si le Front populaire a eu un élan populaire massif, c’est par l’unité ouvrière à la base… Et s’il s’est effondré, c’est en soumettant entièrement à la simple défense de la République, dégoûtant les ouvriers. Pareillement, si le mouvement amenant en 1981 le succès du programme commun s’est effondré, c’est par l’intégration dans les institutions républicaines.

La Gauche exige le séparatisme… c’est-à-dire la séparation la Droite. Qui assume la Gauche de manière conséquente veut qu’en politique, il n’y ait plus que la Gauche, que la Droite n’existe plus. Accepter les règles de la République, par contre, c’est accepter la cohabitation, l’alternance, etc., comme si la politique était seulement une concurrence pour les postes de la République !

Ce « séparatisme » de Gauche est d’autant plus important que seule la Gauche peut prendre le relais d’une « république » à bout de souffle, ne proposant pratiquement plus rien en termes de civilisation. Il s’agit ni plus ni moins pour la Gauche d’assumer la formation d’un nouveau régime – et si elle ne le fait pas, la Droite et l’extrême-Droite le feront.

Car la Droite et l’extrême-Droite assument toujours plus le séparatisme, de type traditionaliste, nationaliste, militariste. Ce séparatisme vise à écraser la Gauche. Emmanuel Macron, c’est comme la république de Weimar : il aime le conservatisme pour maintenir le statu quo, mais il veut libéraliser et doit donc profiter de forces attaquant la Droite. Comme en plus la Gauche française actuelle est libérale culturellement, cela rentre pratiquement dans son jeu…

Mais cela ne peut durer qu’un temps. À terme, il y aura forcément un séparatisme qui gagnera. Soit celui de Droite, soit celui de Gauche.