La CGT est dans un situation compliquée : d’un côté elle doit prétendre à une certaine radicalité pour peser, de l’autre elle veut se montrer responsable pour ne pas être écarter définitivement de la gestion du capitalisme, du fait de sa faiblesse. Après une nouvelle « journée d’action », elle met en avant une conférence de financement alternative et continue à prétendre qu’elle a avec elle une mobilisation d’ampleur… tout en participant à la conférence de financement du gouvernement et de la CFDT.
« Des cortèges colorés, dynamiques et intergénérationnels, avec des slogans et des airs de musique engagés qui ont donné la pêche à plusieurs centaines de milliers de manifestants – dont beaucoup de grévistes – ont rassemblé sur plus de 200 lieux de manifestation partout sur le territoire. »
Quand on commence ainsi un communiqué après une journée de grève et de manifestation, c’est qu’on a manifestement plus grand-chose à dire pour faire croire qu’il se passe quelque-chose. Cela devient carrément risible quand il est expliqué ensuite :
« Toujours plus rassembleuses, elles donnent à cette mobilisation – dont la durée est historique – des envies d’en découdre encore et encore : concerts, spectacles, projections de films, retraites aux flambeaux, bals, signatures de pétition, carnavals de luttes… »
La CGT, qui écrit cela dans son communiqué du 20 février 2020, se retrouve en effet en très mauvaise posture, sentant venir à grand pas sa mise à l’écart de la cogestion du capitalisme.
Cela a donné lieu mercredi à une cacophonie pathétique avec Catherine Perret, chargée du dossier des retraites à la CGT, annonçant dans la matinée qu’elle claquait la porte de la « conférence de financement », puis son syndicat nuançant les choses quelques heures plus tard en expliquant qu’il fallait attendre que ses propositions soient entendues.
Pour justifier sa position, Catherine Perret a dénoncé un « compromis impossible » avec le gouvernement. Elle joue la carte du poing sur table, en espérant que cela puisse suffire à revenir à la table des négociations par la grande porte. La direction de la CGT a cependant vite réagit, jugeant ce coup de poker trop risqué.
D’ailleurs, le secrétaire d’État chargé des retraites, Laurent Pietraszewski, a immédiatement fait un appel du pied à la CGT pour qu’elle rentre dans le rang de la cogestion et qu’elle se montre raisonnable :
«Il n’y a pas que la CGT dans le paysage. Mais je regrette qu’un grand syndicat claque la porte à ce type de dialogue car elle a toute sa place. Ceux qui restent ont du travail».
La CGT s’est donc montrée raisonnable et a expliqué que rien n’était définitif, qu’elle voulait surtout que ses propositions soient entendues. Et des propositions, elle en a beaucoup, alors elle s’évertue à se présenter comme le meilleur élève en mesure de gérer la bonne marche du capitalisme.
On est pas ici dans la lutte des classe, portée par la Gauche historique et dirigée par la classe ouvrière assumant le Socialisme, mais dans le train-train du capitalisme devant perdurer.
Catherine Perret de la CGT a donc très bien travaillé son dossier pour réussir à « dégager à peu près 85 milliards d’euros par an » comme elle l’a expliqué à la radio, le communiqué de la CGT suite à la mobilisation du 20 février expliquant pour sa part :
« Après la première réunion de la Conférence sur le financement des retraites où nous avons porté notre analyse argumentée sur l’enfumage des chiffres de déficit en mettant en face nos propositions, nous sommes dans l’attente d’une réponse du gouvernement. »
Dans cette optique de se montrer raisonnable et utile pour le capitalisme, il est expliqué qu’une « Vraie conférence » sera organisée fin mars avec l’intersyndicale (CGT, FO, SOLIDAIRES, FSU).
Le syndicalisme tente ainsi de se maintenir, mais il a avec lui une base de plus en plus faible et isolée du monde du travail. Le gouvernement parle d’à peine 100 000 manifestants ce jeudi 20 février 2020 et la CGT ne donne même pas de chiffre national du nombre de manifestants… pas plus que du nombre de grévistes, dont elle prétend pourtant qu’ils sont nombreux.