Il faut arrêter le confinement ! Il faut réquisitionner et lancer des productions des produits nécessaires ! Relocalisons ! Nationalisons ! C’est l’ère du yakafocon. La petite-bourgeoisie en panique s’imagine que gesticuler comme l’ont fait les gilets jaunes suffit alors que le capitalisme est rentré dans le mur. La seule chose qui aurait pu empêcher la situation actuelle, c’est qu’à Wuhan tout le monde eut été végétalien. Le reste, c’est de la démagogie.
Il existe une « coalition » saisissant le conseil d’État, avec Act Up-Paris, ADELICO (Association de défense des libertés constitutionnelles), Collectif Inter-Hôpitaux, Collectif Inter-Urgences, Syndicat CNI – Coordination nationale infirmière / interprofessionnelle, Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament. Elle reflète parfaitement la peur panique d’une petite-bourgeoisie qui a cru au capitalisme et qui voit le sol se dérober sous ses pieds.
Il est appelé à ce que, par magie, le capitalisme sache faire ce qu’il ne sait pas faire :
« La France dispose du savoir-faire, des infrastructures, capacités industrielles, notamment de production, pour mettre en place des mesures décisives maintenant.
La production nationale de masques, de ventilateurs mécaniques et de matériels de réanimation comme des pousses seringues qui manquent pour prendre en charge les patients en réanimation et dans d’autres services de soins intensifs (y compris pour des patients non COVID) et pour accompagner les patients en fin de vie, permettrait de répondre à la demande qui ne cesse d’augmenter avec des stocks qui s’amenuisent chaque jour. »
C’est là soit de la démagogie pure et simple, soit de la folie. Il est totalement mensonger ou fou de dire que dans un pays individualiste, où règne la propriété privée, on puisse disposer d’une telle capacité de décision, d’une telle transformation des mentalités, d’une telle aisance à modifier le tissu productif.
Seulement voilà, les petits-bourgeois ont la trouille. Ce retour du collectif les traumatise et il n’est pas étonnant ici de trouver Act Up, fer de lance historique du libéralisme libertaire. Tout est fait pour nier la crise, pour nier qu’il faut des mesures étatiques, de dimension collective. La « gauche » libérale culturellement se heurte ici de plein fouet à la réalité.
Qui plus est, la crise est fondamentalement liée au sort des animaux sur la planète. Mais les petits-bourgeois ne vont certainement pas assumer la discipline végétalienne. Pourquoi pas devenir vegan pendant qu’on y est ! Hors de question pour ces gens. Il faut donc trouver un fautif.
Un fautif qui ne peut être que l’État, ce représentant de l’ogre collectif qui fait saisir d’effroi le petit-bourgeois qui ne veut aucun contrôle, fut-ce en situation de crise ! Ainsi les petites entreprises parlent déjà parfois de relancer l’activité et tous les démagogues se lancent dans la dénonciation de la « nullité » de l’État, qui empêche les individus de continuer à tout faire comme avant. François Ruffin est ici d’une démagogie abjecte, maniant le mensonge de manière forcenée :
« Si des soignants décèdent aujourd’hui ce n’est pas à cause du virus : c’est à cause de leur nullité. Parce que, dans les hôpitaux français, on se croirait dans un pays du tiers-monde, économisant sur les masques, en appelant aux dons, recevant des stocks moisis. »
« Parce que, depuis un an que les soignants protestent, font grève, voire démissionnent, eux n’entendent rien, ne voient rien, ferment des lits, en obsédés du porte-monnaie, en experts-comptables de la politique. »
Dire que les hôpitaux français sont le tiers-monde, alors qu’il s’agit littéralement des meilleurs du monde, c’est incroyable. Mais tout cela a un but : nier que le ciel soit tombé sur la tête du capitalisme et de l’humanité massacrant la planète avec son béton et ses monocultures. Il faudrait « autre chose » : c’est le retour de l’altermondialisme, comme avec la tribune toute récente sur « le jour d’après ».
Voilà pourquoi tant Jean-Luc Mélenchon que François Ruffin dénonce le confinement, cette preuve du caractère absolu de la crise. Ils en parlent comme si c’était une mesure « moyen-âgeuse », afin de faire croire qu’autre chose est possible, que tout aurait pu été gérer différemment.
Eh bien, non. L’humanité a semé son béton, elle a récolté. Elle n’a pas fini de récolter, d’ailleurs, tellement elle trouble toute forme de vie sur la planète, tellement elle engloutit la vie sauvage. Mais Jean-Luc Mélenchon peut bien s’agiter, cela ne saurait cacher que, comme il l’a d’ailleurs dit dès le départ, plus rien ne sera pareil.
Il s’aperçoit finalement qu’il regrette cela, qu’il aimerait simplement mieux « gérer » la crise, et non pas que tout change. C’est trop tard. C’est Rosa Luxembourg qui a raison et pas lui : c’est soit le socialisme, soit le retour à la barbarie. Comme cette dernière hypothèse est impossible, alors ce sera la grande remise en cause pour assumer l’esprit collectif complet.