Rejetant le mouvement ouvrier, l’ultra-gauche parisienne a pour une partie importante d’entre elle trouvé son inspiration auprès du philosophe italien Giorgio Agamben. Sa position complotiste et délirante sur la crise sanitaire actuelle en dit long sur tout ce milieu mêlé aux intellectuels de la rive gauche.
Giorgio Agamben est une référence d’importance pour toute une ultra-gauche philosophico-littéraire fantasmant sur la disparition de l’État face à la révolte des individus, ce qui correspond à toute la mouvance historique autour de Julien Coupat (qui est aujourd’hui largement dispersée).
Cette ultra-gauche est totalement poreuse à la « rive gauche » bobo, dans la tradition des situationnistes, avec un pied dans la paranoïa, un autre dans le Paris littéraire. Pour cette raison, on retrouve par exemple le point de vue de Giorgio Agamben, expliqué et justifié, dans Télérama, par Olivier Tesquet, au tout début mars (« Ce que dit le coronavirus de notre soumission à la surveillance »).
Pourtant, Giorgio Agamben n’y est pas allé de main morte en disant qu’il n’y a pas de crise sanitaire, seulement un complot de l’État pour exercer toujours plus de contrôle ! Mais telle est la démarche paranoïaque de la petite-bourgeoisie intellectuelle, qui aimerait bien se rendre indispensable pour tout et a deux choses en horreur : l’État et le socialisme, en partant du principe qu’à ses yeux, le capitalisme c’est un peu l’un, un peu l’autre.
Giorgio Agamben un philosophe s’appuyant sur le philosophe gauchiste Walter Benjamin, mais aussi sur les nazis Heidegger et Carl Schmitt, dans un mélange des genres typiquement franco-italien. Pour bricoler suffisamment cette absurdité, Giorgio Agamben passe par le concept de « biopolitique » de Michel Foucault pour proposer une sorte d’anarcho-insurrectionalisme contre la prise de contrôle total de la société sur les individus.
Partant de là, la crise sanitaire ne pouvait être qu’un complot de plus pour ce contrôle. Initialement publié en Italie dans le quotidien Il Manifesto (qui tire à moins de 30 000 exemplaires), en tant qu’éditorial du journal, Giorgio Agamben dit la chose suivante :
« Face aux mesures d’urgence frénétiques, irrationnelles et totalement injustifiées pour une supposée épidémie due au coronavirus, il faut partir des déclarations du CNR (Consiglio Nazionale delle Ricerche), selon lesquelles « il n’y a pas d’épidémie de Sars-CoV2 en Italie » .
Et ce n’est pas tout : « l’infection, d’après les données épidémiologiques disponibles aujourd’hui sur des dizaines de milliers de cas, provoque des symptômes légers/modérés (une sorte de grippe) dans 80 à 90 % des cas. Dans 10 à 15% des cas, une pneumonie peut se développer, mais l’évolution est bénigne dans la majorité absolue. On estime que seulement 4 % des patients doivent être hospitalisés en soins intensifs » .
Si telle est la situation réelle, pourquoi les médias et les autorités s’efforcent-ils de répandre un climat de panique, provoquant un véritable état d’exception, avec de graves limitations des mouvements et une suspension du fonctionnement normal des conditions de vie et de travail dans des régions entières ?
Deux facteurs peuvent contribuer à expliquer un tel comportement disproportionné. Tout d’abord, on constate une fois de plus une tendance croissante à utiliser l’état d’exception comme paradigme normal de gouvernement (…).
L’autre facteur, non moins inquiétant, est l’état de peur qui s’est manifestement répandu ces dernières années dans les consciences des individus et qui se traduit par un réel besoin d’états de panique collective, auquel l’épidémie offre une fois de plus le prétexte idéal. »
Voilà la logique paranoïaque de la petite-bourgeoisie intellectuelle vivant dans sa bulle. Et Giorgio Agamben, considéré comme un grand intellectuel en France, dit cela en Italie, pays le plus marqué par la crise sanitaire. Il assume d’ailleurs tout à fait ses propos et ne se remet même pas en cause.
Dans la même veine, le Olivier Tesquet de Télérama mentionné plus haut dénonce par exemple encore maintenant sur son twitter le fait qu’il y ait un appel de l’armée à proposer des solutions pour aider au confinement.
Il suffirait à ces gens de considérer deux choses : les masses, d’un côté, le taux de mortalité de l’autre. 1 % de plusieurs milliards, on peut pourtant deviner ce que cela donne. Mais il y a le mot « masses » et pour ces gens, c’est une horreur. Quant au reste, c’est l’État qui selon eux veut le contrôle. Rien n’est donc à attendre de ces gens… ni d’ailleurs de tous ceux qui refusent de raisonner en terme de collectivité, de collectivisme.