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À 108 ans, les enseignements du cycliste Robert Marchand sur la crise actuelle

Robert Marchand est figure très connue dans le milieu du cyclisme et chez les amateurs de sport, lui qui enfourche encore sa bicyclette à 108 ans ! Ce qui est moins connu, c’est qu’il est communiste et ce qu’il raconte dans une interview donnée au Parisien à propos de la crise actuelle est forcément très marquant.

Robert Marchand a établi en 2017 le record de l’heure des plus de 105 ans à vélo, en parcourant 22,547 km sur la piste du vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines. La performance est anecdotique si l’on veut, bien qu’admirable. Ce que cela révèle par contre, c’est la formidable vivacité de ce monsieur, forcément marqué par un amour profond de la vie ainsi qu’une abnégation à toute épreuve.

S’il en est là, à 108 ans, c’est qu’il entretient son corps et son esprit comme il se doit. Malgré une vue perturbé, une ouïe disparue et un corps rongé par la vieillesse, il dévore des livres, il est au courant de toute l’actualité et il fait de la gymnastique ou du vélo sur son home trainer presque chaque jour, en plus de marcher dans son appartement.

Ce qu’a à dire Robert Marchand sur la crise que nous traversons avec le Covid-19 est alors forcément très intéressant. C’est un enseignement d’une richesse rare.

Né le 16 novembre 1911, il a connu tout le XXe siècle, le Front populaire, la Libération, et donc bien sûr ses deux guerres atroces, ainsi que l’accélération de la guerre menée contre la nature. D’ailleurs, il ne mange plus de viande (seulement du poisson), refusant le sort réservé aux animaux dans les abattoirs.

Il est forcément frappé par ce qui arrive, notamment en raison des perturbations des service de la Poste, l’empêchant de recevoir son journal… L’Humanité, évidemment. « Cela m’a énervé et manqué », confit-il au Parisien.

Reflet de son époque, il se trompe bien sûr quand il dit que le coronavirus est un ennemi qui « vient de la nature ». Nous savons pourtant qu’il provient, au contraire, d’un rapport erroné à la nature, d’une lutte de l’humanité contre la nature. Pour autant, on ne peut qu’humblement l’écouter expliquer :

« La guerre, et croyez-moi, je sais de quoi je parle puisque j’ai connu deux conflits mondiaux, ce n’est pas ça. La guerre, c’est une volonté des hommes. Ce sont eux qui la causent et personne d’autre. Ils le font souvent pour des questions plus ou moins d’argent et pas pour autre chose. »

On ne peut, à la lecture de ces propos, qu’avoir un profond dégoût pour tout ces gens se plaignant de quelques semaines de confinement, alors qu’ils ont accès à une quantité énorme de richesses, qu’ils ont internet, tout ce qu’ils veulent à manger, des divertissements à profusion, etc. Rien à voir avec la guerre. Et si Robert Marchand dit cela, ce n’est pas par dédain, mais avec un regard profondément humaniste, intéressé au sort de l’humanité, comme le raconte son ami cité par le Parisien :

« Il ne le dit pas mais la chose qui l’attriste le plus, malgré son grand âge, c’est la folie du monde. Robert est meurtri et triste à chaque fois qu’il voit qu’on se bat quelque part sur la planète, qu’il y a des catastrophes, des gens qui souffrent. »

Et malgré cela, ou plutôt en raison de cela, il ne se fait pas vraiment d’illusion. Pour lui qui a vécu tout le XXe siècle, et qui vit pleinement cette entrée fracassante dans le XXIe siècle, le regard est finalement très pessimiste sur la sortie de la crise :

« Elle ne fera pas tout changer. Vous savez, la France reste le troisième fabricant d’armes dans le monde. Elle le sera toujours quand on aura éradiqué ce virus. Les hommes penseront toujours autant à l’argent qu’avant. Ça ne changera jamais. Moi je clame : Liberté, Égalité, Fraternité ! »

C’est en quelque sorte tout un résumé du PCF, avec ses volontés de changement historique et sa réduction à un humanisme beau, mais idéaliste, car sorti des rails des exigences du Socialisme.