D’un côté, Emmanuel Macron presse le déconfinement pour se donner une bonne image. De l’autre, le premier ministre gère la réalité. La situation est intenable.
Le premier ministre Édouard Philippe a un triste rôle : celui de chercher à temporiser. Le président Emmanuel Macron fait des promesses sur un ton lyrique et lui passe derrière pour dire qu’en fait… on ne sait pas, ou en tout cas pas comme ça. Car le problème de fond est simple : tant qu’il n’y a pas de vaccin, cela sera la distanciation sociale. Édouard Philippe répond donc sans répondre.
Un plan complet ? « Ce n’est pas le moment. » Le 11 mai comme retour à la normal ? « Pas tout de suite et probablement pas avant longtemps. » Le port du masque obligatoire dans les transports en commun après le 11 mai ? « Probable. » La réouverture des écoles le 11 mai, sur quel mode ? « On peut imaginer beaucoup de choses. » Le second tour des municipales en juin ? « Peut-être, mais je ne sais pas. »
Là pour le coup c’est explosif et Marine Le Pen se frotte les mains. Elle a en effet expliqué au sujet des élections :
« Je ne suis pas sûr que septembre soit la meilleure date, pour une raison simple, c’est que nous serons dans une situation de grave crise économique et ce sera l’urgence du moment ».
Et de fait elle demande des élections en mars 2021, histoire d’avoir récolté les voix entre-temps !
Car la situation est malheureusement simple, dans l’état actuel des choses. S’il n’y a pas une vraie vague de lutte de classes, alors ce sera soit la stabilité crispée d’Emmanuel Macron, soit le populisme agressif de Marine Le Pen avec une voie royale vers le militarisme, le fascisme. On semble tout à fait mal parti, très mal parti.
Il faudrait une Gauche capable, dans le cadre de la crise sanitaire, de poser des principes stricts, de montrer qu’il y a une capacité étatique de gérer, mais il n’y a rien. La Gauche est hors-jeu. Et ne parlons pas des anarchistes, de l’ultra-gauche… qui ont la même mentalité que les partisans de Donald Trump : le confinement serait un empiétement de l’État sur les droits, etc.
De plus, il faudrait pour que la Gauche avance que les Français aillent dans un sens ou dans un autre. Or, là on a bien d’un côté des capitalistes qui poussent au déconfinement et de l’autre des travailleurs rageant de la situation où ils sont au front : 70 % d’entre eux travaillent !
Mais le souci est que dans l’opinion publique, la tendance qui prime dépasse la lutte de classes et elle est incohérente : les gens ne croient pas du tout en le déconfinement promis, mais ils veulent y croire car ils en ont assez !
Cette double opposition est quelque chose définissant la France en ce moment. C’est cela qui définit les mentalités, les attitudes, les comportements, les raisonnements… Et cela n’apporte rien à la Gauche, qui est obligé d’attendre la prochaine étape.
Seulement tout va aller de plus en plus vite, et la crise va être de plus en plus profonde. Le tissu social français va se déchirer, tout va être d’une immense brutalité et le peuple est totalement déconnecté de la réalité, il ne comprend pas ce qui va lui tomber dessus.
Les responsabilités de la Gauche sont donc immenses. Si elle se rate, elle ne s’en relèvera pas.