Les Français sont pourris par l’individualisme. Leur relativisme est tellement immense qu’ils ne parviennent même plus à prendre quelque chose au sérieux. Le premier ministre dit : pas de football avant décembre, le PSG et Lyon comprennent qu’ils joueront à l’internationale en août et la ligue propose un plan pour recommencer le même mois.
Le président dit : pas d’ouverture de restaurants et de bars avant la mi-juillet. Que font les représentants de ces commerces ? Ils proposent un plan pour juin. Dans l’autre sens cela marche aussi. Le conseil scientifique préconise l’absence de rentrée scolaire avant septembre. Le premier ministre dit alors : rentrée le 11 mai. Histoire qu’on y comprenne plus rien, cette rentrée est différente selon les classes, selon les endroits, etc.
De toutes façons, les Français n’en font qu’à leur tête. On leur dit : pas de retour à la normale avant très longtemps, l’économie va être sinistrée, il faudra une longue période de distanciation sociale. Résultat : pour les Français, le 12 mai tout reprend comme avant.
La désillusion va être totale, le désenchantement complet. Il y a trop d’incohérence dans les mentalités françaises, trop de paresse d’esprit. Quand on voit le MJS (mouvement des jeunes socialistes) Paris dire que l’application de traçage c’est « big brother », mais qu’en même temps les documents à télécharger de ces jeunes socialistes sont sur Google docs, on a un exemple de la bouillie qu’il y a dans la tête de Français consommateurs, râleurs, superficiels, égocentriques.
Quand on pense que la France a donné naissance au protestantisme avec Jean Calvin et que son grand siècle a été le XVIIe des moralistes, on voit comment la machine capitaliste à décerveler a fonctionné à plein régime. Mais vit-on encore dans le capitalisme, ou dans le meilleur des mondes ? Le site Hémisphère gauche nous explique que le traçage c’est mal, car cela ne correspond pas à une confiance collective qu’on devrait avoir :
« Traiter l’épidémie par la surveillance individuelle, c’est finalement rejeter la responsabilité de sa maladie sur le malade, c’est prendre le risque de refaire le lien entre maladie et faute individuelle, déjà présent au Moyen-Age dans le sort que l’on réservait aux lépreux (castration, enfermement), considérant que leur maladie était une punition divine. C’est, au fond, oublier nos interdépendances.
A l’inverse, comme l’explique Yuval Noah Hariri dans le Financial Times, nous avons besoin d’une société de la confiance collective, une société de l’information transparente et de la gestion de crise en commun. Dans cette dynamique de restauration du lien social, nous devons réaliser que nos libertés individuelles sont également collectives et surtout, interdépendantes. »
Voici donc un site se revendiquant ancré à Gauche qui fait d’un futurologue interviewé par le Financial Time une référence pour s’orienter… Et qui s’imagine qu’on peut avoir une « confiance collective » dans une société rongée par l’indifférence, le consumérisme, la vanité.
La société française rentre dans le mur. Les Français sont incapables de faire face collectivement à un défi : et certains voudraient une révolution dans des conditions pareilles ? Pour qu’il y ait une révolution, si on trouve cela juste, il faut puissamment changer les mentalités, les mœurs, c’est une bataille immense à mener. Que la Gauche doit de toutes façons mener si elle veut simplement exister et ne pas se transformer en « gauche » à l’américaine avec ses primaires où gagne toujours un représentant de la grande bourgeoisie, représentant simplement des secteurs concurrentiels au parti d’en face.
Quand on voit la France, on se demande comment tant d’événements populaires de grande ampleur ont pu se dérouler de par le passé. Ne serait-ce d’ailleurs pas impossible et ne peut-on pas y voir un espoir que la vague sociale va apparaître pour de bon ?