Voici une tribune publiée initialement par le JDD et signée par de nombreuses associations de la protection animale, ainsi que des personnalités très diverses depuis la députée macroniste Aurore Bergé jusqu’au nationaliste Nicolas Dupont-Aignan, en passant par le populiste Jean-Luc Mélenchon.
Si la tribune pose de manière très claire et tout à fait juste la question du soutien aux refuges animaliers, celle des méthodes substitutives à l’expérimentation animale et de la fin de la captivité des animaux sauvages dans les cirques, il n’en est pas de même en ce qui concerne l’élevage. On a là un bricolage absolument intenable, consistant à lier le « bien être animal » à de petits élevages, avec des accès extérieurs pour les animaux et des prix élevés pour empêcher les consommateurs d’acheter trop de viande ! Cela relève typiquement d’un point de vue que l’on doit qualifier de « bobo », c’est-à-dire de bourgeois voulant un capitalisme à visage humain, sans trop de vague, et donc ici une exploitation animale « acceptable ». De la viande et du lait, oui disent ces gens, mais il faut faire ça bien. Sauf que cela est impossible, de part la nature même du capitalisme, et seul un changement du modèle économique permettra une réelle amélioration de la condition animale.
Rien que l’introduction de la tribune faisant allégeance aux élucubrations du Président Emmanuel Macron pour sortir de la crise montre ici une absence totale de perspective, avec simplement l’espoir fondé dans l’accompagnement de ce monde en perdition…
On notera également que la tribune évite soigneusement les questions de la chasse, en particulier de la chasse à courre, ainsi que des zoos, en particulier des delphinariums. Ce sont pourtant des questions fondamentales, absolument incontournables en 2020.
Voici la tribune :
« Pour une relance économique intégrant la protection des animaux et de l’environnement
Lors de son adresse aux Français du 13 avril dernier, Emmanuel Macron décrivait un moment de refondation, imposant plus d’ambition et d’audace pour faire face aux crises à venir, en retrouvant « le temps long, la possibilité de planifier, la sobriété carbone ». Nous, organisations de protection de la nature et des animaux, parlementaires, scientifiques et personnalités publiques, souhaitons nous inscrire dans cette démarche de refondation, en apportant des solutions pour une reprise économique allant dans le sens des progrès éthiques, écologiques et sanitaires. Nous faisons le choix de voir cette situation non pas comme une fatalité, mais comme l’occasion pour notre société de devenir meilleure et plus juste.
Concrètement, nous demandons que le plan de relance économique qui sera bientôt élaboré intègre pleinement la demande sociétale en faveur d’une plus grande prise en compte des animaux et de l’environnement, en conditionnant les aides, dans tous les domaines économiques concernés, au respect du bien-être des animaux, à la préservation de la biodiversité et à la limitation des effets négatifs sur l’environnement.
Repenser notre modèle agricole et alimentaire Le Président de la République le disait, un des défis que nous devrons relever concerne l’indépendance agricole. En matière de bien-être animal et de durabilité, la compétition entre pays producteurs, notamment non européens, bloque depuis des années toute réelle avancée. Il est temps de repenser l’organisation de ce secteur en favorisant les produits européens et a fortiori français, notamment via la restauration publique et la mise en place d’une taxe sur les produits non européens moins vertueux, en échange d’un rehaussement significatif des normes d’élevage – interdiction des cages et des mutilations (caudectomie, castration à vif, limage des dents, écornage, etc.) – et d’un plan visant, à terme, la fin de tout élevage sans accès à l’extérieur.
La France doit défendre une réforme de la politique agricole commune en ce sens. Ce rapprochement géographique des producteurs et des consommateurs doit également passer par la réduction des temps de transport des animaux vivants et la fin de ces transports en dehors des frontières de l’Union, souvent vers des pays qui ne respectent pas les normes d’abattage européennes. Afin de valoriser les efforts auxquels consentiraient les éleveurs français et de répondre à la forte demande des citoyens consommateurs pour plus de transparence, un étiquetage obligatoire du mode d’élevage et d’abattage doit être mis en œuvre pour les produits laitiers et carnés, comme cela existe déjà pour les œufs.
Ces mesures permettraient aux éleveurs de mieux vivre de leur travail et de recréer de l’emploi dans des élevages extensifs. Un coût plus élevé pour des produits de meilleure qualité engendrerait une consommation moindre qui serait bénéfique en termes de santé publique. La disparition de l’élevage intensif permettrait de réduire les risques épidémiques et liés à l’antibiorésistance. Rappelons ici qu’en France, l’écrasante majorité des animaux sont élevés en système intensif, à l’exception des filières bovines. Par ailleurs, une réduction de la consommation de produits animaux aurait un effet positif majeur sur l’environnement. L’élevage induit aujourd’hui au moins 14,5% des émissions de gaz à effet de serre mondiales et il est la première cause de déforestation dans le monde.
Faisons de cette crise une occasion de faire mieux, collectivement, pour la protection de l’environnement et des animaux. Dans chaque domaine de l’économie ayant des effets sur ces derniers, le plan de relance peut permettre des avancées. Dans la recherche par exemple, dont la crise sanitaire actuelle nous rappelle l’importance ; la France est en retard sur le développement des technologies innovantes telles que les organoïdes ou les organes sur puce . Pour donner un avantage à la recherche française et afin d’épargner des millions 2 d’animaux, une part importante des fonds alloués à ce secteur doit être expressément fléchée pour la recherche et le développement de méthodes substitutives à l’expérimentation animale.
Dans un autre domaine, les cirques sont particulièrement touchés par la crise actuelle et le resteront probablement pour de nombreux mois. Consultées depuis un an par le ministère de la Transition écologique et solidaire, les ONG ont unanimement demandé, comme 72% des citoyens , la fin de la captivité des animaux sauvages dans ces structures. Ce principe doit être la condition des aides octroyées. Les ONG et structures d’accueil feront tout leur possible pour répondre aux situations d’urgence et assurer la prise en charge des animaux, mais elles doivent avoir la garantie qu’ils leur soient cédés définitivement et qu’ils ne soient pas remplacés ensuite.
Enfin, citons les nombreuses organisations et refuges qui recueillent des animaux domestiques ou sauvages. Ils représentent des milliers d’emplois et évitent à la collectivité des problèmes environnementaux et sanitaires liés notamment à l’errance. Frappés de plein fouet par la crise actuelle, ils doivent bénéficier d’un soutien financier dans le cadre du plan de relance et être soulagés par un certain nombre de mesures, peu coûteuses et ayant déjà fait leurs preuves chez nos voisins européens : mise en place d’un permis de détention, stérilisation obligatoire des chats des particuliers, etc.
Ces quelques exemples n’ont pas vocation à être exhaustifs et nous nous tenons prêts à faire des propositions, dans un esprit de construction et de relance de l’économie, afin que le « monde d’après » soit meilleur que le « monde d’avant », tant pour les citoyens que pour les animaux. »
Liste des signataires :
56 organisations de protection des animaux et de la nature
Alliance Anticorrida
Alliance des Opposants à la Chasse
Animal Cross
Animal Justice et Droit
Animal Testing
Animalise
Animalter
Antidote Europe
ASPAS
Association en faveur de l’abattage des animaux dans la dignité (AFAAD)
Association Justice Animaux Savoie
Association pour le Droit à l’Objection de Conscience en Milieu Universitaire (ADOCMU)
Association TERRE Lawrence Anthony
Association Végétarienne de France
AVES France
C’est Assez !
Campaign Against Canned Hunting
CAP Loup
CIWF France
Code Animal
Collectif Chat 100% Stérilisation Obligatoire
Commission Condition animale EELV
Confédération Nationale Défense de l’Animal
Convention Vie et Nature
Convergence Animaux Politique
CRAC Europe
Droits Des Animaux
Éducation Éthique Animale
Ensemble pour les animaux
Ethics For Animals
Fédération des Luttes pour l’Abolition des Corridas (FLAC)
Fédération européenne CREL
Fondation 30 Millions d’Amis
Fondation Brigitte Bardot
France Nature Environnement
Groupe thématique « Condition animale » de la France Insoumise
Humanisma
L214 Éthique et animaux
La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences (LFDA)
Les Climat’Optimistes
Ligue Française pour la Protection du Cheval
Loup.org
One Voice
Parti animaliste
PAZ
PETA France
Pôle Grands Prédateurs
Pro Anima
Rassemblement pour une France sans Chasse
Réseau Sentience
S’PECE
Société européenne d’éthologie vétérinaire des animaux domestiques (SEEVAD)
Société Nationale pour la Défense des Animaux (SNDA)
Société Protectrice des Animaux (SPA)
Sur les Traces du loup
Welfarm39 Parlementaires
Aurore Bergé, Députée LREM des Yvelines
Manuel Bompard, Eurodéputé LFI Français
Céline Boulay-Espéronnier, Sénatrice LR de Paris
Pierre-Yves Bournazel, Député MODEM de Paris
Anne-France Brunet, Députée LREM de Loire-Atlantique
Samantha Cazebonne, Députée LREM des Français établis hors de France
Fabienne Colboc, Députée LREM d’Indre-et-Loire
Éric Coquerel, Député LFI de Seine-Saint-Denis
Éric Diard, Député LR des Bouches-du-Rhône
Loïc Dombreval, Député LREM des Alpes-Maritimes, docteur vétérinaire, Président du
Groupe d’études Condition animale
Nicolas Dupont-Aignan, Député DLF de l’Essonne
Pascal Durand, Eurodéputé LREM Français
Caroline Fiat, Députée LFI de Meurthe-et-Moselle
Guillaume Gontard, Sénateur CRCE de l’Isère
Dimitri Houbron, Député LREM du Nord
Claudine Kauffmann, Sénatrice DLF du Var
Stéphanie Kerbarh, Députée LREM de Seine-Maritime
Joël Labbé, Sénateur EELV du Morbihan
Bastien Lachaud, Député LFI de Seine-Saint-Denis
Jean-Luc Lagleize, Député MODEM de Haute-Garonne
Jacques Marilossian, Député LREM des Hauts-de-Seine
Jean-Luc Mélenchon, Député LFI des Bouches-du-Rhône, Président du groupe LFI
Jean-Michel Mis, Député LREM de Loire
Claire O’Petit, Députée LREM de l’Eure
Matthieu Orphelin, Député LT du Maine-et-Loire
Anne-Sophie Pelletier, Eurodéputée LFI Française
Valérie Petit, Députée LREM du Nord
Florence Provendier, Députée LREM des Hauts-de-Seine
Loïc Prud’homme, Député LFI de Gironde
Hugues Renson, Député LREM de Paris, Vice-président de l’Assemblée nationale
Laëtitia Romeiro Dias, Députée LREM de l’Essonne
Laurianne Rossi, Députée LREM des Hauts-de-Seine, Questeuse à l’Assemblée nationale
Laurence Rossignol, Sénatrice PS de l’Oise, ancienne ministre
Frédérique Tuffnell, Députée LREM de Charente-Maritime
André Vallini, Sénateur PS de l’Isère, ancien ministre
Cédric Villani, Député LREM de l’Essonne
Corinne Vignon, Députée LREM de Haute-Garonne
Hélène Zannier, Députée LREM de Moselle
Michel Zumkeller, Député UDI du Territoire de Belfort22 Personnalités publiques
Laurent Baheux, Photographe animalier
Christine Berrou, Humoriste
Allain Bougrain Dubourg, Président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO)
Camille Brunel, Ecrivain
Gérard Charollois, Ancien juge
Hugo Clément, Journaliste
Hélène de Fougerolles, Actrice
Jean-Baptiste Del Amo, Auteur
Mylène Demongeot, Actrice
Armand Farrachi, Écrivain
Hélène Gateau, Journaliste
Marc Giraud, Chroniqueur animalier et écrivain
Grégory Guillotin, Comédien, youtubeur
Robert Hossein, Réalisateur, acteur
Arno Klarsfeld, Avocat
Vincent Message, Écrivain
Guillaume Meurice, Chroniqueur
Candice Patou, Actrice
Philippe Radault, Réalisateur
Louis Schweitzer, Président de La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences
Henry-Jean Servat, Écrivain, journaliste
Laurent Testot, Journaliste et essayiste31 Scientifiques et chercheurs
Françoise Armengaud, Philosophe
Laurent Bègue, Professeur de psychologie sociale, Université Grenoble Alpes
Yves Bonnardel, Essayiste, chercheur indépendant
Pierre Brunet, Professeur de Droit public, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Béatrice Canel-Depitre, Maître de conférences, HDR en sciences de gestion
Georges Chapouthier, Directeur de recherche émérite, CNRS
Marie Charpentier, Directrice de recherches, CNRS en biologie évolutive
David Chauvet, Docteur en droit privé et sciences criminelles
Émilie Dardenne, Maîtresse de conférences en Anglais et études animales, Université
Rennes 2
Philippe Devienne, Vétérinaire et docteur en philosophie
Samuel Ducourant, Doctorant en histoire et philosophie des sciences, ENS
Julien Dugnoille, Senior Lecturer in Anthropology, University of Exeter
Romain Espinosa, Chercheur en économie, CNRS, CREM, Université Rennes 1
Cécile Huchard, Enseignante-chercheuse en littérature
Élise Huchard, Chercheuse en éthologie
Pierre Jouventin, Directeur de laboratoire, CNRS, écologie animale
Renan Larue, Chercheur en lettres modernes
Arthur Keller, Ingénieur, systémicien
Frédéric Lenoir, Philosophe et sociologue
Joël Lequesne, Psychologue clinicien
Marine Lercier, Doctorante en droit global et sécurité humaine, Université autonome de
Barcelone
Jean-Pierre Marguénaud, Agrégé de droit privé et sciences criminelles, Directeur de la
Revue semestrielle de droit animalier
Marie-Claude Marsolier-Kergoat, Chercheure CEA/MNHN
André Ménache, Chirurgien vétérinaire et zoologiste
Jean-Marc Neumann, Chargé d’enseignement en droit de l’animal à l’Université de
Strasbourg
Corine Pelluchon, Philosophe
Emmanuel Picavet, Professeur de philosophie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Estiva Reus, Économiste
Jean-Paul Richier, Psychiatre, Fondateur du collectif PROTEC
Pablo Servigne, Ecologue, chercheur indépendant
Cédric Sueur, Maître de conférences à l’université de Strasbourg