La ligne éditoriale du Monde est subtile : d’un côté il y a un positionnement chrétien-démocrate, avec une mise en perspective discrète en faveur de la ligne catholique de gauche. De l’autre, il y a le libéralisme assumé dans les mœurs avec le soutien à toute la décadence des grands bourgeois parisiens.
Le quotidien Le Monde a publié un article plein de tristesse : « L’horizon n’est pas dégagé pour les clubs libertins ou les fêtes échangistes ». On reconnaît cette lyrique décadente propre à la bourgeoisie intellectuelle urbaine :
« La sociabilité sexuelle peut-elle survivre aux lenteurs du déconfinement ? La question mérite d’être posée. Car après les théâtres et les restaurants, après les grands festivals, il faudra encore se préoccuper du sort des discothèques, des saunas gays, des fêtes échangistes, des clubs libertins – ces lieux où l’on se touche, où l’on s’embrasse, et dont le rapprochement physique constitue la raison d’être (…).
Dans ces conditions, pourquoi ne pas retrouver de la fluidité sexuelle… en consommant directement en ligne ? En déportant nos ébats et orgies sur les plates-formes de vidéoconférence ? »
Suit un catalogue de sites « libertins » en ligne et l’appel à « donner de sa personne » à la réouverture de ces clubs pervers absolument typiques de la grande bourgeoisie. Ce qui est fou, c’est que cette dernière phrase aurait semblé normale à la Gauche en général des années 1905 au début des années 1980, alors qu’aujourd’hui, lessivée par le libéralisme, une bonne partie des gens de Gauche considéreraient que cela relève d’un point de vue de Droite !
Pour les libéraux s’imaginant de Gauche, il serait tout à fait normal de coucher avec n’importe qui, de considérer la fidélité comme un préjugé du passé, de voir en l’hétérosexualité une norme aliénante. Le capitalisme a réussi entièrement son entreprise idéologique auprès de tels gens.
Pour aider à remettre les points sur les i, voici une chanson de 1979 du groupe Trust. La chanson dénonce les mœurs décadentes de la discothèque Le Palace, haut lieu parisien ayant connu un apport de gens clairement alternatifs (Public Image Limited y enregistrera un album), mais au service de grands bourgeois décadents. La chanson de Trust dénonce avec vigueur la fascination pour cet environnement sordide.
« Très cher tu vas payer ta placePour montrer ton brushing tes badges et ton costardInstalle-toi bien là dans tes godassesDanse, danse t’es au PalaceRegarde-toi dans la glaceT’es là tu frimes au PalacePour ce qui était du palaisTu étais mieux crois-moi où tu étaisBouche à sexe sexe à boucheOn te paie et toi salope tu te couchesSur le dos là comme il fautFais gaffe dans ce boulot on devient vite paranoUnivers de girls bidonsPour des mâles qu’ont pas un rondT’es qu’un zonard au rencardEt le bouffon des couches-tardBouche à sexe sexe à boucheOn te paie et toi salope tu te couchesSur le dos bien comme il fautFais gaffe dans ce boulot on devient vite syphilloDernière boîte à la modeOù tu jouis à coups de godeFinie la nuit fini ton rêveL’autobus de St Denis te ramène vers MonoprixBouche à sexe sexe à boucheOn t’as payé et toi salope tu t’es couchée
T’étais sur le dos bien comme il fautDans ce genre d’endroit t’excelle tellement t’es disco …Ta place tu l’as payéeDans le Palace tu es entréComme les ringards tu as dansé … »