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Space X et la tendance à la guerre

Alors qu’une grave crise sociale secoue les États-Unis en parallèle à son effondrement économique, les grandes entreprises les plus avancées au plan technologie s’approprient de plus en plus la direction générale de l’État. Cela ne fait qu’aggraver la tendance à la guerre contre la superpuissance chinoise.

Alors qu’une grave crise sociale secoue les États-Unis en parallèle à son effondrement économique, les grandes entreprises les plus avancées au plan technologie s’approprient de plus en plus la direction générale de l’État. Cela ne fait qu’aggraver la tendance à la guerre contre la superpuissance chinoise.

« Nous ne deviendrons nulle part numéro deux », telle a été l’une des expressions de Donald Trump après le lancement de la mission Space X ce samedi 30 mai 2020. Après le lancement de nouveaux satellites starlink, le géant capitaliste Elon Musk, dirigeant de Space X, continue son assaut vers l’espace en partenariat avec la Nasa.

Cette mission consistait à envoyer un vaisseau cargo spatial « Crew Dragon » vers la station spatiale Internationale (ISS). Ce lancement a été largement médiatisé puisque depuis 2011 les États-Unis n’avait plus les moyens d’envoyer des astronautes dans l’espace, cela signifiant son retour grâce à une entreprise privée (Space X).

La citation de Trump fait ainsi directement allusion à la compétition avec la Chine en visant le maintien du leadership international des États-Unis dans tous les domaines.

Depuis les années 1990, la Chine a lancé un programme spatial qui n’a cessé de prendre de l’ampleur. Un pallier a été franchi dans les années 2010, pour devenir à la fin de cette décennie le numéro un des lancements de fusées dans l’espace. Avec un budget estimé à plus de 8 milliards d’euros, la Chine a lancé en 2018, 39 fusées en orbite, contre 31 pour les États-Unis, 20 pour la Russie et 8 pour l’Europe. En janvier 2019, la Chine a par exemple déposé Change-4, un robot d’exploration sur la Lune.

Voilà une illustration de la fuite en avant des États-Unis qui se pensent une puissance redoutable alors qu’elle est en fait toujours plus affaiblie. C’est à la suite d’accidents spatiaux que la navette spatiale américaine a été supprimée en 2011, les États-Unis devenant alors dépendant des fusées russes Soyouz.

Tout cela accompagne en fait une militarisation généralisée de l’espace. Le 14 juillet 2019, Emmanuel Macron annonçait déjà « un grand commandement de l’espace ». Et Donald Trump n’a pas manqué de préciser que la réussite de Space X ouvrait la perspective de la conquête de Mars, ce qui donnerait aux États-Unis les « armes les plus extraordinaires jamais imaginées ».

Cela n’a pas manqué de susciter des réactions, notamment de la Russie parlant de l’« hystérie » de Trump. Car le lancement de SpaceX réussie en ce mois de juin 2020 fait suite en fait à un échec en 2014, ce qui a permis à Elon Musk de répondre directement à la Russie par « le trampoline fonctionne », en allusion à la moquerie des Russes à ce propos.

A l’image des années 1930 ou du début du XXe siècle, on a là tous les ingrédients de la fuite en avant vers la guerre. Ces ingrédients sont évidemment l’accentuation de la crise sociale et économique, avec en arrière-plan des grandes entreprises qui s’imposent de plus en plus massivement aux commandes de l’État lui-même.

La situation sociale aux USA est explosive, exprimant déjà des craquements à la suite du meurtre de George Floyd, et le pays avance de plus en plus dans la décomposition généralisée. Mais, la Chine est également très affaiblie, avec une croissance économique en chute libre.

Ces deux superpuissances s’enferment dans une logique autoritaire étouffante à l’intérieur et maintiennent une perspective de conquête extérieure. La fuite en avant semble inéluctable, avec la question d’un repartage générale du globe par le conflit armé.