On peut penser ce qu’on veut du PCF, qu’il est moderne ou réformiste, social-impérialiste ou progressiste. Il n’est en tout cas pas raciste du tout et l’initiative « indigéniste » contre lui en dit long sur comment toute cette scène postmoderne crache sur le mouvement ouvrier.
L’initiative part de Madjid Messaoudène et il n’y a eu qu’une trentaine de personnes, mais ce n’est pas n’importe qui et le lieu choisi – le siège parisien du PCF à Paris place du Colonel Fabien – est exemplaire.
Madjid Messaoudène est en effet un des acteurs majeurs de la fameuse marche contre « l’islamophobie », qui a été une véritable initiative anti-Gauche. À ses côtés devant le siège du PCF, on trouvait Youcef Brakni du collectif « Justice pour Adama » et Omar Slaouti, un intellectuel majeur de la mouvance des « Indigènes de la République ».
Ces gens ont été biberonnés par la Gauche puis sont passé dans le camp postmoderne, Madjid Messaoudène en étant un cas emblématique. Élu conseiller municipal de Saint-Denis sur la liste Front de Gauche, il est également « délégué à l’Égalité femme/homme, la lutte contre les discriminations, l’égalité des droits, et les services publics » de cette ville.
Cependant, le maire qui l’a nommé, Laurent Russier, du PCF, ne veut cette fois pas de lui. Il était sur la liste électorale de La France Insoumise et le maire PCF veut bien d’une fusion des listes, mais sans lui.
Une indignation bien tardive, alors que Madjid Messaoudène a été un sacré pyromane « indigéniste », notamment marqué par ses messages méprisants et ignobles au moment des meurtres commis à Toulouse, contre des enfants juifs.
Et une réaction tardive qui se paie cher, puisque jouant inlassablement la victime, Madjid Messaoudène a accusé le maire PCF d’être somme toute à la solde du « racisme ». Et il a, dans son initiative ridicule et clairement anti-Gauche avec une tribune à Médiapart, eu l’appui de l’ex-footballeur Vikash Dhorasoo (qui a été candidat de La France Insoumise à Paris aux municipales), évidemment de l’activiste Taha Bouhafs, de la tête de liste La France Insoumise de Saint-Denis Bally Bagayoko, de l’historienne agrégée Mathilde Larrère, etc.
On lit notamment dans la tribune :
« Nous dénonçons ouvertement le racisme qu’a subi Madjid Messaoudene de la part du maire de Saint-Denis et de son équipe. Finalement, il est reproché à cet élu d’avoir initié ou aidé dans des cadres collectifs la lutte contre le racisme et pour l’égalité, c’est en soi du racisme. »
C’est là ridicule, mais c’est surtout un chantage. Les milieux indigénistes ont largement été soutenu par la Gauche électoraliste, avec un deal : vous nous ramenez des voix, on vous donne des places bien au chaud et vous serez rémunéré tout en continuant vos activités. La Gauche électoraliste pensait qu’elle aurait toujours le dessus, car au-dessus des municipalités elle a une dimension gouvernementale. Elle considérait que jamais les milieux postmodernes ne réussirait à les déborder.
Le pari a non seulement été une trahison des valeurs de la Gauche historique, mais aussi une puissante sous-estimation du néo-féodalisme propagé par les religions, ainsi que la dimension dévastatrice du relativisme des milieux postmodernes. C’est cela qui a amené des gens comme Madjid Messaoudène (ou Taha Bouhafs, ou le collectif « La vérité pour Adama ») à disposer d’un écho très important alors qu’ils ne représentent rien.
Si le PCF avait pourtant de la dignité, il aurait dû faire une chose simple : amener deux cent personnes place du Colonel Fabien et violemment éjecter des activistes cherchant à démanteler la Gauche en la dénonçant comme « raciste », en cherchant à la pourrir de l’intérieur. Cependant le PCF n’est plus en mesure d’agir ainsi, car lui-même est passé dans le camps postmoderne culturellement. Là est le drame. C’est, objectivement, une humiliation, mais pas que du PCF, mais bien de toute la Gauche, malmenée par les activistes postmodernes, « décoloniaux », pro-Islam, relativistes, n’ayant aucun rapport ni de près ni de loin avec le mouvement ouvrier.