Ils ont réussi leur pari : les bobos s’emparent de municipalités importantes au moyen d’EELV. Mais leur utopie libérale-libertaire représente en réalité la véritable agonie d’un système à bout de souffle.
Le jour même des élections est apparu un nouveau mouvement politique, « #Nous Demain ». Il a été constitué à partir du groupe parlementaire « Ecologie Démocratie Solidarité », une pseudo-scission de La République en Marche. Théoriquement « ni dans la majorité, ni dans l’opposition », « Ecologie Démocratie Solidarité » est en réalité un calcul machiavélique de la part d’Emmanuel Macron afin de former un bloc pour les prochaines élections présidentielles.
Dans les prochains jours, il sera d’ailleurs poussé en ce sens, « #Nous Demain » se voulant le point de rencontre des « associations, ONG, syndicats, coopératives, entrepreneurs sociaux ou mouvements de jeunesse ». Son discours libéral-libertaire rejoint la « gauche » postmoderne en pratiquement tous les points (cannabis légalisé, racisme systémique, etc.).
C’est qu’Emmanuel Macron a compris que la Gauche historique étant hors-jeu et l’extrême-Droite isolée, la « gauche » postmoderne se fera happer par EELV. Naturellement une telle analyse part du principe que le capitalisme est inébranlable et que la crise sera surmontée. On est là dans une fiction, mais ses acteurs se croient dans la réalité. Les partisans de François Ruffin, cet opportuniste patenté se prétendant écologiste depuis toujours, sont d’ailleurs en panique et soulignent bien qu’EELV serait de « gauche ».
EELV fait en effet la conquête d’Annecy, Poitiers, Besançon, Tours… et surtout de Lyon, Bordeaux et Strasbourg. Lille a été ratée de rien du tout, ce qui est étonnant tellement cette ville est un phare de la démarche bobo. Car on est là dans un phénomène urbain et plus exactement de centre-ville, bourgeois, de cette bourgeoisie cosmopolite et libérale, moderniste et relativiste.
C’est pour cela qu’EELV réussit à acquérir l’hégémonie sur la « gauche » postmoderne, qui se dilue d’ailleurs toujours plus dans ce pseudo-mouvement de la « social-écologie ». EELV est plus intellectuelle, plus éduquée, davantage capable de faire semblant de parler des animaux, bien plus apte à prôner le libéralisme culturel le plus complet, clairement plus efficace dans sa dynamique de modernisation du capitalisme.
Ceux qui disent qu’EELV est de « gauche », ce sont des gens qui ne le sont plus et qui ont besoin d’EELV comme moyen de se prétendre encore de gauche. Le panorama qui se déduit de cela, c’est d’ailleurs une mouvance libérale-libertaire gouvernementale avec une ultra-gauche postmoderne lui servant de levier, et une gauche syndicaliste et sociale ringardisée, figée, débordée. Pour prendre un exemple concret, on aura des relativistes modernistes libéraux ne voulant pas du véganisme et des syndicalistes ne sachant toujours pas ce que c’est !
Tout cela est cependant totalement vain, car la lutte des classes va se frayer son chemin à travers une crise qui s’annonce dévastatrice. Le triomphe d’EELV apparaîtra à l’avenir comme un des tout derniers épisodes des Bisounours que sont les bobos anti-politique et anti-ouvrier des centre-villes. C’est même une insulte aux Bisounours, car les bobos en question vivent de manière aisée et tranquille, dans le cynisme et l’hypocrisie. Ils ne croient pas en leur utopie, ils font simplement très bien semblants, étant avant tout des bourgeois.