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Le nouveau ministre de la mer : l’extension du capitalisme français

Mercredi 22 juillet, Annick Girardin, ministre de la mer depuis le 6 juillet, était en visite dans le bassin d’Arcachon. Une manière d’affirmer le renouveau de ce ministère qui s’annonce être un énième jalon dans l’offensive capitaliste contre les écosystèmes marins et océaniques.

Créée en 1981, le ministère de la mer a été absent des gouvernements depuis 1991. On aurait tort pourtant de penser que la ré-émergence d’un tel ministère soit un bon signe pour l’océan. Le Figaro parlant de ce ministère comme du « joyau stratégique du gouvernement Castex » et Annick Girardin de préciser à France Inter le 17 juillet :

« il faut faire deux choses de manière urgente : le plan de relance, qu’est-ce que la stratégie maritime en retient de ce plan de relance ? Et puis quelles sont les différentes urgences avec l’ensemble des secteurs puisqu’ils sont nombreux »

Ajoutant plus loin : « j’ai à cœur de défendre les pêcheurs ». A ce titre, lors de sa première visite à Arcachon, la ministre de la mer a rencontré les dirigeants des chantiers navals, mais aussi, entre autres, les plongeurs qui dépolluent bénévolement les fonds marins.

A t-elle annoncé plus de moyens pour la dépollution des océans, dont tout le monde sait combien ils sont touchés par celle du plastique ? A t-elle annoncé l’interdiction des chalutiers pélagiques qui engendrent la mort de centaine de baleines sur la côté atlantique, drame qui empire d’année en année ?

Absolument pas. Au contraire, elle a annoncé demander au gouvernement d’offrir le « bonus écologique » aux chantiers navals développant la propulsion électrique. Il faut pouvoir peindre le capitalisme en vert !

C’est que la mise en avant de ce ministre de la mer répond à un agenda précis : celui de la relance du capitalisme français, avec notamment, en partie, la renégociation des zones de pêche dans la mer du Nord depuis le Brexit. Le dirigeant de la Coopérative maritime étaploise, liée au premier port de pêche du pays dans le Nord, ne s’est-il pas réjoui de ce nouveau ministère ?

Il ne fait nul doute que le ministère de la mer ne va être qu’un accélérateur de la conquête des océans par les industriels. Pour preuve encore dans la vidéo de présentation du ministère de la mer sur les réseaux sociaux, on retrouve un discours d’Emmanuel Macron aux Assises de l’économie de la mer du 3 décembre 2019. Le discours était l’expression même de l’offensive pour élargir le capitalisme :

« à chaque fois qu’elle s’est assumée comme puissance maritime, embrassant tout à la fois le grand large de l’océan et la Méditerranée, elle [La France] a su conquérir de nouveaux espaces, être une puissance tout à la fois du savoir et de la géopolitique »

L’économie dite de la mer en France représente 400 000 emplois et 91 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Et il est régulièrement fait remarquer que la France a le deuxième plus grand espace maritime du monde.

On ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser ici à Jean-Luc Mélenchon, lui qui a toujours fait de l’espace maritime français la toile de fond de sa stratégie social-chauvine. Dans son programme « l’avenir en commun » pour les présidentielles 2017, on retrouve une partie intitulée « la mer, nouvelle frontière de l’humanité » où il n’est jamais parler des animaux et des écosystèmes marins, mais toujours de « développement durable », de « ressources », etc.

Il est vrai que les animaux marins, pour lui, cela relève de l’aquaculture, comme dans sa réponse en 2017 au Comité National des Pêches :

Je souhaite inscrire la France dans un vaste programme de développement de l’aquaculture marine. Le projet s’articule en trois points : production de poissons pour développer l’emploi et limiter nos importations en particulier issues de pays émergeants, la culture d’algues pour les compléments alimentaires, la biotechnologie et la substitution des plastiques, la mise en culture extensive des marais littoraux dont la production biologique est une vocation afin d’assurer le maintien de leur bon état écologique.

Alors on le voit bien : la qualité de « deuxième plus grand espace maritime mondial » ne sert en rien une dynamique basée sur la défense écologique mais bien plutôt une nouvelle stratégie d’extension du capitalisme.

Et comment pourrait-il en être autrement, avec un gouvernement Jean Castex qui s’annonce prêt au combat. Dans l’actuel crise du capitalisme, un tel combat mené par la bourgeoisie est logiquement tourné contre les travailleurs et contre la nature.

Karl Marx ne disait-il pas il y a déjà un demi siècle que « le capital épuise les deux seules sources de toute richesse : la Terre et le travailleur » ? Tant que la classe ouvrière, portée par une Gauche fidèle à ses bases historiques, ne montera pas à l’assaut du ciel pour changer la vie de fond en comble, il en sera toujours ainsi.

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