La vague populiste autour de Jacqueline Sauvage a été terrible ; le Droit a véritablement vacillé, dans son principe même, devant une fantasmagorie.
François Hollande, qui avait gracié Jacqueline Sauvage à un moment, a révélé dans une interview à France Bleu quel était le fond de l’affaire, pour ceux ne l’ayant pas compris. Il dit ainsi que :
« C’était une décision difficile parce que deux cours d’assises l’avaient condamnée à 10 ans de réclusion. Je n’étais pas favorable, en principe, à la grâce car ce n’est pas au président de rendre la justice.
Donc j’étais devant le dilemme suivant : soit de confirmer les décisions de justice soit de tenir compte d’une situation certes personnelle mais qui était aussi symbolique des violences faites aux femmes. »
L’ancien président de la république explique ainsi qu’il a accordé la grâce en cédant à une campagne faisant de Jacqueline Sauvage un « symbole ». Il a été populiste et a suivi une vague elle-même populiste. On n’est pas dans le réel, mais dans l’imaginaire symbolique.
Jacqueline Sauvage, en effet, n’a pas tué en se défendant, mais a commis un meurtre avec préméditation. Elle, qui était capable d’aller menacer une maîtresse de son mari avec un fusil de chasse, n’avait jamais dénoncé les prétendues violences de son mari. Il n’y a aucun témoin de ces 47 années de violences conjugales.
Il n’y a pas non plus de preuves des attouchements et viols censés avoir été commis par le père sur ses filles. Il y a bien sûr des situations qui sont terribles, délicates, compliquées, mais les procès ont justement cherché à démêler le fil. Et ils ont constaté que toutes les accusations ne sont apparues qu’avec le premier procès, pour justifier Jacqueline Sauvage.
Cela semblait une construction a posteriori et on parle là d’une étude dans un cadre juridique, qui cherche à cerner les faits. Et à moins de considérer de manière absurde les procès comme des lieux où l’on cherche à tout prix à condamner les femmes qui se défendent, il faut voir la chose en face : l’affaire Jacqueline Sauvage est une construction.
Une construction qui dessert la cause des femmes utilisant avec légitimité la violence pour se défendre, car elle démantèle le principe même du droit.
Des féministes en quête de reconnaissance et les médias ont en effet accepter le discours de Jacqueline Sauvage. Le Droit a été emporté par cette campagne d’intoxication. L’avocat Régis de Castelnau, historiquement de Gauche, parle avec justesse de ce :
« mécanisme particulier qui voit des culpabilités reconnues et sanctionnées par la justice faire l’objet d’une contestation exclusivement dans le champ médiatique où une opinion publique chauffée à blanc prend le parti du condamné sur la base d’un récit et d’une vérité aux antipodes de ceux élaborés par une procédure régulière et contradictoire. »
Dans un article publié justement après le décès de Jacqueline Sauvage, Disparition de Jacqueline Sauvage : prospérité du mensonge, il rappelle que :
« Absolument TOUTE LA PRESSE nous la décrit comme une victime pendant des dizaines d’années d’un mari violent et l’ayant tué pour cela. Jusqu’à en faire « un symbole des violences conjugales ». Pas un scribouillard pour sauver l’honneur
Cette présentation est FAUSSE. LA VÉRITÉ est que Jacqueline Sauvage n’a pas été victime des violences d’un mari qu’elle a de sang froid abattu de trois balles dans le dos. Une instruction judiciaire très complète, et deux décisions de cour d’assises l’ont irréfutablement établi. »
Voici la liste des articles qu’il a fait ce sujet et qui sont incontournables pour qui s’intéresse à cette affaire :
Chapitre 1 : AFFAIRE SAUVAGE : LE CULTE DES COUPABLES INNOCENTS.
01/02/2016 https://www.vududroit.com/2016/02/affaire-sauvage-le-culte-des-coupables-innocents/
Chapitre 2 : AFFAIRE SAUVAGE: LE MÉPRIS DE LA JUSTICE
12/08/2016 https://www.vududroit.com/2016/08/1414/
Chapitre 3 : GRÂCE SAUVAGE : HOLLANDE A UN DON
28/12/2016 https://www.vududroit.com/2016/12/grace-sauvage-hollande-a-un-don/
chapitre 4 : JACQUELINE SAUVAGE: PAYSAGE APRÈS LA BATAILLE
02/01/2017 https://www.vududroit.com/2017/01/jacqueline-sauvage-paysage-apres-la-bataille/
chapitre 5 : NE PAS CONFONDRE JUSTICE ET FÉMINISME.
30/01/2017 https://www.vududroit.com/2016/01/ne-pas-confondre-justice-et-feminisme/
chapitre 6 : TÉLÉFILM SAUVAGE SUR TF1 : AUTOPSIE D’UNE IMPOSTURE
29/09/2018 https://www.vududroit.com/2018/09/telefilm-sauvage-tf1-autopsie-dune-imposture/
Il est fort dommage que Régis de Castelnau, somme toute, ait tendance à considérer que face à tout cela, comme dans l’affaire Traoré, la Gauche ferait bien d’être la vraie Droite. Il est assez exemplaire de gens de Gauche ne croyant plus en l’issue victorieuse de la lutte des classes, mais reconnaissant la lutte des classes, et cherchant ainsi en réponse un État fort, faisant du libéralisme le seul ennemi.
C’est là ne pas saisir que le Droit vacille parce que le capitalisme est tellement corrompu que sa société se ratatine. C’est la fin d’une époque. Il n’est plus possible de « régénérer » le Droit dans un tel cadre, il faut le faire porter par la peuple lui-même. C’est la sortie par en haut et l’élévation du Droit au niveau de la société elle-même.