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Ouverture du procès incomplet des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher

C’est un procès historique, qui en même temps a été vidé de son sens au préalable.

Le mercredi 2 septembre 2020 s’ouvre le procès des attentats contre Charlie hebdo et contre un magasin cacher ; il sera filmé pour les archives accessibles au public dans 50 ans. Il faut bien saisir le sens même de la question ; l’objectif des terroristes était de contribuer à la formation d’une guerre de religion en France. Ce plan a totalement échoué, il a été mis en pièce par un immense mouvement de masse comme jamais vu en France, et ce à travers absolument tout le pays.

Il y aurait pu y avoir tant un soutien des musulmans aux attentats qu’une contre-réaction catholique (et juive), avec une extrême-Droite grimpant comme jamais dans les sondages. Il n’y a rien eu de tout cela et la France a montré, exactement comme en février 1934 avec la tentative de coup d’État fasciste, qu’elle ne se laissait pas embarquer aussi facilement que cela dans des projets destructeurs.

Il est ainsi fort dommage que, à la veille du procès, Charlie Hebdo republie les caricatures de Mahomet qui avaient été la raison des attentats. Charlie Hebdo passe ici totalement à côté de l’esprit « Je suis Charlie » qui a suivi les attentats. L’hebdomadaire satirique fait exactement ce que les manifestants avaient alors réfuté : le fait d’avoir une obsession, de ressasser, de perdre le fil de la culture et de la démocratie.

En ce sens, les propos de veille du procès du directeur de Charlie Hebdo, Riss, sont bien étranges, décalés, sans aucun sens :

« Nous ne nous coucherons jamais. Nous ne renoncerons jamais »

Se coucher devant qui, renoncer à quoi ? Surtout qu’il n’y a pas eu de caricature de Mahomet depuis 2015. Il aurait été bien plus intelligent d’en profiter pour mettre en avant quelque chose de populaire, de solidaire, de constructif, plutôt que de s’imaginer en guerre avec un islamisme qui, avec l’échec de l’État islamique, a stratégiquement perdu.

C’est une question de culture et de développement de la civilisation. On se souvient par exemple de la loi sur l’interdiction du voile à l’école : c’était d’une stupidité complète, car c’était un micro-problème qui devait se régler de manière intelligente au cas par cas. Une simple affaire montée en épingle, qui plus est par des professeurs d’ultra-gauche (de Lutte Ouvrière en l’occurrence), a contribué à l’ouverture de la boîte de Pandore de l’islamisme.

L’affaire des caricatures de Mahomet est tout aussi incohérente. Dans l’Islam (sunnite), on n’a pas le droit ni de représenter des êtres vivants, ni d’écouter de la musique non religieuse monophonique. N’est-ce pas suffisant pour démonter cette religion ? Ce n’est pas des caricatures qu’il faut, mais des cours de dessin et des cours de musique dans tout le pays, tant pour la dimension pratique que pour la dimension historique. À ce moment-là la religion tombera d’elle-même et la civilisation aura avancé.

N’y a-t-il d’ailleurs pas d’autres défis comme le réchauffement climatique, la crise sanitaire, la situation des animaux, la crise économique, sans parler d’un insupportable capitalisme ? L’islamisme n’est-il pas le produit d’ailleurs de cette société ?

Voilà pourquoi il faut dire que le procès des attentats de Charlie Hebdo et du magasin cacher est incomplet, qu’il manque un coupable : la société elle-même.

On se souvient de 1995, lors de la vague meurtrière d’attentats islamistes : Khaled Kelkal avait pareillement été liquidé. Tout cela pour ne pas avoir de procès où l’on se retrouve face à des Français qui ont déraillé et qui sont partis dans le nihilisme, ce qui aurait abouti au procès d’une société elle-même basculant dans le nihilisme et produisant des romantiques se transformant en monstres.

L’État français a fait pareil en 2015. Lorsque les frères Kouachi qui avaient attaqué Charlie Hebdo se sont barricadés dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële en Seine-et-Marne, ils n’ont pas été « abattus dans l’après-midi après un assaut du GIGN » comme le prétend France TV infos. En réalité, ils sont à un moment sortis de l’imprimerie en tirant pour mourir « en martyr » et ils ont été alors tués par les coups de feu du GIGN, sans tentative aucune de les maîtriser.

Les monstres ne sont alors plus que des fantômes et la société qui les a engendrés se voit lavée de tout crime. Ne manque alors plus qu’un procès qui individualisera les parcours en niant la dimension avant tout sociale de tous ces événements.