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Qui sauvera l’Arménie de l’expansionnisme turc?

La guerre fait rage entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, avec à l’arrière-plan l’expansionnisme turc.

La guerre fait rage entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, avec à l’arrière-plan l’expansionnisme turc.

Qui aidera l’Arménie face à l’expansionnisme turc ? La situation est dramatique. L’Arménie se retrouve entourée de deux terribles ennemis, la Turquie et l’Azerbaïdjan, avec qui elle n’a aucune relation diplomatique. D’ailleurs, 834 kilomètres des 1000 formant ses frontières sont fermés ! Et elle n’a que trois millions d’habitants, alors qu’il y a 10 millions d’habitants en Azerbaïdjan et 82 millions en Turquie.

Ce n’est pas moins que l’existence même de l’Arménie qui est ainsi en jeu, alors que la guerre arméno-azérie fait rage au Haut-Karabagh. L’Azerbaïdjan revendique la mort de 2300 « séparatistes » arméniens, la destruction de 130 chars, 200 pièces d’artillerie, 25 batteries antiaériennes et de missiles sol-air S-300. L’Arménie revendique la destruction de 137 chars et blindés, de 72 drones et 7 hélicoptères et d’un avion militaire, ainsi 790 soldats azerbaïdjanais tués, et 1 900, blessés.

Qui aidera l’Arménie face à l’expansionnisme turc ? Certainement pas les dirigeants bureaucratiques et corrompus de l’Arménie, ni les grands bourgeois arméniens vivant à l’étranger, qui trahissent le peuple au profit de fantasmes grand-arméniens. Car seule la démocratie peut se confronter efficacement à l’expansionnisme et au militarisme… et l’expansionnisme et le militarisme turcs sont d’une virulence absolument terrible.

La Turquie a compris qu’elle ne serait pas en mesure de bousculer la Grèce en Méditerranée comme elle l’espérait, alors qu’en plus la France est intervenue et qu’elle est une grande puissance militaire maritime. Alors elle s’appuie sur l’Azerbaïdjan pour renforcer sa perspective panturque, voire pantouranienne, puisque l’objectif c’est « l’unité » de tous les peuples « turcs » jusqu’à la Chine.

L’objectif c’est – outre de provoquer la Grèce et la France indirectement – de chasser la population arménienne du Haut-Karabakh et même de démolir l’État arménien lui-même, afin d’étendre le territoire azérie. C’est l’existence même qui est en jeu. Elle le sait, elle se militarise depuis trois décennies afin d’être en mesure de préserver son existence, mais le régime étant corrompu, bureaucratique, il n’y a pas de mobilisation démocratique et de quête d’appuis internationaux sur une base démocratique. L’Arménie se retrouve seul, étant tombé dans le piège du nationalisme.

La question du Haut-Karabagh avait justement été subtilement réglé par l’URSS. Lénine et Staline voulaient neutraliser les nationalismes dans une partie du monde où ce travers était particulièrement prégnant. Ils ont ainsi rattaché le Haut-Karabagh, à majorité arménienne mais liée depuis quelques centaines d’années à l’Azerbaïdjan, notamment par l’intermédiaire de populations nomades, à la république soviétique d’Azerbaïdjan. Cependant, le Haut-Karabagh a obtenu une grande autonomie culturelle.

Cela a « forcé » l’Azerbaïdjan à reconnaître la culture arménienne et l’Arménie à se tourner vers l’Azerbaïdjan où vivait une minorité arménienne. Qui plus est, à l’ouest de l’Arménie et sans frontière avec l’Azerbaïdjan, se trouvait la République soviétique autonome du Nakhitchevan. Cela forçait d’autant plus à des interrelations arméno-azérie, pour deux peuples qui par ailleurs ont un parcours historique déjà fortement lié, comme en témoigne la culture commune des bardes, les ashiks.

Les peuples de l’Azerbaïdjan et de Turquie ne veulent pas la guerre. Mais ils sont entraînés par le nationalisme, le militarisme, l’expansionnisme. Il est pourtant possible d’empêcher cela. Il faut un drapeau de la démocratie qui soit fortement levé, qui assume l’internationalisme des travailleurs, l’amitié entre les peuples. Seul un tel drapeau peut amener le soulèvement face aux forces réactionnaires et on sait bien qu’en Turquie, et même en Azerbaïdjan, les forces en faveur de la démocratie existent, mais ont besoin d’aide. Il en va de la survie même de l’Arménie.

Seule la mobilisation démocratique des peuples du monde, à l’échelle la plus grande et en particulier dans le Caucase, peut sauver l’Arménie !