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Vers la guerre: les peuples d’Arménie et d’Azerbaïdjan victimes de grandes manœuvres

La guerre au Haut-Karabagh a, bien entendu, des raisons d’une bien plus grande ampleur qu’un simple conflit local : derrière, on a les manœuvres militaristes de puissances expansionnistes, conquérantes.

La guerre au Haut-Karabagh a, bien entendu, des raisons d’une bien plus grande ampleur qu’un simple conflit local : derrière, on a les manœuvres militaristes de puissances expansionnistes, conquérantes.

Le premier ministre arménien Nikol Pachinian a accordé une interview au Figaro le 2 octobre 2020 et dès la première question, il révèle le fond de la question alors qu’au Haut Karabagh, la guerre fait rage entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

« Le Figaro : Vous accusez l’Azerbaïdjan d’être soutenu militairement par la Turquie. De quelles preuves disposez-vous ?

Nikol Pachinian : Oui nous avons des preuves. La Russie, la France et l’Iran ont déjà reconnu l’implication de l’armée turque dans l’offensive de grande ampleur contre l’Artsakh [= le Haut Karabagh du point de vue des Arméniens pro-annexion]. »

On aura naturellement compris que dès le départ le premier ministre arménien insiste sur trois puissances épaulant l’Arménie et refusant l’expansionnisme turco-azéri : la Russie qui maintient l’Arménie comme satellite, l’Iran qui est juste sous l’Arménie géographiquement et ne veut pas de présence turque, la France qui est une grande puissance cherchant à satelliser également autant qu’elle le peut.

Or, il y a un souci dans ce panorama. L’Arménie a en effet connu un soulèvement populaire en 2018 et Nikol Pachinian est arrivé au pouvoir comme représentant des forces pro-Union européenne, la ligne officielle étant de décrocher doucement mais sûrement de la Russie.

Les forces pro-russe au pouvoir auparavant étaient farouchement nationalistes et agressives quant à la question du Haut-Karabagh et Nikol Pachinian a modifié la ligne. Il y a alors eu dans la foulée l’établissement d’une ligne directe entre les gouvernements d’Arménie et d’Azerbaïdjan, alors que les incidents à la frontière se sont pratiquement éteints.

Mais Nikol Pachinian a cédé devant les forces agressives en Arménie ; il est allé au Haut-Karabagh en août 2019 et a dit : « le Karabach, c’est l’Arménie, point final ». Le président azéri Ilham Aliyev lui a répondu par : « le Karabach, c’est l’Azerbaïdjan, point d’exclamation ! ».

On a ici une démagogie nationaliste de la part de gens représentant des couches dominantes jouant à la guerre avec leurs propres peuples. Et avec la crise économique, politique, militaire… ouverte par la crise sanitaire du covid-19, tout cela a pris une ampleur explosive à laquelle les protagonistes ne s’attendaient pas forcément.

La situation est déjà mauvaise à la base, mais désormais, la crise précipite tout, les tensions s’aiguisent comme jamais, la fuite dans la guerre devient une règle. Comment faire sinon pour trouver les milliards et les milliards dépensés pour sauver les économies et les couches dominantes ?

Les démagogues nationalistes se retrouvent ainsi pris au piège de leur démarche qu’ils doivent, qu’ils le veulent ou non, suivre jusqu’au bout. Les dirigeants arméniens se retrouvent dans un piège qu’ils ont eux-mêmes participé à tendre. Cela est d’autant plus vrai que… l’Azerbaïdjan est également un satellite russe et que la Turquie fait un forcing généralisé pour s’en faire son propre satellite, au nom de leur proximité historique définie de manière extrapolée par le principe « une nation, deux États ».

La Russie cherche donc à revenir en force auprès de son satellite arménien, alors que la Turquie cherche à s’implanter coûte que coûte dans une Azerbaïdjan satellisée par la Russie… et ce sont les peuples qui en paient le prix. La Russie a d’ailleurs annoncé le premier octobre qu’elle s’efforçait avec la Turquie de trouver une solution. Les peuples devront donc se soumettre aux injonctions et s’ils ne le font pas, ils seront pousser à un processus menant au bain de sang.

C’est le chantage poussé dans des proportions toujours plus insoutenables par la crise. Il faut le drapeau rouge de l’amitié des peuples, sinon la conflagration est inévitable !