La chasse est de plus en plus remise en cause et le magazine Valeurs Actuelles tente de mobiliser en sa faveur sur un mode populiste, afin de galvaniser la Droite.
Valeurs Actuelles, c’est la Droite qui se prétend relever d’un héritage, d’une tradition française, alors qu’en fait ce sont surtout des beaufs aisés, dont le credo est « ne m’emmerdez pas ». Ce sont nos Donald Trump à nous et ils se lâchent de plus en plus ; le polémiste Éric Zemmour relève de cette sphère à la fois inculte, provocatrice et arrogante. D’ailleurs il est cité par « VA » à propos de la chasse dans ce numéro.
Tous ces gens se donnent une image de traditionaliste, mais ils relèvent en fait du beauf dans son SUV qui fonce à toute allure sur les routes et vient se coller à une voiture qui a le malheur de doubler, en pestant et exigeant que celle-ci se rabatte immédiatement pour le laisser passer !
Il n’y a qu’à lire régulièrement Valeurs Actuelles pour s’en rendre compte : c’est très bien fait, très lisse, très propre, mais ce n’est même plus conservateur, tout est tellement pourri par le libéralisme que ce n’est même plus possible. C’est la bourgeoisie décrite par Balzac en encore plus décadente, relativiste, opportuniste… beauf. D’ailleurs, le niveau de Valeurs Actuelles, intellectuellement, culturellement, est terriblement faible. Il n’y a rien du raffinement à la Française, de la littérature française, de la gastronomie française, de la mode française, etc.
Tout n’est que caricature, paraître, et grossièreté… et surtout propriété. Or, il faut savoir mobiliser le peuple pour défendre la propriété et cela ne peut être fait que sur une base beauf. Aussi, pour son numéro du 1er au 7 octobre 2020, le magazine titre « arrêtez d’emmerder les chasseurs » et propose un dossier à ce sujet.
Le titre est bien trouvé, car naturellement « chasseurs » pourrait être remplacé par fumeurs, automobilistes, pollueurs, machos, etc. Dans le prolongement de cette approche, la Jeanne d’Arc en couverture est une égérie Instagram utilisée massivement par les chasseurs ces derniers temps. C’est un excellent exemple de populisme à la Trump et cela en dit long que des « traditionalistes » utilisent ce genre de personnage vide et totalement surfait, typique de la « modernité » capitaliste.
Aussi ne faut-il pas s’étonner que le dossier en question soit vide, sans aucune analyse de fond, avec seulement des diatribes et la tentative de parvenir à vendre du rêve au « petit homme » à qui on donne l’espoir d’un jour, lui aussi, faire comme les beaufs riches. Willy Schraen, président de la Fédération des chasseurs, résume cela ainsi :
« Pour beaucoup de gens, rouges dedans et verts dehors, la chasse à courre, c’est la chasse des rois. Sauf que, depuis le 4 août 1789, le Français lambda a le droit de la pratiquer. »
Plus fort que le rêve américain, le rêve français : toi aussi tu peux devenir riche et pratiquer la chasse à courre à cheval ! Voilà le sens de la République bourgeoise ! Cette rhétorique « 1789 » traverse l’esprit du dossier : avec la Révolution française, la chasse se serait démocratisée, elle ne serait plus l’apanage des aristocrates, désormais tout est possible, pour tout le monde ! Liberté, propriété, chasse en gilet !
C’est une manière de gommer, en ce qui concerne la chasse à courre, qu’elle est en fait très prisée au XIXe siècle par toute une frange de la bourgeoisie française s’imaginant une filiation aristocratique. En 1854, dans le Sport à Paris, une sorte d’annuaire mondain qui a préfiguré l’arrivée du sport moderne en France, on peut par exemple lire toute un éloge de la chasse à courre, très prisée alors des bourgeois parisiens les plus modernes.
Et c’est une manière de faire un contre-feu au désintérêt croissant pour la chasse, voire un mépris. Car les choses apparaissent clairement : la chasse ne relevait pas de la démocratie, du peuple dans ce qu’il est civilisé, mais de mœurs arriérées d’une société arriérée. Or, nous sommes désormais au 21e siècle. La société évolue, le raffinement prend toujours plus de place, l’exigence culturelle populaire se fait chaque jour plus grande et comme le peuple aime les animaux, alors ceux-ci sont forcément intégrés à l’évolution de la société toute entière.
Valeurs Actuelles se place à rebours de cette direction et en ce sens elle tente de renforcer la Droite… À nous de renforcer la Gauche, en assumant de se tourner comme il faut vers les animaux.