Slogan de la Gauche allemande alternative, « détruire ce qui nous détruit » est emblématique d’une exigence de transformation de la vie quotidienne.
« Détruire ce qui nous détruit » est un slogan classique de la Gauche allemande alternative des années 1970 en Allemagne de l’Ouest ; à rebours complet de la logique syndicale, il place les revendications sur le plan de la vie quotidienne. C’est exemplaire de la différence d’ailleurs entre la Gauche française des années 1960-1970 et son équivalent allemand.
Ce slogan est connu par le groupe « Ton Steine Scherben » (Hauteur de voix Pierres Bris de vitres), dont c’est le premier single en 1970. Le groupe, qui pratique une sorte de rock, est devenu emblématique d’une scène allant des Verts alternatifs à la Fraction Armée Rouge en passant par les autonomes et tous les squats berlinois des années 1980, avec comme dénominateur commun la revendication de la transformation de la vie quotidienne. En France, le journal L’Internationale liée à Action Directe reprendra d’ailleurs le slogan en couverture de son numéro de décembre 1983 ; il est souvent employé par le PCF(mlm).
Voici la chanson de Ton Steine Scherben.
En voici les paroles, les dernières lignes étant présentes sur la version de l’album.
« Les radios sont allumés, les disques tournent
Les films sont diffusés, les télévisions allumés
Acheter des voyages, acheter des voituresAcheter des maisons, acheter des meubles
Pourquoi ?Détruisez ce qui vous détruit !
Détruisez ce qui vous détruit !
Les trains roulent, les dollars roulent
Les gens s’épuisent au boulot, les machines tournent
Construire des usines, construire des machines
Construire des moteurs, construire des canonsPour qui ?
Détruisez ce qui vous détruit !
Détruisez ce qui vous détruit !
Les bombardiers volent, les chars roulent,
Les policiers frappent, les soldats tombent
Protéger les chefs, protéger les actionsProtéger le Droit, protéger l’État
De nous !
[A quoi s’ajoute sur l’album la chanson du Front de l’unité de Bertolt Brecht et Hanns Eisler :
Et parce que l’homme est un homme
voilà pourquoi il lui faut de quoi manger, eh oui!
Aucun bavardage ne le rassasie
ça ne ramène pas de bouffe.Donc gauche, deux, trois!
Donc gauche, deux, trois!
Là où est ta place, camarade!
Range-toi dans le Front de l’unité des travailleurs
Car toi aussi es un travailleurEt parce que l’homme est un homme
voilà pourquoi il lui faut aussi vêtements et chaussures.
Aucun bavardage ne le réchauffe
et pas de roulement de tambour, non plusDonc gauche, deux, trois!
Donc gauche, deux, trois!
Là où est ta place, camarade!
Range-toi dans le Front de l’unité des travailleurs
Car toi aussi es un travailleurEt parce que l’homme est un homme
voilà pourquoi les bottes dans la figure ne lui plaisent pas.
Il ne veut voir parmi soi aucun esclave
et au-dessus de lui aucun maître.Donc gauche, deux, trois!
Donc gauche, deux, trois!
Là où est ta place, camarade!
Range-toi dans le Front de l’unité des travailleurs
Car toi aussi es un travailleurEt parce que le prolétaire est un prolétaire
voilà pourquoi aucun autre le libérera,
la libération de la classe ouvrière
ne peut être que l’œuvre des ouvriersDonc gauche, deux, trois!
Donc gauche, deux, trois!
Là où est ta place, camarade!
Range-toi dans le Front de l’unité des travailleurs
Car toi aussi es un travailleur] »