Le nouveau décret sur la classification de vulnérabilité face au Covid-19 place les personnes concernées dans une situation de dépendance par rapport au patronat.
Le mercredi 11 novembre 2020, un nouveau décret a été publié au journal officiel élargissant la classification de vulnérabilité vis à vis du Covid-19, par rapport au précédent décret du 5 mai.
La classification de ces maladies ou pathologies permet aux personnes qui en sont atteintes de bénéficier du chômage partiel pour cause de vulnérabilité.
Les maladies ajoutées à ce décret l’ont été sur la base des données récoltées depuis le début de la pandémie dans différents hôpitaux de différents pays et vise à protéger les personnes les plus à risque de développer des formes graves de la maladie. On peut maintenant trouver parmi les personnes fragiles les personnes atteintes de cirrhose ou de sclérose en plaque, etc.
Cela est un bon point et il est encourageant de voir l’entraide internationale avec la mise en commun d’expériences et la tentative de classifier les vulnérabilités face au Covid-19.
Cependant, si d’apparence le gouvernement français semble vouloir protéger les personnes les plus à risque de développer des formes graves de la maladie, il exige maintenant de remplir un second critère pour que ces personnes puissent bénéficier du chômage partiel et donc d’être protégé.
Voici un extrait de l’article 1 du décret précisant les modalités pour être concerné :
« 2° Ne pouvoir ni recourir totalement au télétravail, ni bénéficier des mesures de protection renforcées suivantes :
a) L’isolement du poste de travail, notamment par la mise à disposition d’un bureau individuel ou, à défaut, son aménagement, pour limiter au maximum le risque d’exposition, en particulier par l’adaptation des horaires ou la mise en place de protections matérielles ;
b) Le respect, sur le lieu de travail et en tout lieu fréquenté par la personne à l’occasion de son activité professionnelle, de gestes barrières renforcés : hygiène des mains renforcée, port systématique d’un masque de type chirurgical lorsque la distanciation physique ne peut être respectée ou en milieu clos, avec changement de ce masque au moins toutes les quatre heures et avant ce délai s’il est mouillé ou humide ;
c) L’absence ou la limitation du partage du poste de travail ;
d) Le nettoyage et la désinfection du poste de travail et des surfaces touchées par la personne au moins en début et en fin de poste, en particulier lorsque ce poste est partagé ;
e) Une adaptation des horaires d’arrivée et de départ et des éventuels autres déplacements professionnels, compte tenu des moyens de transport utilisés par la personne, afin d’y éviter les heures d’affluence ;
f) La mise à disposition par l’employeur de masques de type chirurgical en nombre suffisant pour couvrir les trajets entre le domicile et le lieu de travail lorsque la personne recourt à des moyens de transport collectifs. »
Cela est complété par l’article 2, dont voici un extrait :
« […]Lorsque le salarié est en désaccord avec l’employeur sur l’appréciation portée par celui-ci sur la mise en œuvre des mesures de protection renforcées mentionnées au 2° de l’article 1er du présent décret, il saisit le médecin du travail qui se prononce en recourant, le cas échéant, à l’équipe pluridisciplinaire de santé au travail. Le salarié est placé en position d’activité partielle dans l’attente de l’avis du médecin du travail. »
On voit ici que le gouvernement laisse les salariés vulnérables en proie à la décision de leurs patrons et à des analyses subjectives.
Le risque est que les dirigeants d’entreprises se limitent à l’application minimum des mesures de protection obligatoires pour déclarer assurer la sécurité des salariés vulnérables.
Sachant aussi qu’à compter du 1 janvier 2021, les conditions financières du chômage partiel vont changer, les salariés ne toucheront plus que 60% de leur salaire brut contre 70% aujourd’hui et que celui-ci sera versé a 40% par les employeurs (contre 15% aujourd’hui).
Donc la mise en application du décret sur les personnes vulnérables, combiné à celui sur le financement du chômage partiel, risque de rendre insupportable la pression exercée par les patrons sur des salariés vulnérables.
Les plus démunis risquent d’être paralysés par la confrontation avec la médecine du travail ou avec les dirigeants d’entreprises et de venir malgré tout sur leurs lieux de travail s’exposant ainsi aux risques de contamination.
Plus la crise sanitaire avance, plus la crise économique se renforce. La bourgeoisie française n’assume plus rien et va faire payer tout cela aux salariés, vulnérables ou non.