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Les réactions politiques au décès deValéry Giscard d’Estaing

C’est tout naturellement que la mémoire de l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing a été immédiatement salué dans la nuit du 2 au 3 décembre 2020 par la Droite et les libéraux, suite à l’annonce de son décès. Il est unilatéralement présenté comme une figure ayant porté la « modernité ».

De La République En Marche, le parti d’Emmanuel Macron, évoquant celui qui « a œuvré pour une nation moderne », à Nicolas Sarkozy parlant d’« un homme qui a fait honneur à la France » et qui a « cherché et réussi à moderniser la vie politique », l’éloge est toujours du même ressort.

Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a parlé de celui qui « modernisa notre République », tout comme Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France et figure de la Droite, rappelant « des réformes sociétales d’envergure ». Le président de Les Républicains Christian Jacob y a lui aussi été de son petit mot sur la « conviction et détermination à la modernisation de notre société » de l’ancien président, tout comme à peu près tout le monde à Droite et au « centre ».

Du côté nationaliste, Marine Le Pen a choisi l’option opportuniste, pour saluer et ramener à elle celui qu’elle est censée honnir :

« Condoléances aux proches de Valéry Giscard d’Estaing. Président d’une France en crise, il fut l’artisan de nouvelles libertés publiques et un ardent soutien du progrès technologique. En 2018, il confessa que sa plus grande erreur fut d’instaurer le regroupement familial. MLP »

Remarquons ici pour l’anecdote que l’extrême-droite étudiante activiste se voulant sociale, les Groupes d’Action Jeunesse, qui se confrontaient physiquement au GUD, ont participé au service d’ordre de Valéry Giscard d’Estaing, une pratique courante en ce sens de la part de ceux se voulant « nationaux-révolutionaires ».

C’est en ce sens qu’il faut comprendre les propos très durs d’Eric Ciotti pour rappeler le caractère anti-communiste de Valéry Giscard d’Estaing :

« Valery Giscard d’Estaing a été un immense président L’une des plus belles intelligences de la République un héraut de la liberté et de la lutte contre le communisme Il aura vraiment changé la vie des Français Sa défaite en 1981 a marqué pour la France un tournant vers le déclin. »

Anne Hidalgo, qui espère être candidate aux présidentielles, ne peut pas ne pas le savoir, mais évidemment elle n’en a rien à faire et a sauté sur l’occasion pour renier toute considération de gauche en associant Valéry Giscard d’Estaing au « progrès » :

« Je salue cet Européen convaincu qui a œuvré pour inscrire notre pays sur la voie du progrès. Il portait Paris dans son cœur et lui a toujours voué un intérêt tout particulier. »

Olivier Faure, le dirigeant du Parti socialiste, a pareillement joué la carte du « progrès » :

« Toutes mes condoléances à sa famille et ceux qui l’ont accompagné au cours de sa longue vie politique. Les socialistes n’oublient pas la légalisation de l’IVG, le droit de vote à 18 ans, le divorce par consentement mutuel. »

Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, a quant à lui salué au nom de son parti un concurrent politique, afin de bien souligner le respect des institutions, des figures de la Droite, etc. 

« Le PCF s’incline avec respect et salue la mémoire de V.Giscard d’Estaing. C’était un homme de conviction qui a, jusqu’au bout, y compris avec le Traité constitutionnel défendu une économie et une Europe très libérale. »

De son côté, François Hollande y est allé franchement dans l’hommage à cette figure libérale « qui a modernisé la France» tout en étant incompris. Une allusion bien entendu à lui-même :

« Conscient de sa grande intelligence qu’il mettait au service de son pays, il espérait apparaître comme un président simple et proche des Français. Il n’a pas toujours été compris ».

Comme avec le décès de Jacques Chirac en 2019, on a une grande opération de lessivage idéologique et politique, avec la Droite valorisant l’un des siens, mais personne à Gauche pour assumer une critique sérieuse et profonde de la France capitaliste du XXe siècle, dont Valéry Giscard d’Estaing était une illustration moderniste.