Deux des plus hauts responsables américains, chef d’État-major et celui du Renseignement, ont affirmé le caractère central de l’affrontement avec la Chine.
Même si Donald Trump n’a pas été réélu, ce qu’il a mis en place quant à la question chinoise reste en place, parce que c’est une tendance de fond. La superpuissance américaine veut maintenir son hégémonie, la Chine veut prendre sa place à moyen terme. Les États-Unis n’attendront pas la situation d’équilibre, la Chine n’attendra pas d’être bousculée par les États-Unis. La rivalité pousse à la guerre et entraîne avec elle le reste du monde, de toutes façons également travaillée par une sortie de crise par le militarisme.
Le directeur du Renseignement national américain John Ratcliffe vient de publier une tribune dans le Wall Street Journal où il explique que :
« La République populaire de Chine représente la plus grande menace pour l’Amérique aujourd’hui, et la plus grande menace pour la démocratie et la liberté dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale »
« Pékin entend dominer les États-Unis et le reste de la planète sur les plans économique, militaire et technologique. Beaucoup des initiatives publiques majeures et les entreprises les plus en avant de la Chine n’offrent qu’une couche de camouflage au activités du Parti Communiste Chinois. »
« Pour faire face à ces menaces [d’espionnage chinois et de tentatives d’influence], j’ai dispatché des ressources à l’intérieur du budget annuel de 85 milliards de dollars du Renseignement afin d’augmenter l’orientation sur la Chine. Ce déplacement doit continuer pour assurer que le Renseignement américain a les ressources dont il a besoin pour fournir aux décideurs un aperçu non manipulé des intentions et des activités de la Chine. »
Et dans un timing convergent, le chef d’état-major de l’armée américaine Mark Milley vient de profiter d’un forum sur la Défense à l’institut naval américain pour raconter que :
« Le défi existentiel va être la Chine. »
« Je pense que la Chine est le défi principal à la sécurité nationale américaine pour les prochaines 50-100 années. Je pense qu’un historien en 2119 se retournera vers ce siècle et écrira un livre et que le thème central de ce qu’il racontera sera le rapport entre les États-Unis et la Chine. »
« La Chine améliore son armée très, très rapidement – dans l’espace, dans l’air, dans le cyber, sur la mer et sur la terre. »
« Ils nous dépassent dans la recherche et le développement et la mise en place. »
« Nous, les États-Unis, devons faire en sorte de ne pas perdre les avantages dont nous disposons comparé aux autres pays, en particulier en ce qui concerne la Chine. »
Il a alors expliqué qu’il fallait faire deux choses : augmenter de manière significative le budget de la marine, ce qui est déjà prévu, ainsi que généraliser la modernisation militaire en structurant des petites unités technologiquement avancées :
« On peut localiser, suivre, identifier et si on peut voir, maintenant que l’on a des armements de précision de longue portée, on peut frapper. C’est fondamental et ça a un énorme effet sur l’avenir du combat »
« Des troupes plus petites, réparties largement dans le monde et très difficile à détecter seront la clé de l’avenir militaire »
« Si vous mettez l’intelligence artificielle et si vous réalisez le travail en équipe homme-machine, si vous ajoutez cela à la robotique, placez des munitions précises et la capacités à percevoir et voir, lancez quelques armes hypersoniques et alors vous avez un glissement fondamental. »
Ce général américain est en fait un spécialiste des modalités de la guerre ; il a obtenu son premier diplôme pour une thèse de quasiment deux cent pages sur la théorie et la pratique des guérillas des organisations révolutionnaires. Il a mis en place des tests de condition physique, insiste sur la disponibilité concrète des troupes, a créé des brigades d’assistance aux forces de sécurité, joue un rôle clef dans la structuration de l’United States Army Futures Command qui s’occupe d’une vaste modernisation de l’armée américaine à tous les niveaux dans le cadre du complexe militaro-industriel américain.
La Chambre des représentants vient également de rendre plus difficile les cotations d’entreprises étrangères aux États-Unis ; officiellement c’est pour forcer les entreprises chinoises à être transparentes, mais en réalité c’est pour accélérer le découplage sino-américain. Donald Trump a également fait passer une loi pour qu’à partir de début janvier les Américains ne puissent plus investir dans des entreprises considérées comme soutenant la modernisation de l’armée chinoise. Et la Chine vient de passer premier partenaire de l’Union européenne, dépassant les États-Unis. L’Union européenne était déjà le premier partenaire commercial de la Chine depuis 2004.
Le contexte est très clairement celui d’une marche à la guerre. Même la radio France Culture peut réaliser, comme début novembre 2020, une émission pour présenter les choses ainsi. On va à la catastrophe et les peuples du monde doivent s’unir pour affirmer la paix ! S’opposer à la guerre est un défi terrible qui se pose devant nous comme responsabilité immense !