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L’inacceptable créativité du streetwear de RIPNDIP

Le streetwear de RIPNDIP est créatif, la mise en avant d’un chat blanc est ultra-créative, mais le choix du décadent est inacceptable.

Le streetwear de RIPNDIP est créatif, la mise en avant d’un chat blanc est ultra-créative, mais le choix du décadent est inacceptable.

La marque RIPNDIP est l’exemple même de comment la richesse matérielle permet de réaliser plein de choses, d’exprimer sa créativité, mais comment en même temps il dévie vers le superficiel. C’est une sorte de règle : des gens intelligents et créatifs disposent subitement de moyens, ils font des choses très bien, comme la série Disney The Mandalorian, puis cela tourne à la catastrophe parce qu’il faut obéir par opportunisme au mauvais goût, au culte superficiel de l’apparence remarquable et remarquée.

RIPDNIP est ici un immense gâchis. La marque été mise en place en Floride en 2009, par un skateur évidemment, Ryan O’Connor. Il a fabriqué des t-shirts sérigraphiés dans le garage de sa mère pour aller les vendre lui-même. Le nom choisi correspond à une expression voulant dire faire du skate dans un endroit où il y a la police et des vigiles, puis s’enfuir rapidement avant de se faire attraper. Mais le cœur de la marque, c’est en réalité un chat blanc, dénomme « Lord Nermal » et prétexte à une série de variations de thèmes.

Si l’on omet la vulgarité du chat dans la pose insultante, qui se veut une blague sur les habits puisqu’on ne le voit faire le geste qu’en abaissant une partie de ceux-ci, il y a une véritable créativité oscillant entre le mignon et le délirant, faisant qu’on peut y retrouver son compte, surtout que la marque est chère, mais relativement accessible.

Le côté délirant, et c’est ça qui est marquant, procède régulièrement d’une sorte de récupération / détournement de figures pop, au profit de Lord Nermal. Un nombre incalculables de choses y passe, pour le pire et le meilleur.

Le problème, c’est que la tendance au délirant a tendance à l’emporter pour de plus en plus un grand n’importe quoi, dont à la limite on peut s’écarter, du moins le pense-t-on…

Car, business et décadence oblige, RIPNDIP cumule l’apologie du cannabis et des drogues psychédéliques, les poses sexistes prenant comme prétexte qu’à l’intérieur de Lord Nermal il y aurait un extra-terrestre aux commandes. Il y a même parfois une étiquette disant que si l’habit est vraiment trop sale, il faut le confier à sa mère ou sa petite amie et aller faire du skate! Inacceptable !

On l’aura compris, fini les skateparks, même si c’est la référence à l’arrière-plan, on est passé dans la même approche que la marque Supreme : on produit tout et n’importe quoi, du beau au laid, du vulgaire au chic, du très léché au total à l’arrache, du rideau de douche au sac à dos au réveil-matin, etc.

Bref, c’est raté pour un avoir un chat blanc sur ses habits, car RIPNDIP promeut trop quelque chose de finalement malsain, visant le public aliéné cherchant à un streetwear pour se faire remarquer, dans une optique égocentrique anti-culturelle. C’est exemplaire d’un gâchis à la fois opportuniste, simpliste, sexiste, anti-vegan, alors que le potentiel était énorme de faire de Lord Nermal quelque chose de formidablement sympathique, éclairant plein d’aspects de la vie quotidienne de manière décalée et positive.