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Une partie de l’opinion publique française valide d’aller à la guerre

Une partie de l’opinion publique française valide d’aller à la guerre. Si on ajoute la partie qui n’est pas contre, celle qui n’a conscience de rien, on peut terriblement s’inquiéter.

Une partie des gens en France assume de manière cynique de vivre dans un pays qui est une grande puissance. La guerre leur semble un moindre mal pour conserver leurs privilèges.

« La France dispose avec son système de forces de présence et de souveraineté d’un outil militaire global unique au monde participant à son influence mondiale. Le prépositionnement de ces forces est un atout pour la France dans la mesure où il permet une réaction rapide en cas de menace pour les intérêts de la France. »

La France est une grande puissance, avec des entreprises qui font partie des géants du capitalisme à l’échelle mondiale. Ses forces armées sont importantes et surtout s’appuient sur une technologie extrêmement avancée. C’est un outil pour maintenir la position française dans le monde, aux dépens d’autres pays, notamment avec des bases militaires à travers le monde. Cela est connu de tous dans notre pays et c’est accepté, même sans le dire. D’ailleurs, la citation ci-dessus faisant l’éloge de l’armée française est de Bastien Lachaud, un député La France Insoumise. Il est membre de la commission de la défense nationale et des forces armées et exprimait son inquiétude devant les capacités militaires de la France à intervenir si nécessaire.

C’est un excellent exemple de social-chauvinisme, parce que le nationalisme et le militarisme sont largement partagés dans la population française. Les Français détestent le nationalisme et le militarisme, au quotidien. Mais si jamais les intérêts sont menacés, le nationalisme et le militarisme sont tout de suite acceptés. Il suffit de penser à 1914, où du jour au lendemain tous les opposants à la guerre se sont précipités dans le soutien à la guerre. Naturellement, cela dépend ce qu’on appelle intérêts. Comme l’a expliqué Anatole France dans une lettre écrite au quotidien l’Humanité en 1922, on croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels.

Il y a également ce bon mot de Paul Valéry :

« La guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. » 

Avec la crise et le ralentissement de l’économie, les propos se lâchent comme jamais en faveur de l’interventionnisme français. Il faudrait être offensif pour maintenir son rang. Il faudrait aller donner une leçon aux Turcs. Il faudrait soutenir les Américains dans leur volonté de mettre les Chinois au pas. Il faudrait mettre les Russes hors d’état de nuire. Pour cela, il faut plus de moyens pour l’armée, il faut davantage de reconnaissance pour les soldats. Il faut surtout plus de vulgarité, plus de haine, plus d’agressivité, plus de dénonciations.

Une partie de l’opinion publique française valide d’aller à la guerre. Si on ajoute la partie qui n’est pas contre, celle qui n’a conscience de rien, on peut terriblement s’inquiéter. Il suffit de voir comment la Gauche gouvernementale, au Sénat, a voté avec la Droite au sujet du Karabagh pour voir que l’interventionnisme français est très largement accepté, qu’il a l’hégémonie dans le pays. Il suffirait de quelques tensions et d’un front de plusieurs pays pour rétablir un pseudo ordre pour que l’opinion publique accepte la situation. Et encore ce n’est-il même pas vrai en ce qui concerne la Turquie. Le chauvinisme a été si bien mis en avant ces derniers mois que s’il y a une guerre franco-turque, l’opinion publique soutiendrait l’armée sous prétexte de rejeter le sultan Erdoğan.

La guerre franco-turque est d’ailleurs peut-être la menace la plus directe qui pèse sur la paix en ce qui concerne la France. Il y a une montée en puissance du militarisme et la Turquie est un adversaire de taille comparable mais largement en retard dans le domaine technique. Une victoire française serait utile pour gagner l’opinion publique, pour pousser au militarisme, pour donner un élan. On ne saurait sous-estimer de tels calculs cyniques qui existent forcément chez les militaires.

La menace est réelle, la situation gagne chaque jour en tension. La France va à la guerre… il faut la stopper!