« Warfighter 21-4 » sera un wargame commun aux forces militaires françaises, britanniques et américaines en avril 2021.
Le programme Warfighter – combattant de guerre – est américain à la base ; il vise à combiner les forces au niveau opérationnel. Il s’est élargi à des entraînements stratégiques au niveau dit interalliés.
La France, la Grande-Bretagne et les États-Unis vont ainsi mener en 2021, 2023 et 2025 des manœuvres militaires communes, qui seront en partie virtuelles. En fait, il y aura des forces impliquées, mais surtout un nombre important de forces virtuelles et l’équipe dirigeante va réaliser un wargame mêlant tout cela, pour s’entraîner à agir de manière coordonnée au niveau de la direction.
Il ne s’agit pas de quelques manœuvres où les troupes s’habituent à se connaître. Là, on est au plus haut niveau, celui du commandement.
Cela s’inscrit, du côté du haut commandement français, dans la perspective d’une guerre dite de haute intensité à l’horizon 2030, conceptualisée dans la « vision stratégique » intitulée « Supériorité opérationnelle 2030 », définie par le chef d’état-major de l’Armée de terre Thierry Burkhard.
Le général de brigade Michel Delion, directeur du centre de doctrine et d’enseignement du commandement, a rappelé le fondement de cette ligne lors d’un séminaire sur le web tenu par une entité liée à l’armée américaine, en cette fin d’année 2020 :
« l’émergence d’un conflit symétrique est désormais une hypothèse crédible »
Pour dire les choses plus directement, la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis forment une alliance militaire, puisque ces pays œuvrent en perspective de 2030 à disposer d’une interopérabilité majeure.
L’idée, c’est d’être en mesure de faire une guerre « ensemble » en 2030. Pour cela, il y a les wargames et puis les échanges concrets pour mettre en place des dispositifs communs efficaces.
Il y a ainsi un échange de personnel mis en place, avec le général de brigade américain Todd Wasmund nommé début 2020 général adjoint opérations de la 3e division française, basée à Marseille (avec 25 régiments, 4 états-majors et une école), alors que son équivalent français Hubert Cottereau est aux États-Unis avec le même poste pour une division américaine, en Géorgie.
Cette 3e division française sera au côté d’un autre division française, la première (il n’y en a pas de seconde division!), pour participer aux manœuvres dans le cadre du wargame, avec la 1ère division blindée américaine et de la 3e division britannique. En 2021 les Américains superviseront le tout depuis Fort Hood au Texas ; en 2023 ce seront les Britanniques aux commandes et en 2025 les Français.
Les ennemis, qui ne sont pas nommés, ce sont bien entendu la Russie et la Chine.
Il y a notamment déjà eu un Warfighter américano-lituanien et on voit déjà le scénario se profiler : des heurts dans les pays baltes et la Russie se voit accuser d’interférence et le tour est joué. La Suède vient d’ailleurs d’augmenter son budget militaire de… 40%. Quant à la Pologne, elle a repris sa position fanatiquement anti-russe des années 1920-1930 (dans une reprise du 17e siècle, les Polonais prenant Moscou en 1610 et tentant de placer un Tsar qui leur soit soumis).
En ce qui concerne la Chine, les États-Unis viennent également de formuler un papier stratégique concernant l’US Navy, les Marines et les garde-côtes, où il est dit que face à la Chine désormais il fallait «accepter des risques tactiques calculés et adopter une posture plus affirmée lors des opérations quotidiennes».
On marche à la guerre de manière littéralement ouverte. Et la France s’embarque avec la superpuissance américaine.