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L’État avoue enfin son fichage politique

De vaines protestations reprochent à l’État de vouloir ficher les opinions. Comme s’il ne le faisait pas déjà !

Il existe depuis quelques semaines une sorte de tourmente quant à la possibilité pour la police et la gendarmerie de ficher certaines données des personnes. On parle ici plus précisément des opinions politiques, des convictions philosophiques et religieuses, des appartenances syndicales. La raison donnée est la sûreté de l’État.

Il y a beaucoup de protestations contre un projet gouvernemental en ce sens, mais lundi 4 janvier 2020 le Conseil d’État a validé le tout, après avoir été saisi notamment par le Syndicat de la magistrature, le Syndicat des avocats de France, la CGT, la CGT-FO, la FSU… qui n’ont pas apprécié le concept de « de porter atteinte à l’intégrité du territoire ou des institutions de la République».

En pratique, on a ainsi :

– le Pasp (prévention des atteintes à la sécurité publique) de la police concernant 60 686 personnes ;

– le Gipasp (gestion de l’information et prévention des atteintes à la sécurité publique) des gendarmes concernant 67 000 personnes ;

– l’EASP (enquêtes administratives liées à la sécurité publique) concernant 221 711 personnes.

Après, il faut être sérieux. Il est évident que l’État fiche déjà les opinions politiques, les convictions philosophiques et religieuses, les appartenances syndicales. L’État n’a également certainement pas attendu cette mesure gouvernementale pour siphonner toutes les publications des réseaux sociaux, tous les commentaires, photos et autres. Il a toujours fait cela, de par sa définition même.

Naturellement, il y a une grande hypocrisie à ce sujet. En Allemagne, il n’y a pas une telle hypocrisie : chaque année, chaque région publie son résumé détaillé des activités des « extrémistes », assumant directement de ficher leurs membres. En France il est pareillement fait, sauf que ce n’est pas ouvertement dit, surtout depuis que les « renseignements généraux » sont censés avoir disparu en 2008.

Ne pas le dire aide à maintenir la fiction d’un État qui serait à l’écart, dépassé, etc. L’État français a en effet la ligne de la désescalade. Il surveille, infiltre, laisse faire, cherche à pourrir de l’intérieur… visant à éviter toute répression ouverte. L’État allemand joue quant à lui la démolition, il perquisitionne massivement, comme en août dernier contre le groupe « Construction rouge » avec 22 personnes arrêtées pour… vandalisme, dans le cadre de perquisitions avec 200 policiers armés jusqu’aux dents.

L’État français préfère lui laisser vivoter les « extrémistes », les maintenir isoler et inconnus, visant à leur épuisement. Il est ainsi risible de parler de violences policières en France alors que cette stratégie de la désescalade est complète et traditionnelle ; on l’a vu en 1968 où il n’y a pas eu de morts (du moins officiellement, en réalité il y a quelques « accidents de la route » en plus) ; on la voit de manière flagrante dans toutes les manifestations des vingt dernières années, etc.

Cela tient beaucoup à la force des centristes en France, avec les radicaux et la franc-maçonnerie, les républicains de gauche… bref toute une scène visant à « neutraliser » les conflits sociaux, tout ramener dans une neutralité tranquille, maintenir une ambiance libérale et pacifiée, etc.

Qu’on ne parle pas des gilets jaunes : ceux-ci ont été des petits-bourgeois hystériques se comportant avec une agressivité forcenée et nihiliste et ils ont plusieurs fois provoqué des destructions significatives dans Paris. Dans tout autre pays ils se seraient tous fait démolir par les forces de l’ordre et condamner à plusieurs années de prison ! La « répression » contre les gilets jaunes relève de la fiction petite-bourgeoise qu’eux-mêmes alimentent.

Et il en va de même pour les protestations aberrantes contre une loi qui ne fait que révéler ce qui se fait. L’État surveille tout, c’est sa fonction. Il a des listes et il sait qu’en cas de crise importante, il doit utiliser ces listes pour empêcher tout risque à l’opinion publique. Il est bien connu que le gaullisme avait ses listes d’activistes de la Gauche à emprisonner en urgence dans un stade : si l’on croit qu’une telle liste a disparu, c’est qu’on ne comprend rien à ce qu’est l’État.

Gouverner, c’est prévoir. Les contestataires contestent, les révolutionnaires veulent la révolution et par conséquent gouverner c’est connaître ceux-ci et envisager ce qui peut se passer. C’est une évidence même. Aux gens de Gauche d’être assez intelligents pour ne pas étaler tout et n’importe quoi n’importe comment.

Ce qui pour beaucoup, de par leur ego, est impossible. Quand on s’imagine que maintenant on trouve sur Twitter et Facebook des gens montrant même que, ô miracle, ils ont collé des affiches ou bien écrit quelque chose sur un mur… et qui présentent cela comme un coup d’éclat ! Dire qu’ils s’imaginent que c’est du « militantisme de terrain » comme ici sur cette image (pour « une société plus juste » qui plus est, peut-on faire plus creux).

Sacrée image où ce qui est banal est un événement parce qu’il faut bien satisfaire l’ego et son culte. C’est certain que pour ces gens-là, tout est fictif, car l’État les surveille et eux-même le savent. C’est du théâtre. De vrais contestataires n’iraient surtout pas raconter ce qu’ils font, afin de se préserver au maximum de la surveillance étatique.

Tout cela est surtout la preuve qu’on vit une époque délirante, où il y a de la fiction vraiment partout dans la société. L’État abandonne une partie de celle-ci en assumant qu’il fiche : tant mieux, au moins c’est autant de clarté en plus !