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Le label Francilien « Ville amie des animaux »

C’est malheureusement un excellent exemple de négation de la vie sauvage et de poudre aux yeux en ce qui concerne les animaux partageant la vie en société.

Le label Francilien « Ville amie des animaux »‘ est malheureusement un excellent exemple de négation de la vie sauvage et de poudre aux yeux en ce qui concerne les animaux partageant la vie en société.

La pandémie a montré que l’humanité était malade de ses villes et la question animale est explosive à ce niveau, car elle met à nue toute la problématique. Il y a donc des contre-feux pour tenter de neutraliser la prise de conscience et le label « Ville amie des animaux » mise en place par la région Île-de-France le démontre parfaitement. L’initiative a été pensée au début de l’année 2020 par la présidente de la région, Valérie Pécresse (LR) et les premières nominations sont tombées à la toute fin de la même année, avec des « pattes » pour évaluer le niveau de qualité pour chaque ville. Levallois a obtenu « trois pattes », Chennevières « deux pattes », Nangis « une patte ».

On aura compris que cette mis en avant des pattes joue sur un côté régressif, entièrement tourné vers les animaux de compagnie, sur une mode régressif de repli sur son foyer. On est évidemment dans la négation de la Nature, avec une focalisation unilatérale sur les « animaux de compagnie ». Le label sert concrètement pour les villes à se donner une bonne image à peu de frais, à se prétendre « amie des animaux » en général tout en n’agissant que pour les animaux de compagnie et encore de manière clientéliste.

La communication de la ville de Levallois est exemplaire d’une propagande efficace à peu de frais.

La ville de Levallois est exemplaire de cela jusqu’au bout puisque dans sa liste d’actions lui ayant permise d’obtenir le label avec trois pattes, on a :

La Maison de la Pêche et de la Nature sur l’île de la Jatte, équipement municipal, organise des ateliers nature et bien d’autres nombreuses animations, notamment auprès des plus jeunes.

Obtenir un label « amie des animaux » en passant par la pêche, c’est quelque chose tout de même ! Cela confirme tout à fait le côté utilitariste du label, sa dimension purement communicative, sans base culturelle, morale en rapport avec les animaux.

Pour qui en doute il suffit de se pencher sur le dossier de demande de labellisation. Il n’est parlé que des animaux de compagnie. En réalité, sur les 23 points, il y en a bien un qui parle des animaux sauvages, mais il est bien précisé qu’il ne s’agit que d’engager une réflexion, nullement d’agir :

Engager une réflexion à l’échelle de la commune visant à favoriser la place de la petite faune sauvage en ville (nichoirs à oiseaux, pigeonniers etc)

Engager une réflexion n’a même pas besoin de justification… C’est vraiment pour prétendre avoir fait quelque chose et aller dans le bon sens. Mais il y a pire encore ! Il est demandé d’intégrer les associations dans la protection animale de la ville. Mais jamais il n’est demandé que les villes subventionnent les associations ! Aux associations le travail de fond, à la mairie le prestige ! C’est là quelque chose que toutes les associations connaissent : les communes les appellent pour tel ou tel problème, mais il n’y a aucune contribution financière ou matérielle. Et on peut remplacer les villes par les pompiers, la police, la gendarmerie, etc.

Ce qu’il faudrait, c’est que toutes les associations fournissent des factures à tous ces gens-là, mais ce serait moche et ce n’est pas dans la mentalité, heureusement, des associations. Cela étant c’est le cas de certaines et naturellement des entreprises, notamment avec les fourrières. Il y a ici un business florissant, avec naturellement des ramifications au sein des mairies pour les attributions, bref on l’aura compris ce n’est guère reluisant. Et cela s’étend puisque pour renforcer le clientélisme, il est même demandé pour le label, en ce qui concerne la situation des animaux avec les personnes âgées ou en dépendance, de :

Soutenir les initiatives publiques ou privées, rémunérées ou bénévoles

C’est là clairement soutenir l’expansion du capitalisme vers un nouveau marché, celui des personnes âgées. La mairie fournira bientôt les listes à des entreprises et on aura un marché, du clientélisme, une bonne image pour la mairie. Et d’ailleurs le label demande de systématiser l’emploi d’animaux de compagnie dans « les maisons de retraite, établissements hospitaliers, éducatifs, sanitaires et sociaux ». C’est le business de la « médiation animale », du divertissement jouant sur l’affectif et présenté comme socialement et médicalement utile. C’est le même principe d’étendre le capitalisme en passant par les « services », ici aux dépens des animaux.

Les animaux dits d’assistance connaissent une vie d’esclave, avec une affection brisée et des automatismes intégrés par l’isolement, l’écrasement de toute personnalité. C’est une honte et le plus grave ici est qu’ont participé à ce label des associations de protection animale. Il est vrai qu’il s’agit de poids lourds dont la vision du monde se restreint souvent à l’acte de présence (la SPA, la Fondation Brigitte Bardot…) : du moment qu’ils sont reconnus, qu’ils peuvent gratter quelque chose, cela suffit. Le label est d’ailleurs soutenu par L214, qui soutien l’initiative de Valérie Pécresse.

On notera parmi les autres soutiens un organisme privé comme l’Institut Scientifique et Technique de l’Animal en Ville, l’animalerie Animalis… L’animalerie est également présente par une structure qu’elle a égénré, L’Arche des associations… On a le Comité Oka mon chien ma ville, soutenu par Truffaut, Bayer, Virbac, Pfizer

On a Parole de chien qui organise les chiens « visiteurs » et promeut la médiation animale appelé à s’élargir à d’autres animaux… On a aussi Faune Alfort, qui s’occupe des oiseaux en région parisienne, mais qui est une structure de l’Ecole Vétérinaire de Maisons-Alfort, avec tout ce que cela signifie en termes d’expérimentation animale. L’Ecole vétérinaire soutient également le label.

Ce qui rappelle le problème de fond, qui est le mélange entreprises – institutions – associations, avec les institutions pour légitimer, les entreprises pour proposer leurs « services » et élargir leur marché, et des associations de protection animale piégées dans un tel contexte. Quand on voit un label « ville amie des animaux » on ne se dit pas forcément que c’est l’expansion du capitalisme (aux dépens d’animaux d’ailleurs), le clientélisme, la négation de la Nature par l’affirmation de la ville et le rejet des animaux sauvages. On se dit même que c’est plutôt bien. Là est le piège…