Le grunge a été un mouvement très profond dans la révolte existentielle, avec une indifférence à la fois placide et tourmentée aux exigences du capitalisme.
L’ambiance dépressive due à la pandémie doit amener une revalorisation du grunge, ce style de musique apparue dans les années 1990. Car si on parle de vie en société, de culture, on peut voir que le grunge a prôné une sortie de tout cela, un refus complet de participer. On est à rebours de la culture punk et punk hardcore, où il y a un désengagement du monde mais pour une révolte. Dans le grunge, on est dans un tourment existentiel consistant tout simplement au refus d’en être.
C’est somme toute très actuel voire une anticipation d’une société qui a fait le tour d’elle-même.
Si on devait ou pouvait résumer le grunge, ce serait simplement : ben non, on ne fait pas. On se pose dans un coin et puis non. On refuse de « grandir », d’être conforme à une société qui contamine tout avec sa consommation, qui est donc victorieuse, mais nous au moins on est de côté.
Le grunge n’a toutefois rien à voir avec les zadistes. Ces derniers ne se mettent pas de côté, ils prétendent vivre à part, en autarcie. Le grunge accompagne le monde, il l’accompagne par son style indifférent, des sons abrasifs, une affirmation d’une déchirure.
Le grunge est avant tout quelqu’un qui ne peut pas s’empêcher d’être lui-même et qui affronte avec indifférence le monde, jusqu’à l’autodestruction éventuellement, mais sans artifices comme les punks, les zadistes, etc.
Le grunge est un pessimisme résigné, tourné vers lui-même, mais pas anti-social, non-social, avec un refus de la logique dominante. C’est du décalé assumé, pas esthétisant, c’est un moyen de se préserver, une tentative d’échapper à la pression par une surface à la fois lisse et balafrée.
Il y a beaucoup à apprendre du grunge, une révolte authentique, limitée car sans perspective et niant les masses au profit d’un repli individuel, mais qui est le dernier mouvement de rébellion échappant à l’omniprésence de l’ego tout puissant du capitalisme avancé.
Voici la playlist en lecture automatique :
- Nirvana – Negative creep (1989)
- Mudhoney – Touch Me I’m Sick (1996)
- 7 Year Bitch – 24,900 Miles Per Hour (1996)
- Alice In Chains – Down in a Hole (1992)
- Hole – Violet (1994)
- Soundgarden – Fell On Black Days (1994)
- Nirvana – Peel Session (1991)
- Pearl Jam – Even Flow (1991)
- Babes In Toyland – Bruise Violet (1992)
- Alice In Chains – Would? (1992)
- The Melvins – Honey Bucket (1993)
- L7 – Pretend we’re dead (1992)
- Screaming Trees – Shadow of the Season (1993)
- Mad Season – River Of Deceit (1995)
- Babes In Toyland – He’s My Thing (1990)