Non content de ne rien comprendre à la source de la pandémie, l’humanité continue sa guerre contre les animaux.
L’utilisation de l’image des rats pour faire peur est récurrente depuis bien longtemps ; elle vise à présenter la nature comme envahissante et hostile. Le quotidien Le Parisien en a usé (et abusé) dans son article Affamés par les confinements, les rats ont envahi cette cité parisienne, qui révèle toute l’hypocrisie criminelle du procédé.
Il est parlé de la cité Python-Duvernois dans le vingtième arrondissement de Paris, où vivent 3 000 personnes, et il est dit que les rats sont désormais bien plus visibles. Pourtant, que constate l’article au sujet de la situation de cette cité ?
Maxime Sauvage, premier adjoint (PS) au maire du XXe en charge de la politique de la ville et de l’impact local, social et environnemental, ne prend pas le problème rats «à la légère». Il avance une explication : «Python-Duvernois est l’un des quartiers les plus pollués de Paris, en bordure du périphérique et de l’échangeur de la A3. Et puis il est à côté du square Séverine, où les gens viennent nourrir les canards…»
La cité est aussi connue pour être «un véritable dépotoir». Des ouvriers du bâtiment peu scrupuleux viennent régulièrement y déverser gravats, encombrants, bidets cassés, etc. «C’est moins cher qu’une déchetterie…» grogne l’élu.
On est dans un chaos urbain et on accuse des animaux qui, comme le note Aude Lalis, chercheuse au Museum d’histoire naturelle, spécialiste du rat, interrogée dans l’article, s’auto-régulent niveau portée, comme évidemment c’est le cas dans la nature.
Ce qui n’empêche Agnès Lefranc, responsable du service parisien de santé environnementale à la Ville de Paris, chargée du dossier «rats», d’assumer l’emploi des techniques les plus meurtrières contre les rats, avec une souffrance de grande ampleur qui plus est.
Nous continuons avec les anticoagulants et les pièges mécaniques. Nous essayons aussi des méthodes alternatives, telles que les explosions de terriers et la carboglass, qui dégage du gaz carbonique dans lequel les rats suffoquent. En surface, dans les rues et les parcs, nous avons mis en place de nouvelles poubelles anti-rats.
Quant au volet pédagogie, nous avons une campagne d’affichage dans les parcs et nous développons un partenariat avec les bailleurs de la ville en direction des locataires. Il y a aussi un volet répression. La police municipale dresse des PV aux nourrisseurs de rats . En 2019, elle en a ainsi établi plus de 420.
Des « nourrisseurs de rats » ? Allons donc, cela ne tient pas debout une seule seconde. C’est de la criminalisation de la compassion pour les animaux et l’article du Parisien dénonce par ailleurs ceux qui « nourrissent les pigeons et autres animaux… ».
Déjà on voit mal qui sont les autres animaux. Et en ce qui concerne les pigeons, c’est très bien de les aider puisqu’en temps de fermeture des lieux de restauration (et encore plus pendant le confinement), ils n’ont rien à manger. Et de toutes manières là aussi il y a autorégulation naturelle : dans une ville propre – donc pas comme Paris – il y a bien moins de pigeons. Ce qui est d’ailleurs regrettable, si on aime les oiseaux.
Mais ce qui choque le plus ce sont les ignobles propos d’Agnès Lefranc. Il est marquant qu’ils proviennent de quelqu’un avec un haut niveau scientifique en biologie, chef du service parisien de santé environnementale. Et vas-y qu’on explose les terriers, et vas-y qu’on fait suffoquer des êtres vivants…
De quoi relève un tel vocabulaire ? De la guerre, de la liquidation, du meurtre. Cela montre qu’on a ici affaire à une véritable machinerie : une machinerie de l’absence d’empathie, une machinerie du crime, une machinerie au service du rouleau compresseur contre la nature.
Pour ces gens, tout ce qui ne va pas dans le décor capitaliste doit disparaître. Et qu’importe pour eux si la consommation du capitalisme déséquilibre la nature et est la cause de tous les problèmes… dont la pandémie actuelle. Ce ne sont à leurs yeux que des aléas qui doivent être réglés avec encore plus de béton, de cynisme, de mise à mort.
Il y a pourtant dans le Parisien un passage qui montre que tout n’est pas perdu. Cela se présente sous une forme d’anecdote, dont on voit mal comment cela pourrait être vrai en tant que tel, mais l’idée est là et on voit tout de suite qu’on a affaire ici à l’empathie, au sens du partage, au refus de la négation de la nature.
On comprend tout de suite : là est la dignité, pas dans une humanité qui fait la guerre à la nature. Là est le respect, la réalité, la vérité.
«Un locataire s’était lié avec les rats, s’indigne Danielle, la gardienne. Il les ramenait chez lui, au rez-de-chaussée, pour partager la pizza !» Cet habitant, «fragile psychologiquement», a, depuis Noël, été hospitalisé.
Heureux les simples d’esprits, car le royaume des cieux leur appartient !