L’initiative de la CGT d’une mobilisation marquante a échoué.
Totalement raté. Il n’y a eu que quelques milliers de personnes à se mobiliser à l’appel de la CGT (mais aussi notamment de la FSU et de Solidaire) le 4 février 2021, dans une ambiance terriblement morose. Quelques milliers à Paris, autour d’un millier de-ci de-là (Bordeaux, Lyon, Marseille, Nantes, Rennes, Saint-Etienne, Toulouse…), cela n’est pas la preuve d’une explosion sociale en cours. Le cœur n’y était d’ailleurs vraiment pas.
On peut bien entendu forcer les choses et raconter n’importe quoi, tel Simon Duteil, co-délégué général de Solidaires, pour qui le syndicalisme est l’avant-garde d’un grand bouleversement : « On est dans une dynamique qui peut paraître lente dans une période où tout est compliqué », cependant l’initiative du 4 février 2021 serait « le sommet de l’iceberg en terme de colère sociale ».
Pour le froid social, on l’a. Pour le reste, autant constater avec réalisme, comme Yves Veyrier, secrétaire général de la CGT Force Ouvrière, qu’aucune condition n’est remplie pour une mobilisation. Ou alors on peut, encore mieux, envisager les choses sous un autre angle.
En réalité, le syndicalisme ne correspond pas à la nature de la crise. On est dans une situation d’implosion sociale. La société française est crispée, inquiète, tendue, mais elle n’est pas encore touchée par la grande vague de restructuration du capitalisme qui se profile. Elle sait pourtant que cela va arriver. Elle est en même temps totalement perdue car sa croyance en l’éternité du capitalisme social à la française était absolue.
On a donc une crise de civilisation. Alors, évidemment, le syndicalisme ne suffit pas, car le syndicalisme ne propose rien en termes de valeurs, en termes de culture, en termes de vision du monde. L’ère des masses qui a existé dans les années 1920-1940 et qui revient est très précisément la bataille pour la vision du monde.
Toutes les valeurs s’effondrent, les gens craquent mentalement, délirent psychologiquement, c’est la fuite en avant et il n’y a pas de repères culturels et idéologiques pour rattraper le tout. Emmanuel Macron, qui n’a pas décidé du troisième confinement, l’a très bien compris, d’où sa reculade.
Mais ce n’est pas l’explosion sociale qui est redoutée. Comment pourrait-elle avoir lieu alors que la Gauche est brisée, qu’il n’y a pratiquement aucun cadre politique de Gauche, que l’impact de la Gauche est dérisoire ? Seuls les spontanéistes peuvent croire à une telle fable. Non l’inquiétude des dominants c’est que l’implosion sociale se prolonge tellement qu’il se provoque des déchirures irréparables dans la société française.
Les choses peuvent déraper : voilà la réalité sociale française. Alors, forcément, le syndicalisme, dans tout ça…