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Cinq exemples de l’implosion de la décadence française

Social-darwinisme, militarisme, absence de valeurs morales… le capitalisme entraîne les gens dans sa chute.

Social-darwinisme, militarisme, absence de valeurs morales… le capitalisme entraîne les gens dans sa chute.

La France sombre et à travers de simples petits détails, on le lit très bien. Il suffit de lire les médias, de voir ce qui se passe, et les choses apparaissent clairement.

Patrick Mille est un acteur qui a joué dans de très nombreux films français (un par an depuis 1990). Il a publié une tribune dans le Figaro, appelant à tout rouvrir («Rouvrez tout! Soyez churchillien, Monsieur le Président!»). Il s’y lamente de manière pathétique, appelant à supprimer toute restriction, avec un discours également ouvertement impérialiste :

« Pourquoi, au lieu de penser qu’il faut 5 ans (tiens donc, 5 ans!) pour former un médecin réanimateur n’avez-vous pas fait un appel, en échange de naturalisation immédiate, à tous les réanimateurs disponibles en Syrie Libye Erythrée ou autre cloaque du monde? »

Qu’une personne qui soit censément un artiste s’exprime ainsi en dit long sur la vision du monde des couches intellectuelles françaises. Rien que pour une telle phrase, une telle personne devrait être bannie de partout où prédomine l’esprit démocratique.

Mais l’heure est au repli sur soi, au nationalisme. Le Parisien a ainsi publié un article digne de l’esprit nationaliste d’avant 1914 (Remboursement du Smecta : l’étrange décision qui fragilise un médicament 100% français). Il faudrait abandonner la loi sur les génériques dans les médicaments si cela affaiblit le capitalisme français. C’est comme la tribune de Patrick Mille : la France avant tout, partons à la bataille pour faire payer la crise aux autres, etc.

D’ailleurs, Le Parisien – on parle du Parisien tout de même ici, un journal simpliste-populiste – fait de la véritable économie politique, visant très clairement à éduquer dans le sens du nationalisme.

Désormais, le prix de référence de ce pansement intestinal, utilisé en cas de diarrhées ou de douleurs à l’estomac, est de 4,39 euros pour la boîte de 30 sachets, avec un reste à charge de 0,79 euro pour le patient. Celui du générique, produit en Asie par l’Oncle Sam : 3,60 euros, sans que le patient n’ait à débourser le moindre centime pour s’en procurer. Du dumping économique au détriment d’un champion français, avalisé par notre administration ?

Les autorités n’ont pas souhaité s’exprimer sur ce dossier qui fait désordre, à l’heure où notre souveraineté industrielle en matière de santé se trouve mise à mal par la crise du Covid. C’est qu’en ce moment, les réussites françaises dans le domaine pharmaceutique, ne courent pas les rues. En témoignent les récents déboires de Sanofi, à la peine dans la course aux vaccins (…).

Mais pourquoi donc les autorités publiques prennent-elles le risque de fragiliser un tel poids lourd de l’industrie pharmaceutique française ? 

Tout cela est très clairement politique et d’ailleurs l’article souligne… qu’Arnaud Montebourg avait bloqué le générique lorsqu’il était ministre. C’est un excellent exemple de glissement.

Est tout autant politique, pareillement dans le sens du glissement nationaliste, l’article du Monde intitulé 5G : le Conseil constitutionnel valide la loi « anti-Huawei » visant à préserver les intérêts de la sécurité nationale. Le Monde aborde ici comme si de rien n’était la concurrence entre pays dans l’optique militariste. Le fait que, Huawei mis de côté, les opérateurs français seront dédommagés par l’État pour compenser les bas prix chinois, n’est même pas critiqué.

C’est l’accompagnement de la marche à la guerre. Il ne faut naturellement pas penser que ce glissement soit conscient. C’est simplement le reflet d’une logique propre au capitalisme.

Ce reflet est violemment décadent, à l’instar des propos de Patrick Mille. Et il est jusqu’au-boutiste, exprimant la panique des défenseurs du capitalisme face à la crise. L’analyse politique Mathieu Slama – en fait un propagandiste – tient dans le Figaro des propos hallucinés dans sa tribune Couvre-feu: «Les contrôles policiers ont créé des scènes kafkaïennes» :

« Ce management de la population française, que Michel Foucault avait pressenti il y a plus de quarante ans dans sa réflexion sur la biopolitique, ne tire sa légitimité que d’un Conseil scientifique qui s’arroge un rôle politique qu’il ne devrait pas avoir et qui s’immisce au plus intime de nos vies.

Nos corps sont enfermés, régulés, nos gestes également, notre visage masqué, nos rapports sociaux détruits, le tout sous l’autorité bienveillante des scientifiques et des médecins qui ont pris le pouvoir politique sans que personne, ou presque, ne s’en émeuve (…).

Osons le dire sans fard: nous avons été jusqu’ici d’une obéissance coupable face à des mesures d’une extrême gravité qui n’ont plus rien à voir avec un régime démocratique. Ce degré d’obéissance dit quelque chose de l’état de notre démocratie.

Quand les citoyens eux-mêmes se font auxiliaires de police dans la vraie vie ou les réseaux sociaux, quand ils se révoltent non pas contre les mesures du gouvernement mais contre le manque de discipline des Français, quand les seuls opposants à l’Etat se retrouvent dans les extrêmes (les complotistes et l’extrême droite, pour faire court) et que la gauche est incapable de dire quoi que soit d’important sur la situation actuelle, il faut s’inquiéter. »

Ce qui est marquant, c’est que c’est exactement le même discours que les anarchistes en France, que les manifestations régulières en défense des « libertés ». Cela montre clairement que c’est l’esprit de sédition dans un sens petit-bourgeois, pré-fasciste. Une vaine rébellion, la mise en valeur du style de vie dans un capitalisme avancé, la volonté réactionnaire que tout continue comme avant… on a les gilets jaunes, mais de manière démultipliée.

Concluons sur ce panorama de la décadence avec l’association Sea Shepherd déposant des cadavres de dauphins devant l’Assemblée nationale. L’association L214 a initié cette démarche hallucinante où des gens parlant de défendre les animaux foulent aux pieds leur dignité. C’est que la dimension glauque, morbide, prime sur l’engagement réel. Les animaux sont des objets pour le nihilisme – leur réalité disparaît. Quand on aime les animaux on ne peut pas s’habiller en noir et exhiber des cadavres.

C’est là aussi un reflet de la décadence, de la course au morbide, au négatif.

La France, chaque jour, mûrit pour le fascisme, c’est-à-dire pourrit pour le fascisme. Le capitalisme s’effondrant sur lui-même chaque jour davantage entraîne les gens avec lui, déformant les mentalités et dissolvant les valeurs. Le libéralisme libertaire produit le relativisme, la compétition mondiale renforce le nationalisme et le militarisme, et les gens voulant vivre « normalement » se retrouvent entraînés dans cette double dynamique amenant le fascisme et la guerre.