Cynisme et attentisme: la France a la même stratégie que le Brésil face au Covid-19, la population étant libérale et impatiente.
Le premier ministre Jean Castex a pris jeudi 4 mars 2021 la parole pour annoncer, comme d’habitude désormais, que le gouvernement surveillait la situation. Allons donc ! Ce qui se passe est très simple. La France est de droite et s’assume. Finies les prétentions à se préoccuper des plus faibles, à disposer d’un système de santé développé et à protéger, etc. Désormais, on gère de loin, on est pragmatique, on est cynique.
Contrairement à des pays comme l’Allemagne et l’Autriche qui confinent, qui testent et qui tracent, la France a ainsi choisi l’option brésilienne. Elle aura hésité : la Gauche a de beaux restes en France. Mais ce sont des restes. Donc, on attend que cela se passe en espérant une solution miracle, on laisse passer la maladie de manière mesurée, juste ce qu’il faut pour que cela ne dérape pas, du moins on l’espère.
Il n’y a en France aucune démarche collective, aucun esprit de corps. L’individualisme est la règle dans les comportements. La crise sanitaire aurait pu (et dû) être un détonateur d’une force collectiviste ; au lieu de cela on a son contraire. Le résultat est sans appel. Il y a en France 87 542 décès liés au Covid-19, soit à peu près autant qu’en Russie (87 823) et plus qu’en Allemagne (71 711), de populations plus nombreuses (respectivement 66, 146 et 81 millions).
Si on prend le nombre de morts par rapport à la population, la France se situe dans la perspective brésilienne et américaine, et encore faut-il souligner qu’initialement un certain nombre de décès n’ont pas été attribués au covid-19, en France comme dans bien des pays d’ailleurs.
C’est une sacrée preuve que la Gauche est inexistante en France en terme d’idéologie et de pression. C’est le capitalisme qui décide. Et le capitalisme décide avec ce qu’il peut. On se rappelle de cette histoire : il avait été dit au départ que les masques ne servaient rien, parce que la France n’en avait pas, puis quand il y en a eu cela a été obligatoire. C’est un excellent exemple des faiblesses françaises.
On peut également prendre le rythme des vaccinations. La France est devant les Pays-Bas, mais derrière la Belgique, l’Italie, l’Autriche, l’Allemagne, la Roumanie, l’Espagne, le Portugal, la Slovaquie, la Turquie, le Chili, les Etats-Unis, sans parler bien entendu du Royaume-Uni et d’Israël, qui sont à la pointe en ce domaine.
Or, le capitalisme français prétendait être au poste de numéro 1 dans le domaine de la santé. Cela a toujours été un vecteur essentiel du consensus pro-capitaliste en France. Le système de santé, efficace et universel, a toujours été un levier d’une importance capitale pour l’acceptation du capitalisme « à visage humain ». Il y a là une transformation radicale, dont tout le monde se moque.
Le déclassement français est également patent rien qu’avec les tests. La France n’est pas capable de se mobiliser à travers les institutions et le personnel. Pourtant là aussi son aura s’appuyait beaucoup sur l’efficacité de son administration. Il y a ici une défaite terrible.
La France ne trace d’ailleurs pratiquement personne par manque de personnel et d’initiative des gens eux-mêmes ! On devrait pourtant tester en masse et tracer. On ne fait rien de cela. On fait un confinement partiel, laissant des gens mourir en espérant que cela passe.
Pourtant, le nombre de gens malades qui progresse exige clairement une action dure, claire, nette, sans ambiguïtés. Mais l’État recule devant le refus des gens et devant ses propres faiblesses, alors que le capitalisme se satisfait très bien de cela parce que de toutes façons il vit au jour le jour.
Qu’est-ce qui découle de cela ? Que les gens sont individualistes et que face aux faiblesses intrinsèques du régime, les capitalistes les plus agressifs vont exiger une reprise en main, pour réaffirmer la France comme grande puissance. C’est une révolution culturelle de droite qui est en train de se produire.