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Suspension d’AstraZeneca: un coup terrible contre la croyance en un retour au monde d’avant

La suspension d’un vaccin censé être généralisé fragilise toute l’organisation gouvernementale de sortie de crise.

La suspension d’un vaccin censé être généralisé fragilise toute l’organisation gouvernementale de sortie de crise.

Il se passe exactement ce qu’il ne fallait pas. Il a été choisi le marche ou crève et voilà déjà qu’un des supports espérés de cette politique déraille, renforçant la tension hospitalière et modifiant l’ensemble de la savante équation gouvernementale.

Lundi 15 mars, l’Allemagne et l’Italie ont suspendu l’utilisation du vaccin réalisé par le groupe suédo-britannique AstraZeneca, en raison de possibles effets secondaires. La France a fini par suivre. Le Danemark avait déjà procédé à une suspension, suivi de deux pays qui lui sont historiquement liés, l’Islande et la Norvège. La Bulgarie a fait de même le 12 mars, puis l’Irlande et les Pays-Bas le 14 mars.

Mais ce n’est pas le seul problème avec AstraZeneca, puisque seulement le quart des doses promises à la France le premier trimestre a été livré. Le premier ministre Jean Castex a ainsi parlé « des misères que nous font les labos ». En réalité, le vaccin fabriqué aux États-Unis est massivement retenu par ce pays, alors… qu’il n’y est même pas encore validé.

Mais telle est la logique de concurrence qui prime. Les États-Unis procédaient déjà à des achats de masques sur les tarmacs en Chine, alpaguant les avions avant leur décollage vers l’Union européenne… ce sont tout simplement les même conflits d’intérêts qui se reproduisent et d’ailleurs le Royaume-Uni a également une grande influence dans les choix d’ AstraZeneca.

On vit dans le capitalisme, le capitalisme est partout. C’est aussi simple que ça.

Le problème n’est de toutes façons pas là. Le vrai problème, depuis le début, c’est la situation en réanimation. C’est en région parisienne qu’on trouve un quart des patients hospitalisés en réanimation ou soins intensifs. Et il n’y a pas les moyens d’y faire face en tant que tel : lundi 15 mars, en Île-de-France, le taux d’occupation en réanimation était officiellement de 101,7%.

Et, en même temps, c’est la région parisienne que le gouvernement ne veut pas confiner, par démagogie, peur de la révolte, incapacité à mettre au pas les bourgeois et les lumpens.

Avec le couvre-feu de 18 heures d’ailleurs, certaines zones de Paris deviennent la nuit tombée l’équivalent de Taxi Driver, avec un mélange de voyous, de camés, de dealers, etc. Quant aux bourgeois, ils sont en voiture ou en Uber, allant où ils veulent quand ils veulent en soirée, sans contrôle aucun.

Et, de toutes façons, l’Île-de-France est en grande partie une totale catastrophe niveau densité de population, voire de conditions de vie. C’est un véritable échec civilisationnel : trop de gens, trop de n’importe quoi, aucune capacité de mobilisation collective et des services collectifs débordés.

C’est d’ailleurs en Seine-Saint-Denis que le virus circule le plus activement dans le pays. Ce département laissé à l’abandon, peuplé et surpeuplé de gens d’horizons divers avec un manque complet de cohérence et de cohésion, sans aucune conscience sociale et politique pratiquement, avec une pauvreté réelle et des mafias solidement implantées, ne pouvait que partir à la dérive dans une telle situation.

Donc, il faut tout reprendre à la base. Mais les gens en Île-de-France ne le veulent pas, les Français non plus, le gouvernement certainement pas, alors on force, on force, on force, jusqu’à ce que cela craque, et de toutes façons personne ne pense que cela finira vraiment par craquer.

On est passé dans la croyance au niveau d’un pays entier, d’une croyance passive et sans ferveur d’ailleurs, sans dignité aucune. Et cette croyance s’accompagne de déceptions, de protestations contre le Dieu silencieux ou impuissant qu’est l’État.

Craignons le pire, en attendant le meilleur, de la réaction des gens alors que la crise sanitaire ne disparaît pas !