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Les affiches du PS des années 1970

Les affiches du PS des années 1970 représentent tout un esprit de la Gauche historique.

Au congrès d’Épinay en 1971, le Parti Socialiste parvient à réunir les courants socialistes éclatés depuis les années 1960 dans l’objectif de remporter les élections législatives de 1973. Derrière l’élan électoral-opportuniste, il y a tout un arrière-plan politique et culturel qui permet de saisir le socle commun de la Gauche historique.

Entre 1967 et 1980, ce sont cinq pétroliers qui s’échouent au large des côtes bretonnes. Le Torrey Canyon en 1967, l’Olympic Bravery en janvier 1976, le Boehlen en octobre 1976, l’Amoco Cadiz en mars 1978, le Tanio en 1980… autant de noms de pétroliers qui ont marqué l’histoire de la côte atlantique de part les kilomètres de littoral pollués, ainsi que les centaines de milliers d’oiseaux « mazoutés ». D’autres marées noires auront lieu, comme celle provoquée par le naufrage de l’Erika en 1999.

C’est l’époque d’une prise de conscience dans le mouvement ouvrier que si le capitalisme exploite les travailleurs, il est également en train de détruire la nature, les fondements de la vie elle-même. Le mouvement ouvrier doit alors élever son regard à l’ensemble de la vie sur terre… Une prise de conscience bien reflétée par ces affiches du Parti Socialiste de 1976 et de 1978.

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Évidemment, ces affiches ne tombent pas du ciel, elles sont le produit d’une histoire, d’une idéologie, d’une expérience, celle du mouvement ouvrier. Car avec le congrès d’Épinay de 1971, en s’unissant, les socialistes deviennent le véritable catalyseur légal de la contestation issue de mai 1968.

Le style des affiches, la perspective assumée, tout relève de cet élan historique porté par la lutte d’une classe ouvrière cherchant son émancipation sociale, politique, culturelle.

En fait, avec ce genre d’affiches, on voit bien ce que constitue la Gauche historique. Son socle commun c’est l’idée que la lutte des classes est le moteur de l’histoire, que l’on vit dans un mode de production qui exploite et opprime et qu’il faut changer d’horizon par un nouveau système social et économique, le socialisme.

Bref, c’est l’histoire politique du mouvement ouvrier, qui s’est évidemment divisée en deux lignes, connue en l’opposition schématique entre « réforme » ou « révolution ».

Ici, le Parti Socialiste se place comme l’incarnation même du socialisme réformiste, avec cette idée qu’il faut un rapport de forces par en bas, et notamment autour du travail, un engagement massif dans un parti politique qui porte la conscience de classe, le tout permettant des réformes assez progressives pour faire se transformer le capitalisme en le socialisme.

Au seuil des années 1980, il y a cette insistance pour la vie quotidienne dans tous ses aspects, y compris le droit à une vie naturelle, qui résume bien le slogan dans le sillage de mai 1968, formant un horizon en lui-même : « changer la vie ». La perspective c’est celle du triomphe d’une autre morale, d’un nouveau mode de vie orienté par le collectivisme.

Mais si l’unification en 1971 a permis un recentrage sur les bases historiques de la Gauche, elle a également actée l’influence de la « seconde gauche » en son sein, ce courant qui cherchait à « enrichir » le mouvement ouvrier par des « nouveaux mouvements sociaux », des « nouvelles formes d’émancipation », etc.

Il en fallait peu pour que le souffle issu de la révolte ouvrière de mai 1968 éteint, le Parti socialiste devienne finalement le bastion d’un modernisme fondé sur des valeurs sociales-libérales. Une transmutation qui s’est basée sur la compression de la perspective ouvrière-socialiste par l’autre héritage de mai 1968, celui de la tradition libérale-libertaire assumée par la « seconde gauche ».

Qui se fera elle-même totalement lessivée par le post-modernisme, dont le rapport Terra Nova « Gauche, quelle majorité électorale pour 2012 » est en l’illustration. À l’histoire du recentrage à gauche des années 1970, a succédé une autre période, celle des années 1990-2010, avec un recentrage à droite engendré par le recul historique de la « première gauche », celle du mouvement ouvrier. Une seconde période qui apparaît de plus en plus comme une anomalie historique dans le contexte de l’actuelle profonde crise de civilisation…