Mélangeant les thèses du PCF des années 1960, 1970 et 1980, le Pôle de Renaissance Communiste en France considère que le capitalisme est passé sous la coupe d’un méga-empire.
C’est une thèse à la fois osée et tout à fait classique que met en avant le Pôle de Renaissance Communiste en France à travers un article d’une de ses principales figures historiques, l’idéologue Georges Gastaud. C’est au sujet des mesures de relance faites aux États-Unis.
L’idée est la suivante : ces mesures serviront principalement les grandes entreprises.
« Pour relancer l’économie américaine, Joe Biden vient de faire voter au Congrès un plan de “soutien à l’économie” de 1200 milliards de dollars.
Une partie de cet argent public ira aux particuliers, et tant mieux pour les travailleurs américains en graves difficultés auxquels cette manne provisoire apportera une bouffée d’oxygène. Mais, vous l’avez deviné, la plus grande partie de cet argent ira aux grandes entreprises, c’est-à-dire au profit capitaliste puisque ce subventionnement public massif du capital privé sera distribué sans contrepartie (…).
Gare au retour de bâton sur les salaires, les emplois publics, les pensions, les indemnités chômage, le logement social, les remboursements sécu, etc.! (…)
Derrière le Père-Noël, le Père-Fouettard: il s’agit d’un nouvel avatar, à l’occasion de l’épidémie mondiale, de ce capitalisme monopoliste d’État travesti en “néolibéralisme” qui repose sur un mécanisme unique État bourgeois/monopoles capitalistes, en voie de redéploiement à l’échelle continentale (l’Empire européen centré sur Berlin) et transcontinentale (ce que le MEDEF appelle l’Union transatlantique) et qui consiste, avec des faux-semblants quasiment socialistes, à doper le profit capitaliste privé en l’abondant en permanence avec l’argent du contribuable.
C’est pourquoi les euro-réformistes keynésiens qui croient “contrebalancer” l’ultra-capitalisme “néolibéral” en réclamant plus d’État (bourgeois) et “plus d’Europe”, ont tout faux.
Il faut de plus en plus, à notre époque, combattre l’UE et sa transformation en méga-Empire continental RENFORÇANT la mainmise capitaliste sur les travailleurs et sur tout le peuple, et combattre TOUTES les variantes du capitalisme qui, selon des dosages différents mais en frappant toujours les mêmes, et que ce soit par l’austérité à tous crins ou par le subventionnement massif des mastodontes privés, appauvrit toujours À L’ARRIVÉE les travailleurs salariés et les couches moyennes pour toujours IN FINE, enrichir le grand capital dont les grands actionnaires américains et français ont énormément profité de la crise… »
Pour résumer : le capitalisme, sous toutes ses formes aujourd’hui, renforce inéluctablement les plus grandes entreprises, et cela au-delà même des frontières nationales. C’est le triomphe d’un capital financier qui, quoi qu’il arrive, fait des profits car il a pris le contrôle des États. C’est la thèse du Capitalisme Monopoliste d’État, élaboré en URSS par Eugen Varga dans les années 1950 et particulièrement développé en France par le PCF dans les années 1960-1970 à travers son économiste Paul Boccara.
Il n’est pas difficile de voir que cette thèse est fausse alors qu’on voit l’ensemble des États se concurrence de manière très profonde, même la France et l’Allemagne. Chaque État tend à jouer le chacun pour soi et à établir des alliances : il est tout à fait évident qu’on va à la guerre pour le repartage du monde.
Le PRCF nie cela : pour lui il y a un capitalisme transnational tentaculaire, un super-impérialisme. Il faut bien d’ailleurs noter que, de manière ouverte, la thèse du capitalisme monopoliste d’État considère comme périmé la thèse de Lénine sur l’impérialisme. Mais même si on n’est pas d’accord avec Lénine et qu’on considère qu’avec le capitalisme la guerre est possible et non pas inéluctable, ce qu’il faut voir c’est que pour le PRCF la guerre est impossible.
Les grands monopoles qui dominent le monde de manière transnationale ne vont en effet pas se faire la guerre… Ou bien s’ils la font c’est telle une conspiration afin de manipuler les gens, ce qui est d’ailleurs une sous-thèse du PRCF.
Tout ce discours du PRCF n’étonnera pas, car il représente l’aile gauche du PCF et de la CGT, avec sa focalisation sur les services publics formant sa base. Cependant, là où c’est grave, c’est que cela désarme totalement face à la compétition mondiale pour le repartage du monde. La conception d’un capitalisme « transational » justifiant un socialisme « patriotique » est non seulement fausse à la base, mais elle est un obstacle à la dénonciation du militarisme se généralisant dans chaque pays.