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Écologie

55 000 cochons meurent dans l’incendie de l’élevage allemand d’Alt Tellin

Un drame à l’échelle de la catastrophe en cours.

C’est un drame à l’échelle de la catastrophe en cours à notre époque.

Le capitalisme modernisé a systématisé l’emploi d’animaux, dont les conditions de vie ont toujours été rendus plus horribles afin d’élargir la consommation. L’existence de McDonald’s et des kebabs, ces paradis du consommateur pressé, dépend de ces lieux infernaux où les cadences assassines et les emplois aliénés sont la règle.

L’incendie de l’élevage d’Alt Tellin, un village de 400 habitants tout au nord-est de l’Allemagne, apparaît ainsi comme une « anecdote » sanglante dans un océan de sang et de misère. Il y avait 7 000 cochonnes et 50 000 porcelets lorsque l’incendie s’est déclaré ; seulement 1300 animaux ont pu être sauvés. Mais sauvés de quoi ?

Les éleveurs assument ouvertement de mettre en place l’enfer sur Terre, de déclarer la guerre aux besoins naturels, à la sensibilité, à l’empathie. Les cochonnes subissent un cauchemar éveillé, c’est l’Horreur.

Une véritable résistance à la construction de cet élevage gigantesque – 250 000 porcelets chaque année – s’était développé en 2009-2010. Manifestations, conférences, sabotages par l’ALF, campagnes régionales… La bataille avait continué même après les débuts de l’usine-élevage, avec des tentatives de blocage juridiques, des campagnes de protestation.

Et l’usine-élevage cumulait, forcément, nombre de problèmes techniques, étant même obligé de changer la terre en raison d’une fuite d’acide sulfurique. De la construction en 2010 à 2015, il y a eu 207 inspections montrant pas moins de 213 manquements. L’usine-élevage est alors passé dans les mains d’un monopole, la Landwirtschaftliche Ferkelzucht Deutschland, car dans le capitalisme il faut toujours aller de l’avant.

L’incendie est ainsi le point culminant d’une crise traversant la réalité à tous les niveaux, de par le caractère infâme et intenable d’une telle usine-élevage, de par la tentative du capitalisme de toujours abaisser les coûts et de toujours vendre davantage. Quitte à aller en conflit avec la vie elle-même. Des êtres vivants brûlés vifs par milliers, dans la panique, la souffrance, c’est l’enfer de Dante. Le responsable départemental Achim Froitzheim a expliqué en parlant des pompiers que :

« Les gens ont des images dans la tête, c’est indescriptible. »

L’usine-élevage est détruite pour de bon. Les animaux ayant échappé au feu, eux, vont par contre rejoindre d’autres usines-élevages. Car le capitalisme continue et il continuera inlassablement à produire des usines-élevages toujours plus vastes, pour une consommation absurde pour des consommateurs façonnés par le capitalisme.

Mais cet dramatique événement donne aussi, tristement, raison à la résistance, qui ne manquera pas de prendre l’initiative. 200 personnes ont immédiatement manifesté aux abords de l’incendie pour protester d’ailleurs. L’honneur de l’humanité n’est pas sauvée, mais la bataille est en cours !