Des propos à la cohérence relative reflétant un carriérisme qui lui n’est pas relatif, de la part d’une chef cuisinière.
Claire Vallée est chef cuisinière du restaurant ONA (pour « Origine non animale ») à Arès, en Gironde ; elle a reçu en 2021 la première étoile Michelin accordée en France à un restaurant végan. Sachant que la question du véganisme est absolument démocratique, il est intéressant de voir ce qu’il faut penser de cette « réussite ».
En effet, y a-t-il encore un espace pour les avancées démocratiques dans le capitalisme? Ou bien tout est-il irrémédiablement décadent, c’est-à-dire non pas simplement récupéré, mais déformé, uniquement présent sous une forme corrompue?
Claire Vallée a accordé une interview au Figaro le 16 avril 2021, voici quelques citations qui permettront de cerner la question au moins en ce qui la concerne.
« Je ne suis pas contre la viande mais contre l’exploitation animale. Sans convertir tout le monde au véganisme, je pense qu’on peut offrir des alternatives intelligentes avec des saveurs et des ingrédients venant de producteurs locaux. »
« Aujourd’hui je ne suis pas une ayatollah du véganisme. Je l’ai été, mais maintenant il peut m’arriver de consommer du poisson dans un cadre professionnel, par exemple lorsque je mange chez un confrère étoilé. Mon combat est contre les lobbyistes et pour les petits producteurs. »
« Je vous l’ai déjà dit, je ne suis pas sectaire. J’ai des chasseurs, des bouchers qui viennent dîner chez moi et ressortent parfois en pleurant, car ils ont eu énormément d’émotions, avec des goûts qu’ils n’avaient connus auparavant. »
Chacune de ces phrases vaudrait une dissertation de philosophie. Contentons-nous de constater que cette personne se voudrait un caractère, mais qu’elle n’est qu’un type. D’aucuns diraient une caricature, mais ce serait passer à côté de l’essence de la question, qui est celle de la personnalisation, du carriérisme, de l’opportunisme, du libéralisme.