La société française est pétrifiée dans le capitalisme.
Les Français ont fait le choix de la régression. Il ne peut se passer énormément de choses, en raison de la crise, heureusement, mais même s’il se passait quelque chose de bien, cela serait au maximum « pas trop mal » tellement le niveau est lamentable. On ne renverse pas une situation sans un haut degré de culture. Et si les jeunes sont débrouillards, ils sont déconnectés des exigences propres à la transformation de la société.
Mentionnons qu’on paie ici, aussi, le prix de la stupidité du populisme de La France Insoumise. Avec un appel au spontanéisme sans base idéologique, Jean-Luc Mélenchon a prétendu faire progresser la cause de la contestation, mais il n’a fait en réalité que finir le lessivage de la Gauche. Quant à Benoît Hamon, qui proposait une Gauche utopique avec Génération-s, il a quitté le navire pour passer dans le camp des bobos d’Europe Écologie-Les Verts.
Résultat, il ne reste rien ou pas grand chose, et en tout cas pas grand monde. Et Jean-Luc Mélenchon feint de se scandaliser de l’appel de généraux à la retraite à une intervention de l’armée pour rétablir la « civilisation », alors qu’en réalité il est simplement dégoûté de ne pas avoir été choisi par eux. En même temps qu’attendait-il, nous sommes en France ! Il n’aura donc été qu’un idiot utile du lessivage idéologique et culturel d’une France déjà largement apolitique, alors que la prise du pouvoir par une Droite dure s’affirme chaque jour davantage.
Cependant, il y a pire. Il y a toujours pire, c’est vrai. Toutefois on touche le fond du fond, ou on a la fin du fin, avec les pseudos contestataires d’ultra-gauche s’imaginant que le grand soir est pour demain ou bien que proposer des paquets de pâtes gratuits relève d’une activité subversive. On ne peut même plus parler ici de négation de l’intelligence ou de la conscience sociale, on est dans la guerre à l’intelligence, dans la guerre à la culture, dans la guerre au peuple. Toute est fait pour laisser les gens dans la stupidité du capitalisme au quotidien et ces gens en rajoutent en parant de vertus « révolutionnaires » ce que fait l’armée du Salut en bien mieux !
Non, il est à peu près clair qu’il n’y a rien sauver d’une société française qui va dans le mur, et dont le caractère odieux ressort chaque jour à quiconque a un semblant de conscience de gauche. Ce qui se passe dans le pays est fade et ignoble à la fois, dans une dialectique du dégoût et de l’horreur.
Et la conclusion est toute vue : c’est à partir des décombres qu’il va falloir reconstruire la Gauche, à travers l’effondrement d’un capitalisme à bout de souffle, un nationalisme français agressif et mégalomane, une tendance à la guerre généralisée dans le monde. Au moins une chose est sûre : la Gauche (historique) ne peut pas manquer d’ambition.
En attendant, donc, cela risque d’être encore relativement l’isolement et la marginalité sur le plan des idées, en attendant que le peuple comprenne qu’il doit s’extirper, douloureusement et avec discipline, d’une vie quotidienne de consommation, d’aliénation, d’exploitation, de superficialité et de nervosité permanente. Le capitalisme démolit psychiquement et il faut partir de là pour avancer : tout un défi !
Et dans ce panorama, il faut maintenir sa conscience quand on en a une, face à toute corruption. Car l’enjeu est immense, les responsabilités incontournables, et l’objectif aussi moralement nécessaire que resplendissant.